Cette œuvre de Jean Dubuffet intitulée Pierre Matisse obscur se situe dans la période de l'après-guerre. Le nom de Jean Dubuffet est indissociable de celui de l'art brut, car il en est l'inventeur. Entre 1947 et 1949 il séjourne trois fois au Sahara, ce qui l'inspira beaucoup, cette quête d'un ailleurs est significative du désir de l'artiste d'échapper à la culture occidentale, à cette « asphyxiante culture », figée dans des codes de pensées contraires au libre jaillissement de la créativité. En 1947, Dubuffet se risque dans un genre qui semble incompatible avec sa démarche : le portrait, genre mimétique par excellence. C'est sous le titre Plus beaux qu'ils croient que Dubuffet présente en 1947 une galerie de portraits des grands ou des personnages du monde de l'art. L'œuvre que nous allons étudier y a été présentée pour la première fois lors de cette exposition. La vie de l'artiste est intimement liée avec le monde de l'écriture, c'est pourquoi lors de cette exposition il y aura aussi beaucoup de portraits d'hommes de lettres.
[...] Cette œuvre est moins un portrait qu'un attentat à la notion de portrait. Le visage, partie considérée comme étant la plus noble du corps humain est censé manifester l'âme, y subit les effets d'un vitriol qui remet les choses à plat : le visage est matière, comme le corps, comme tout ce qui est dans l'univers. Dubuffet s'est toutefois défendu d'avoir voulu faire de ces œuvres des portraits ressemblants ou psychologiques (même si avec le temps ils apparaissent comme emblématiques des personnages représentés). [...]
[...] Cette œuvre date de juillet août 1947. C'est une huile, sable et graviers sur toile (peinture émulsionnée), ses dimensions sont de 130 cm x 97 cm. Elle est exposée au Musée national d'art moderne de la ville de Paris (Centre Georges-Pompidou) depuis 2002. Malgré l'attachement au contexte artistique d'après-guerre, on peut se demander comment cette œuvre d'art qui n'a pas l'air d'en être une se distingue-t-elle par son originalité et par sa remise en cause de la beauté et de l'art conventionnel. [...]
[...] Elle peut faire penser à un manche de bilboquet avec le cou en forme de triangle coincé dans la tête-boule. Quant aux bras du galeriste, bien qu'atrophiés, ils créent un dynamisme qui contraste avec le statisme de la frontalité du visage et du buste. Ils accrochent le regard du spectateur et le dirigent vers leurs extrémités : les mains. Ouvertes face au spectateur, elles sont rejetées dans les deux coins inférieurs du tableau à la manière de celle d'une marionnette. [...]
[...] On le voit tout d'abord dès le titre qui souligne l'obscurité. Dubuffet avait d'abord intitulé cette œuvre Pierre Matisse, portrait corbeau, mais il a finalement décidé de conserver l'évocation du chromatisme noir dans le titre définitif tout en choisissant un titre moins insolent. Cependant nous pouvons remarquer que dans cette dominante sombre, un détail étonnant contraste, la cravate, elle, est rouge L'utilisation d'autres matières En 1947 Jean Dubuffet part pour la première fois faire un séjour dans le Sahara à El Goléa. [...]
[...] Ceci nous ramène donc au thème de l'enfance, Dubuffet semble faire table rase de tout savoir-faire. Marqué par les graffitis et les dessins d'enfants, ce portrait est traité de manière naïve ou grotesque. Pour Dubuffet l'art authentique est l'art primitif, mais aussi les dessins d'enfants. Il refuse catégoriquement d'accorder une quelconque valeur à l'esthétique occidentale. Cette œuvre est incontestablement originale pour l'époque avec le rejet complet de la conception occidentale de l'art par le peintre. En effet Dubuffet grâce à ses peintures a su faire rejaillir chez certaines personnes des émotions en s'intéressant aux aspects les plus simples de l'existence. [...]
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