Une femme nue est allongée ou assise, les jambes écartées, les bras derrière la nuque, elle porte une casquette de marin semble-t-il, elle nous regarde. Mais nous regarde-t-elle ? Ses yeux ne sont que des formes en amandes, typiques du style de Picasso, mais sans pupilles. Cette reproduction à analyser d'une Esquisse pour Les demoiselles d'Avignon va nous permettre d'évoquer plusieurs aspects de l'art de Picasso. C'est une huile sur toile, 119 x 93 cm, conservée à Bâle. Est-ce habituel d'esquisser à l'huile ? L'oeuvre est-elle terminée, finie, non finie ou bien inachevée ? (...)
[...] On remarque qu'il s'agit d'une précision qui géométrise les formes, les simplifie. Il a ensuite "poussé" davantage la partie de la tête, des seins, des bras ainsi que du rideau jaune d'or qui cache une partie du bras du personnage. Même si la profondeur est très réduite, elle s'exprime néanmoins par ces trois plans successifs: rideau, personnage, fond. Les couleurs participent à cette "profondeur": jaune vif pour le premier plan, bleu et vert pour creuser l'espace du fond. On "voit" donc ici Picasso travailler, esquisser, remplir certaines surfaces, cerner de noir les formes géométrisées, hachurer les parties ombrées, assombrir le fond. [...]
[...] * * * Picasso invente en 1907 avec cette œuvre et avec Les Demoiselles d'Avignon le Cubisme proprement dit. Braque, Derain et beaucoup d'autres vont le suivre dans cette voie. Désormais la représentation ne va plus de soi, les codes sont questionnés, les références sont bouleversées. L'espace illusionniste cède la place à l'espace littéral de la toile. C'est comme si l'imaginaire et les rêves étaient congédiés au profit de la réalité la plus crue. Le spectateur est forcé de se réveiller. [...]
[...] Ses yeux ne sont que des formes en amandes, typiques du style de Picasso, mais sans pupilles. Cette reproduction à analyser d'une Esquisse pour Les demoiselles d'Avignon va nous permettre d'évoquer plusieurs aspects de l'art de Picasso. C'est une huile sur toile x 93 cm, conservée à Bâle. Est-ce habituel d'esquisser à l'huile? L'œuvre est-elle terminée, finie, non finie ou bien inachevée? * * * L'œuvre représente sans doute un des personnages repris dans Les Demoiselles d'Avignon achevée la même année. Le personnage occupe toute la toile, ses jambes sont hors-champ. [...]
[...] On ne sait pas si ce sont les statues Ibériques et Africaines découvertes par Picasso qui l'ont influencé ou si elles n'ont fait que confirmer ses recherches. Après les Expressionnistes, après la façon "hachurée" de peindre de Cézanne, on retrouve cette peinture très "graphique" chez Picasso. On pense aussi à Cézanne pour la simplification et la géométrisation des formes. C'est l'image et la représentation qui est alors mise en question. Ce traitement sculptural des volumes est-il réaliste? Est- il naturel? Certainement pas et Picasso entraîne alors la peinture vers un raidissement, un intellectualisme qui éloigne le spectateur de 1907 de tout ce qu'il connaissait auparavant. [...]
[...] Tout à coup la toile vierge fait partie de l'œuvre, est affirmée comme surface picturale à part entière. L'œuvre n'est pas peinte entièrement. On parle aujourd'hui, en pensant à Michel-Ange, à Cézanne, à Rodin, de "non-fini". Ce "laisser- aller" apparent, proche de la désinvolture que l'on trouve dans toute œuvre "non-finie" est une force, une affirmation supplémentaire de la part de l'artiste et non pas une marque d'incapacité. Cette Demoiselle, même esquissée, s'impose à nous par la puissance de sa composition et surtout par le contraste produit entre le fini et le non-fini! [...]
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