Sur l'ancienne cour des comptes qui se situait à l'emplacement de la gare d'Orsay, devait être construit un musée des Arts Décoratifs. L'état commande alors en 1880 une porte monumentale à Rodin qui devait être inspirée de La Divine Comédie de Dante. Et même si le projet du musée est abandonné trois ans après, Rodin travaille encore sur la porte, qui devient pour lui une sorte de réservoir créatif. Elle est composée de deux grands panneaux, surmontés d'un linteau (sur lequel se détache Le Penseur, et Les Ombres), entourés de pilastres. C'est par ailleurs sur elle que de nombreux groupes et sculptures verront le jour et finiront par s'affranchir pour devenir de véritables œuvres à part entière. Seulement Rodin décide de mener jusqu'au bout la construction de la porte, envers et contre tout. Le sculpteur s'empare alors de nombreuses œuvres passées pour créer un ouvrage nouveau et éclectique. Pour cela il s'inspire aussi bien d'architecture, de peinture et de littérature, d'œuvres passées ou contemporaines.
[...] Rodin travaille sur trois niveaux de l'Enfer, l'entrée Groupe Les Trois Ombres, sommet de la Porte de L'Enfer, Rodin le second cercle et le dernier. Les Trois Ombres évoquent dans La Divine Comédie les trois âmes damnées présentes à l'entrée des Enfers et qui désignent une inscription : Vous qui Entrez, abandonnez toute espérance ; expliquant le geste des ombres, celui de montrer du doigt les maudits. Entre l'entrée et le deuxième cercle, Rodin (selon certaines hypothèses) sculpte Dante, méditant sous la forme du Penseur, le sort des damnés en dessous de lui. [...]
[...] Dans le dernier cercle, dans lequel Dante exprime le péché le plus grave, la trahison, Rodin Le Baiser, Porte de l'Enfer, Rodin place le comte Ugolin, que Dante rencontre lors de son voyage. Le sculpteur représente le comte juste avant que celui-ci ne cède à la folie et dévore ses enfants. Ce groupe sculpté en ronde-bosse est placé sur la porte gauche, de ce fait la position du Baiser et d'Ugolin ne correspond pas à la hiérarchie que Dante avait donnée de L'enfer, puisqu'ils se retrouvent au bas de la porte, censé accueillir les péchés les plus grave. [...]
[...] Le sculpteur suit le même cheminement que le poète, qui divise son recueil en six parties. La première partie intitulée Spleen et Idéal sert de scène d'exposition, c'est un constat du monde comme Rodin fait un constat de son Enfer, c'est-à-dire des corps plutôt que des âmes et les passions humaines représentées. Dans la seconde partie, Tableaux Parisiens, l'auteur se noie dans la foule enivrante et anonyme de Paris, et Rodin sculpte près de deux cents personnages dont une dizaine à peine est identifiable. [...]
[...] Le Jugement dernier le frappa tout essentiellement. Cette fresque ayant pour thème biblique le jugement dernier inspira le sculpteur quant à la conception de l'Enfer. En effet, la mort et surtout la peur qui habitent chacun des personnages se retrouvent aussi bien chez Michel-Ange que chez Rodin. L'amas de corps chez les deux artistes crée un sentiment de Le Jugement dernier, Michel-Ange, chapelle Sixtine, 1536-41 Confusion et de chaos mettant ainsi le spectateur mal à l'aise ; d'autant plus que celui-ci se situe en bas de la porte dont Le Penseur, à limage de Jésus dans la fresque, surplombe et intimide du fait de sa hauteur. [...]
[...] Tout comme le recherchait l'art gothique, Rodin tente d'obtenir plus de lumière. Il joue avec le matériau et ses personnages en créant des pleins et des vides, du relief, qui fait entrer ou bloquer la lumière. D'autant plus que la porte était conçue pour être à l'extérieur, le jeu de clair- obscur devait renforcer l'impression de force de la porte déjà impressionnante de par son thème, l'Enfer de Porte de l'Enfer, Ugolin et ses enfants Dante, de sa taille et des ses figures cauchemardesques. [...]
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