L'œuvre présentée est un tableau peint entre 1929 et 1932, plus de 10 ans après l'armistice (cessation des combats) et la fin de la guerre. C'est une œuvre monumentale de par sa qualité artistique, son témoignage historique et ses dimensions. Elle mesure en effet 468 cm de largeur pour 204 cm de hauteur. Elle est aujourd'hui conservée à Dresde, en Allemagne, ville quasiment détruite lors de la Seconde Guerre mondiale et emblématique des effets dévastateurs des guerres modernes, industrielles. « La Guerre » est un triptyque, c'est-à-dire un tableau en bois en trois parties, dont les battants latéraux sont mobiles. L'artiste a utilisé cette forme artistique pour une autre de ses œuvres majeures, « Grande ville ». Otto Dix adopte pour élaborer son œuvre la technique ancienne « a tempera » qui exige des manipulations complexes, mais offre au spectateur des couleurs magnifiques (teintes, nuances de couleurs, effets de transparence…) et très adaptées au sens de l'œuvre, à ce que veut monter Otto Dix. Les panneaux de bois sont recouverts de carbonate de calcium, puis l'artiste peint avec une peinture dont les pigments sont liés au jaune d'œuf. C'est la finition avec un vernis à huile qui donne les effets de transparence et révèle les couleurs. Le tableau décrit de façon très réaliste l'atrocité des combats et de la « boucherie » de masse de la Grande Guerre.
[...] Dans son tableau, Otto Dix transpose dans le monde des tranchées la souffrance et la mort du Christ. Pour sa prédelle Otto Dix s'inspire également directement d'une peinture de la Renaissance, de Hans Holbein (peintre et graveur allemand du 16e siècle), Le christ mort (1521). Un tableau qui raconte une histoire et se lit comme un roman : Le triptyque d'Otto Dix se lit de gauche à droite pour terminer par la prédelle. La composition de l'œuvre suit une trame chronologique, chaque panneau décrit un moment de la journée des combattants sur le front et une action qui conduisent inéluctablement à la mort ou à la blessure mutilante. [...]
[...] Les tuniques, les pantalons et les bottes sortent du brouillard comme d'un étang de lait. Ils se forment en colonne. On ne reconnaît plus les individus, ce n'est qu'un coin sombre allant lentement de l'avant, complété bizarrement par les têtes et les fusils qui semblent sortir, en nageant, de l'étang de brouillard. Le nombre des soldats fait probablement référence à la mort de masse que Otto Dix a côtoyée dans les premières lignes, notamment dans la Somme, ou 1 million de soldats ont trouvé la mort. [...]
[...] Otto Dix montre aussi les éléments de l'équipement des soldats qui s'est adapté aux conditions nouvelles de la guerre : le casque à pointe en cuir a laissé place au casque en acier (lors de l'enlisement du front et du début de la guerre des tranchées, l'armée française a remplacé le képi par le casque L'armement s'est adapté à la guerre des tranchées avec les grenades à manche ; les baïonnettes, symboles de la brutalisation des corps à corps et les masques à gaz qui montrent que toutes les lois de la guerre sont bafouées dans cette guerre totale devenue une guerre d'anéantissement. Le panneau de droite souligne la gravité des blessures de guerre en montrant notamment un soldat blessé au visage et qui peut être une référence aux gueules cassées, ces mutilés de la face, défigurée qui a subi des séquelles atroces de la guerre et des combats. L'auteur se met en scène et apporte une dose d'humanité dans un univers de souffrance et de barbarie. [...]
[...] Description et analyse de l'œuvre de l'œuvre. La guerre s'inscrit dans un travail qui est au centre de l'œuvre d'Otto Dix, la dénonciation de la guerre, de la déshumanisation de l'homme alors que l'affirmation de la seconde révolution industrielle est source de progrès de la brutalisation des combattants poussée à l'extrême, de l'ensauvagèrent des soldats et de leur vulnérabilité face aux armes destructrices produites par la civilisation industrielle. Le panneau de gauche montre des soldats qui partent au front dans une brume qui les enveloppe et qui donne l'impression de s'apprêter à les engloutir. [...]
[...] (Otto Dix). Le mot retable veut dire en arrière de l'autel il s'agit de tableaux religieux situés dans les églises qui racontent des épisodes de la vie de Jésus-Christ. Le retable appartient à l'art religieux. Un retable est constitué de plusieurs parties dont le nombre peut varier : composé de deux parties, c'est un diptyque, composées de trois parties c'est un triptyque, composé de plus de trois parties, c'est un polyptyque. Otto Dix s'est inspiré du célèbre Retable d'Issenheim, du peintre Matthias Grünewald (début 16e siècle) dont il est un admirateur. [...]
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