Commentaire d'oeuvre, tableau, analyse, Le Cri de Munch, opinion, opinions philosophiques, impressionnisme, artiste, personnage, toile, sentiments, émotions, art, réflexion, illusion, passion, peinture
1893, c'est la fin des illusions progressistes, le progrès n'est plus vecteur de libération comme le pensait Smith, mais vecteur de division du travail. L'Homme travail plus, plus longtemps à travers une tâche répétitive, déshumanisante... L'Homme est asservi par le progrès. Paul Valéry pense même que l'intelligence humaine a fini par surpasser l'intelligence, il résulte de cette situation équivoque un questionnement sur la place accordée à la réflexion, puisque ayant dépassé les frontières tacites du progrès intelligent pour nous orienter vers un progrès au contraire, pragmatique.
[...] Marquer un problème, une objection à cette Raison, c'est être fou, c'est être passionné dans le sens antique du terme. Le sentiment n'est plus confiné à la licence, simplement mis au banc, il est folie. Ce tableau est une mise en garde. Une invitation à une réflexion sur notre industrialisation, sur notre consumérisation des biens et des personnes. C'est une vision d'une femme ou d'un homme plongé dans une modernité cauchemardesque, raisonnable. Une modernité où la Raison humaine s'est affranchie de l'intelligence. [...]
[...] Ce cri de folie, n'est-il pas reflet de la société qui inspire ce geste ? La légère flexion du bas du corps du personnage semble indiquer sa prise de conscience dans un univers où seule la nature semble encore libre, courbée, oblongue, en contraste avec une société déterminée, droite, rectiligne et paternaliste. La folie est ici une langue et une parole, elle permet de décrire, de communiquer avec le spectateur, tout en passant pour folie pure vis-à-vis des individus de cette société de Raison, de Science et d'Industrie, normée, lissée. [...]
[...] Le pont est une représentation métaphorique de la société industrielle. Seul subsiste ce personnage désarticulé. En premier plan. Il est humain et non-humain. En effet son visage semble bien trop altéré pour être seulement humain. Son visage est le résultat du conditionnement, il est sans traits particuliers, sans cheveux, sans signes qui pourraient le distingué d'autrui, ses yeux décrivent un cercle parfait, reflet de la « scientification » extrême de ce monde industriel. Pourtant, ce visage conforme demeure son seul moyen d'expression. [...]
[...] Ils ne le savent pas, puisque marchant où le temps industriel, le temps moderne leur impose d'aller. La marche antique, vers l'avant, vers la connaissance est brisé. On ne marche plus là où l'on veut aller, mais on marche là où il nous est confortable de nous rendre. Un confort imposé par la consumérisation. La possession devient une fin dont le travail est une étape. Cependant, deux perspectives s'opposent. Une de liberté naturelle, qui ne peut-être régit par personne car nous ne sommes que « comme maître est possesseur de la nature ». [...]
[...] Cette expression libre de la nature tranche avec la seconde perspective. C'est une perspective humaine qui inscrit ses deux hommes, ne seraient-ils pas qu'un, sur un ouvrage anthropique : un pont. C'est un pont qui enjambe, un pont dont les lignes sont logiques parce qu'horizontales, droites, venant briser la liberté des perspectives naturelles. Pourtant, ce pont n'est qu'une passerelle, cet ouvrage de l'industrie, ce prodige de la physique, de la technique et des mathématiques, ne serait-il pas protecteur en préservant les Hommes du courant naturel ? [...]
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