Analyse de l'Olympia de Manet. Au terme de l'analyse, on comprend comment ce tableau est un moment de révolution dans l'histoire des arts plastiques.
[...] Et Olympia, celle à qui il se confie, participe à cette dénonciation. Elle le regarde fixement. Tout le monde regarde Olympia. Le spectateur est trahi par l'œuvre qu'il venait contempler et peut-être même par sa confidente. Le spectateur sait ce que cache cette main, il ne peut s'empêcher de l'imaginer. Il se sent exhibé dans son voyeurisme. Le bas-ventre est cause que l'homme ait quelque peine à se prendre pour un dieu. (Friedrich Nietzsche) l'art à vendre ? La question du destinataire, de l'acheteur et du commanditaire est fondamentale dans l'histoire de l'art. [...]
[...] Manet clame avec Olympia qu'il peint librement en faisant fi des traditionnels commanditaires. Il ouvre en fait la porte à une autre consommation artistique. L'art à voir n'est plus l'art à avoir. Grand bouleversement de l'art moderne, l'art s'adresse à l'art, aux musées et aux collections. Il ne s'agit plus simplement de décorer les salons ou d'illustrer un propos (religieux, idéologique . ) pour le diffuser. Si l'art n'illustre ou ne flatte la décoration d'un salon, il doit alors être vu autrement. [...]
[...] En outre, les teintes de la fleur rappellent celles des lèvres et invitent à mieux les observer pour y voir un maquillage qui a déjà un peu bavé : la couleur de ces lèvres est artificielle et elles ont servi à embrasser. Enfin, les boucles d'oreille sont, par leur teinte et leur éclat, proches du bijou porté autour du cou. Elles forment un triangle qui force une lecture descendante. En regardant le visage d'Olympia, on est invité à regarder plus bas Regarder le dessin d'Olympia revient à jongler avec le montré et le suggéré de l'ensemble de la thématique du tableau. [...]
[...] Manet n'est pas en train d'exalter la Manet est un montreur de faits. Il interprète une thématique intemporelle en la contextualisant dans le quotidien du spectateur. joie d'une maison close, comme le ferait Lautrec ; il montre une femme d'ascendance africaine, à une époque où elle est intrinsèquement liée à l'esclavage, et une autre femme soumise aux fantasmes virils. Or, Manet qui a côtoyé la traite négrière et l'esclavage en a profondément été choqué et a toujours dénoncé ces pratiques. [...]
[...] Pour bien déchiffrer la mise en abyme, il suffit d'observer les similitudes entre la position de la jeune femme et la présentation du bouquet. Le côté gauche du rectangle de papier est parallèle à celui de l'oreiller et le côté bas est parallèle aux lignes descendantes de l'oreiller et à la jambe de la fille. L'orientation du bouquet suit celle de la jeune fille qui a le buste et la tête plus élevés que le bas du corps. Les quatre fleurs rouges, sensuelles et sanguines évoquent sans doute les quatre zones les plus érogènes de la fille. [...]
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