L'Hiver ou Le Déluge, oeuvre de Nicolas Poussin, est une toile appartenant à un ensemble de peintures représentant les quatre saisons, peint à Rome entre 1660 et 1664. C'est une huile sur toile de 118 x 160cm, qui est conservée à Paris, au musée du Louvre.
Les Quatre Saisons sont une commande d'Armand Jean de Vignerot, duc de Richelieu. Leur arrivée fin 1664 à Paris est un événement. Un an plus tard, le duc perd le tableau en jouant au jeu de paume avec le jeune roi Louis XIV. Des collections royales, Les Quatre Saisons passeront aux collections nationales lors de la fondation du Louvre en 1793.
Lorsqu'il accepte la commande, Poussin est âgé et malade, sa main tremble, mais il mettra un point d'honneur à achever ces quatre toiles, illustrations du paysage classique, qui pour la majorité des historiens de l'art sont considérées comme « le testament artistique et spirituel » de Poussin (...)
[...] Poussin s'occupe à rendre sensible sa composition. Le paysage est à la source de l'émotion et de la méditation plus encore que l'histoire illustrée par le tableau. Poussin est proche d'une vision panthéiste comme si il cherchait à se fondre dans un ordre plus vaste : celui de la nature. Il reprend à son compte cette idée virgilienne liée à l'analogie entre l'histoire individuelle et l'histoire du monde. Ainsi, le paysage est-il élevé au rang d'une peinture d'histoire. Si les Quatre Saisons, paysages testamentaires, racontent bien à la fois l'histoire de la nature et l'histoire de la Rédemption de l'homme, elle semble aussi résumer l'?uvre et la vie du peintre. [...]
[...] Poussin est un adepte des théories des modes musicaux et architecturaux. Le sujet devait être sous la dominante d'un mode et dans une série il fallait faire alterner temps forts et temps faibles. Dans les Quatre Saisons, Le Printemps et L'Automne comportent peu de personnages tandis que L'Eté et L'Hiver en montrent beaucoup. De même, deux scènes graves encadrent deux scènes riantes. La façon d'organiser une série en modulant les éléments du décor, les personnages, les thèmes et les symboles fait songer à la musique, cette forme en quatre mouvement caractéristique du classicisme musical, annonce la sonate qui fera apparition après Poussin. [...]
[...] Ce style n'est sans doute pas voulu: l'âge et la maladie nerveuse de Poussin s'accentuaient, et de sa main tremblante, il ne pouvait plus étaler de grandes touches. L'artiste avait beaucoup lu. Il était imprégné de culture classique et se documentait sur les thèmes qu'il abordait; ainsi chaque saison est illustrée par une histoire. L'Hiver n'est pas comme le voudrai la logique du genre: un paysage de neige. Il montre un grand cataclysme. Villes, montagnes, campagnes et hommes sont submergés par une pluie torrentielle. [...]
[...] ] Ils arrivèrent jusqu'à la vallée d'Eschcol, où ils coupèrent une branche de vigne avec une grappe de raisin, qu'ils portèrent à deux au moyen d'une perche (Les Nombres) Dans L'Hiver, on peut voir une montagne noyée de brume et de pluie; le soleil très bas perce à peine, le ciel est zébré par un éclair ce qui nous rappelle des précédents poussiniens : Le paysage orageux avec Pyrame et Thisbé (1651, Francfort, Städelsches Kunstinstitut l'Orage (1651, musée des Beaux-arts de Rouen). Des bâtiments sont inondés, un bateau sans mat et deux rochers encadrent la scène. Deux plans d'eau, entre les deux, une cataracte. [...]
[...] Nous avons des exemples de peintures de paysages comme Paysage avec Polyphème (Saint-Petersbourg, Hermitage,1648) où la nymphe Galatée, fille du dieu marin Nérée, est aimée du géant Polyphème, fils du dieu Neptune, mais elle lui préfère le jeune et bel Acis; Paysage avec Diane et Orion (New-York, Metropolitan Museum of Art, 1658) où Orion aveugle cherche le soleil; et Paysage avec Orphée et Eurydice (Paris, musée du Louvre, 1650- 1653) où cette dernière est, le jour de ses noces avec Orphée, mordue par un serpent. Les arbres sont placés de façon à créer des rapports de masse harmonieux. Les nuages atténuent le vide du ciel et répondent à la plénitude des formes terrestres. Les rochers bordent le cadre comme des coulisses de théâtre. Le paysage est chaque fois découpé par des plans successifs s'étageant dans la profondeur. Tous ces écrans repoussent les personnages sur le devant de la scène dans le tiers inférieur du tableau. [...]
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