Analyse, rédigée et argumentée, de Soffio 6de Guiseppe Penone. Ensuite, la seconde question porte sur un thème plus général de l'Histoire de l'Art extrait du programme limitatif de Terminale, à savoir rédiger une synthèse sur la sculpture commémorative du XXème siècle et ses décalages par rapport à la tradition et aux attentes des commanditaires.
[...] Cette oeuvre est puissante au sens qu'elle parvient à trahir une émotion dans une matière qui n'évoque plus rien pour nous, à l'ère de l'asphalte et du plastique : la terre. Finalement, Soffio 6 est d'abord intrigant par son titre . cette haleine dont parle Penone n'est-ce pas ce à quoi, à une époque reculée, on vérifiait qu'un mort vivait encore ? le souffle de l'homme qui expire est pourtant vacillant, impossible à capturer, d'où ce besoin pour Penone de s'inscrire dans la matière durable, d'attester de son existence. Le chiffre six évoque-t-il une série d'oeuvres, ces petits reliquats de l'être humain, posés à même le sol, sans socle ? [...]
[...] N'est-ce pas d'ailleurs le but certain de tout artiste, laisser une trace ? Dès lors Soffio n'est plus seulement l'assurance d'une postérité certaine pour l'artiste mais devient l'allégorie de chaque artiste, torturé par la nécessité de marquer son époque pour ne pas sombrer dans l'oubli. Soffio de Penone, non content d'offrir au spectateur une oeuvre d'argile en décalage avec son temps, propose une réflexion sur la mortalité de tous les êtres humains et leur besoin pressant de la vaincre en gagnant une gloire posthume. [...]
[...] Par ailleurs, elle offre aussi des monuments inédits, qui étonnent le spectateur. Finalement, elle propose aussi au spectateur de s'inscrire à son tour dans l'Histoire, en jouant un rôle. Picasso avait reçu une commande de la part de la Société des amis d'Apollinaire. Inspiré par son poème Le poète assassiné, Picasso ne fit pas une sculpture commémorative commune, censée glorifier le mort, mais une étrange création filiforme, jouant sur les vides et les pleins, une oeuvre de récupération à partir de rien comme le préconisait le poète. [...]
[...] C'est une architecture cette fois, qui véhicule un message de paix : deux auvent vitrés reflètent au pied du spectateur le mot paix dans toutes les langues. Production qui semble intéressante car architectonique, même si elle peut sembler moins impressionnante que le Monument contre le fascisme de Grez : cette immense colonne, rappelant les obélisques célébrant les héros de la guerre 14-18, est destinée à disparaître. Le sol s'affaisse sous son poids et elle est programmée à s'enfoncer progressivement dans les sous-bassements . Comment être un lieu de mémoire si le moyen de commémoration est absent ? [...]
[...] C'est pourquoi la structure maillée est ponctuée de visages, ceux à jamais oubliés car partis trop tôt. Le rôle de la sculpture commémorative est aussi de pousser la mémoire à se rappeler, même si ce peut être par le biais d'un monument lourd de connotation comme celui de Kern, ou l'oeuvre symbolique de Gerz. Finalement, le spectateur qui observe le monument a une place primordiale dans la statuaire du XX ème siècle : avec le Monument pour la paix et contre le fascisme, il peut y inscrire des messages d'espoir attestant de son passage et de sa prise de position. [...]
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