Une femme nous regarde. Elle est assise, de profil, le visage tourné vers nous, de trois-quarts face. Elle semble paisible, peut-être curieuse du traitement qu'elle subit avec calme et patience. Elle paraît néanmoins déterminée. Est-elle consciente du scandale dont elle va être l'origine ? Son jeune mari est en train de la peindre, avec fougue a-t-on plaisir à imaginer. Les couleurs sur la toile s'exaltent les unes les autres en accords stridents de verts, de jaunes, de rouges. Elle reste belle devant le Fauve qui la croque !
Il s'agit donc, dans cette reproduction, de la célèbre toile de Matisse qui fit scandale au Salon de 1905 et qui inaugure le Fauvisme (...)
[...] L'œuvre représente Madame Matisse. Cadrée légèrement au-dessous de la taille, elle est assise et sa main droite est appuyée sur une canne semble-t-il. De son autre main elle couvre sa gorge d'un éventail peint de couleurs vives. Ici sans doute un léger rappel de l'intérêt des jeunes artistes de l'époque pour le Japonisme. Elle s'affirme dans l'œuvre et occupe toute la toile. Son chapeau, chargé de fruits multicolores semble tellement imposant qu'il est coupé par le cadrage. Le titre aussi en indique l'importance: Femme au chapeau. [...]
[...] Désormais l'image se pose des questions, elle réfléchit à son statut! * * * A quoi sert l'art si ce n'est à décrire? Sans doute l'invention de la photographie y est-elle pour quelque chose. L'artiste veut désormais s'affranchir des anciennes contraintes, c'est en tous cas ce qu'il ne manquera pas de faire durant tout le siècle qui commence. Ici Matisse en pose la première pierre. Proche du chapeau enfin, la signature de l'artiste, affirme discrètement mais fermement sa détermination. Elle paraît un écho à celle de sa femme. [...]
[...] - Femme au chapeau : Madame Matisse - Henri Matisse (1869 - 1954), (huile sur toile x 59,5 Collection particulière, USA. Corrigé Une femme nous regarde. Elle est assise, de profil, le visage tourné vers nous, de trois-quarts face. Elle semble paisible, peut- être curieuse du traitement qu'elle subit avec calme et patience. Elle paraît néanmoins déterminée. Est-elle consciente du scandale dont elle va être l'origine? Son jeune mari est en train de la peindre, avec fougue a-t-on plaisir à imaginer. [...]
[...] La couleur du paysage était transposée, sans rapport avec le réel. Mais Matisse va ici beaucoup plus loin. C'est un personnage qui va supporter ses écarts chromatiques, une scène banale et non plus une vision qu'on pourrait croire mystique. C'est alors le rôle de l'artiste qui est remis en question. Le rôle de celui-ci n'était-il pas de décrire la réalité? L'artiste n'a-t-il pas pour tâche de nous faire voir la beauté de ce qui nous entoure? Que nous apporte-t-il si ses œuvres sont si éloignées du visible? [...]
[...] Avec Luxe, calme et volupté, Matisse avait exploré la voie nouvelle amorcée par Signac. La couleur pure posée en touches discrètes, la touche divisionniste, le pointillisme, l'avait un temps séduit. Mais ce n'était qu'une étape. Il lui revenait encore d'élargir le propos hors des théories scientifiques et des formules contingentes. Alors la touche va s'animer, s'amplifier, pour exprimer la fougue de l'artiste et enfin libérer les couleurs et la perception. C'est vraiment le travail d'un grand coloriste. La couleur, si elle s'affranchit du rapport au réel est aussi en train de s'émanciper du dessin et de sa limite contraignante. [...]
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