Didi-Huberman nous dit « C'est en prenant son temps que l'on regarde vraiment « alors donnant-nous ce temps, laissons-nous nous imprégner par l'espace qui nous éloigne et nous rapproche de l'image regardée. Mais qu'est-ce que regarder au fait, n'est-ce pas fermer les yeux pour mieux sentir la matérialité, pour se laisser réchauffer ou refroidir par la lumière de l'oeuvre ? La notion de frontalité est très importante dans l'expérience esthétique, l'interstice qui existe entre spectateur-créateur recèle de sens et de significations, lieu où regorge oppositions et similitudes. Ce jeu est doublement renforcé dans le langage esthétique de W, qui use de profondes dichotomies, il s'amuse à titiller nos émotions et dresse la mort et la vie contre l'amour et le cadavre (...)
[...] Par là, nous saisissons qu'il n'a pas de lecture unique et que l'intérêt de l'Art n'est pas d'obtenir de compréhension universelle mais de se laisser envahir par un ressenti, piqué par le punctum. Alors, devenons les voyeurs de cette représentation iconique. Toutes œuvres intensifient le sentiment d'existence, et celle-ci d'autant plus qu'elle traite la mort. Le sujet est déjà fortement morbide vu qu'il s'agit d'une tête d'un cadavre, pour autant nous verrons qu'au travers sa pratique, il renforce cette violence sans mouvement, cette contemplation de l'horreur tel une interaction constante des rapports de vie et de mort (sexe). [...]
[...] Sujet qui reste tabou même si les lois tendent à favoriser son acceptation. La date de réalisation se situe à une époque aux USA, où la maladie du sida fait ravage, elle est méconnue et assimilée aux pratiques sexuelles homosexuelles. Il serait dangereuse d'affirmer cette hypothèse et ce n'est qu'une des interprétations de mon expérience visuelle, surtout, comme nous l'avons abordé auparavant W. ne l'avait pas préméditée. Ce qui est plus sur ce qu'il nous confronte à nous même, il soulève la question de l'identité, de l'identité sexuelle. [...]
[...] Epaisseur renforcée par le sfumato moderne qui retouche l'espace environnant des deux demi-têtes livrant un brouillard, une confusion. N'es-ce par là le rôle et la fonction même du médium (photo), de nous égarer dans ses profondeurs illusionnistes et duperies de sens et significations. A l'intérieur de la chambre obscure, face au miroir d'une mise en scène mentale, nous sommes peut-être dans le monde de l'obsession devenu réalité ? W. ne craint pas d'affronter les tabous, les excès, il ne cherche ni à cacher ou à nier la bestialité de l'Homme, seulement il la sublime. [...]
[...] Il montre ce qui ne se montre pas ! Jouant sur les limites éthiques, psychologiques et culturelles qui entourent ce thème. La possibilité de cette oeuvre serait impossible dans nombreux pays, il ne faut pas oublier que l'artiste est né à N.Y et, qu'il travaille actuellement à Albuquerque. L'art propose un discours mortuaire dans une société où les repères cognitifs traditionnels sur la mort semblent défaillants et conduisent les individus à se bricoler des systèmes explicatifs faisant sens. Pour autant peut- considérer le corps mort morcelé comme un matériau comme un autre ? [...]
[...] Comment Witkin procède-t-il ? De quelles manières? Didi-Huberman nous dit C'est en prenant son temps que l'on regarde vraiment alors donnant-nous ce temps, laissons-nous nous imprégner par l'espace qui nous éloigne et nous rapproche de l'image regardée. Mais qu'est-ce que regarder au fait, n'est-ce pas fermer les yeux pour mieux sentir la matérialité, pour se laisser réchauffer ou refroidir par la lumière de l'œuvre ? La notion de frontalité est très importante dans l'expérience esthétique, l'interstice qui existe entre spectateur-créateur recèle de sens et de significations, lieu où regorge oppositions et similitudes. [...]
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