Analyse comparative, rédigée et argumentée, autour de deux "Nus descendant l'escalier" de Marcel Duchamp et Gerhard Richter. Cette analyse est suivie d'une synthèse d'après un sujet de réflexion : "Dans la lignée de la technique du collage de l'art du XXème siècle l'image vidéo et numérique a largement joué de l'hybridation des images, ceci de manière plus ou moins visible. Etudiez comment l'hybridation des images du corps se donne plus ou moins à voir et qu'est-ce qu'en tirent les artistes ? Vous donnerez des exemples précis tant dans les images vidéo que dans les images fixes numériques."
[...] Les ombres du corps sont donc suggérées par le recours à une gamme colorée plus sombre. On ne distingue pas réellement sur la reproduction la facture, le toucher du pinceau mais il est fort à parier que les lignes lancées, démultipliées et foisonnant à la surface du tableau jouent avec la matière, bousculant ainsi l'usage de la planéité du tableau devenu simple surface. Les masses distinguées par les monochromes sont aussi renforcées par des lignes nerveuses noires qui n'encadrent pas le corps mais en souligne puissamment certains membres. [...]
[...] La seconde le montre frottant son visage et effaçant ainsi une partie tout en recréant une autre, indépendante. La dernière le montre brûlant sa propre image, mobile, dont le reflet est celui de son propre visage. Dès lors, on peut distinguer plusieurs grands axes de réflexion chez les artistes adeptes de l'hybridation, les uns s'interrogent sur la standardisation de notre manière de voir et cette soif insatiable d'atteindre un idéal perceptible précisément seulement par le biais de l'outil numérique. D'autres expriment leurs angoisses les plus tenaces en les traduisant corporellement, faisant de leur corps une base d'argile à modeler à volonté. [...]
[...] Pourquoi Duchamp n'a-t-il pas simplement représenté un nu descendant l'escalier offert aux regards comme celui de Richter et n'a-t- il pas respecté la réalité des faits ? On pourrait tout d'abord évoquer l'époque, la menace de la guerre et une France en pleine effervescence artistique comme le prouveront deux années plus tard les Dadas. C'est avant tout un corps-à-corps poignant avec le nu qui anime l'artiste, contrairement à Richter, il se plonge tout entier dans son oeuvre, corporellement lui aussi comme le prouve l'explosion de la forme. [...]
[...] Chris Burden par exemple, connu pour ses performances extrêmes se place dans un ascenseur où on peut lui enfoncer des punaises dans le ventre, rampe sur du verre brisé . l'hybridation provient alors que le rapport au monde de l'artiste se modifie et qu'ici, il devient écorché vif faisant de son corps un sujet à expériences. Mais est-ce seulement le goût de la transgression qui anime ces artistes ? Gina Pane réalise elle aussi des sortes de petits happenings macabres qui prennent des allures de rituels par les blessures qu'elle s'inflige. Chez Gina Pane, c'est une réflexion sur un corps christique, enveloppe charnelle à séparer du spirituel qui s'engage. [...]
[...] Ensuite, il serait utile de replacer le nu dans son lieu d'action, l'escalier qui rythme l'espace : pour finir sur ce qu'évoquent ces deux toiles. Le traitement du corps tout d'abord se distingue par la manière d'aborder cet élément organique et le recours aux couleurs, puis par une facture, un tracé particulier et, finalement, on pourra étudier le positionnement du corps dans l'espace et par extension la composition. Duchamp trouble-fête de la peinture qui a inventé le concept de Ready Made avec son Urinoir reste ici étrangement classique dans le travail de la carnation. [...]
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