Né en 1887 à Vitebsk en Biélorussie dans une modeste famille juive très religieuse et très attachée au folklore, il reçoit sa première formation artistique à Saint-Pétersbourg. Élève de Léon Bakst, qui s'oppose à tout académisme, Chagall admire les icônes anciennes et s'en imprègne. Concernant la composition de l'œuvre elle-même, Chagall est incapable de construire son œuvre comme une surface opaque, autosuffisante. Il faut que l'œuvre ait un deuxième sens, qu'elle renvoie à autre chose qu'à elle-même, qu'elle parle du monde ou de l'artiste.
Ainsi dans tous ses premiers tableaux il y a du verbal : l'œuvre illustre avec humour une expression yiddish, ou elle est tout simplement une narration condensée.
[...] La lumière venait de loin ; de la colline où se trouvait l'église. J'éprouve toujours du plaisir à peindre une fois de plus cette église et cette petite colline sur mes tableaux. On comprend alors le bleu du dôme de l'église représentée en bas à droite du tableau et ce plaisir de reproduire cette église est un retour constant à son identité, à ses origines. On voit bien dans cette œuvre Chagall cueillir dans son double patrimoine culturel yiddish et russe des éléments qu'il associe d'une façon originale, affirmant ainsi sa double identité. [...]
[...] Le mystère de cette œuvre, construite comme une énigme à déchiffrer, avec ses touches de peinture or et argent qui font scintiller ça et là l'architecture et les étoiles, en est démultiplié. Avec À la Russie, aux ânes et aux autres, Chagall a assimilé toutes les innovations plastiques de son époque sans renoncer à son univers personnel. Cette peinture exposée au Salon des Indépendants de 1912, a fait l'admiration, entre autres, de Guillaume Apollinaire et d'André Breton qui la sélectionna pour être présentée à l'exposition du surréalisme de New York, en 1942, d'ailleurs Ernst et Eluard avaient déjà tenté en 1924 de faire adhérer Chagall au mouvement surréaliste. [...]
[...] Ce qui renvoie à la représentation de Romulus et Rémus fondateurs de Rome. Cela peut être analysé comme une allusion à l'image de la Russie comme une troisième Rome La vache rouge représentant la mère patrie, la vache est en effet le symbole de la maternité. Certains historiens avancent que l'enfant représenté à côté du veau pourrait renvoyer au jeune Chagall nourri par la Mère Russie. L'abreuvoir, vers lequel la vache penche sa tête est en fait une auge, dès la première phrase de son autobiographie, Ma Vie, écrite à Moscou en 1922, Chagall relate sa naissance : Ce qui m'a d'abord sauté aux yeux, c'était une auge où sa mère le plonge pour le protéger d'un incendie qui ravage le quartier juif. [...]
[...] Meyer, Marc Chagall (Marc Chagall. Leben und Werk), Paris Musée national. Message biblique. Marc Chagall, catal. des collections, Musées nationaux A. Pieyre de Mandiargues, Chagall, Berne C. Sorlier, Chagall. Le livre des livres, M. Frinckre, 1991. [...]
[...] Marc Chagall, "À la Russie, aux ânes et aux autres", 1911-1912 I. Présentation de l'artiste Marc Chagall est l'un des plus grands peintres du XXe siècle. Né en 1887 à Vitebsk en Biélorussie dans une modeste famille juive très religieuse et très attachée au folklore, il reçoit sa première formation artistique à Saint-Pétersbourg. Elève de Léon Bakst, qui s'oppose à tout académisme, Chagall admire les icônes anciennes et s'en imprègne. Il séjourne à Paris entre 1910 et 1913. Il s'installe à la Ruche où vivent aussi Modigliani, Soutine, Léger, Lipchitz. [...]
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