Analyse de l'oeuvre de Max Beckmann, Die Nacht ou La nuit, une huile sur toile datant de 1918-19. Etude de la transposition de la violence de la guerre sur la toile par des procédés plastiques en marge du classicisme et s'inspirant courants avant-gardistes.
[...] Les expressions du visages sont accentuées, l'accent est mis sur le décor Le parallèle avec le cinéma Allemand expressioniste dans des films comme Nosfératu de Murneau se renforce avec l'étude de la couleur, en effet, Beckmann utilise une palette réduite, en réalisant son tableau dans un camaïeux de beige ponctué par des touches de couleurs disséminées sur toutes la surface du tableau comme des éléments d'attraction vers encore plus d'horreur. Comme Murneau joue avec les contraste forts pour accentuer l'expressionisme de son cinéma, Beckmann utilise le même procédé plastique, la clarté de l'incarnat des personnages contraste avec la nuit de la fenêtre. Dans la lumière blafarde de cet enfer nocturne, Beckmann use d'une lumière forte, écrasante, niant le modelé des corps et accentuant les contrastes. Il marque ainsi d'avantage la planéité analysée dans la composition. Les décors de Beckmann traduisent en équivalents picturaux tout l'appareillage habituel de théâtre. [...]
[...] Ainsi par divers moyens plastiques, Beckmann exprime à sa manière personnelle une nouvelle pratique chère au début de XXe siècle. Invention de la peinture et du collage cubiste, introduit dans les nouveaux média par les collages photographiques et cinématographiques. Chez Beckmann, le composé de théâtre traditionnel et de peinture donne une recombinaison visuelle des images qui lui permettent d'explorer la dynamique de la narration et de la représentation mais dans un style qui se situe à part des pratiques dominantes de l'avant-garde cubiste, dadaïste, constructiviste ou surréaliste, tout en s'en inspirant. [...]
[...] Egalant en horreur les martyres et les crucifixions de Moyen-Age, Beckmann décrit les atrocités de la guerre moderne en torturant graphiquement ses personnages. Il est difficile de savoir qui est ce bourreau en train de fumer la pipe et de tordre le bras du pendu, ou la brute devant la fenêtre, et de connaître leurs affiliations politiques. Mais la douleur viscérale que provoque cette scène résulte d'une cruauté explicite. Ce tableau est un bilan de ses experiences, projeté sur la société urbaine de l'aprés-guerre. [...]
[...] Bourgeois et assassins sont des vistimes. Le plancher suggère une scène de théatre, la réalité devient théatre et parabole éternelle. La composition définit le cadre dans lequel l'action se déroule, en coupant les détails s'il le faut; la scène inclinée donne une vue à la fois frontale et plongeante tout en rapprochant les acteur vers l'avant, jusque sur les genoux du public Se surperposent alors plusieurs narrations ou tableaux vivants en simultané, répartis dans les différents zones du tableau. A l'interieur de cettte construction spatiale complexe, les membres de la troupe de Beckmann se réunissent pour former un choeur, s'affronter dans des luttes, jouer la pantomime, feire le pitre sur le devant de la scène ou se tenir dans leur isolement introspectif. [...]
[...] Sa peinture devient alors un exutoire, un acte militant. Grâce, si l'on ose dire, à la guerre, et aux prix d'une expérience traumatisante, Beckmann dévellope un nouveau vocabulaire formel, invente un nouveau langage plastique. La nouvelle manière de Beckmann ne témoigne pas d'un détachement à l'égard de l'histoire, mais plutôt de son soucis d'indiquer l'aggravation des enjeux. Dans sa Descente de croix de 1917, Beckmann amalgame un thème iconographique chrétien et des personnages contemporains, victimes de guerre ou prolétaire, Beckmann dépasse la cruauté de la société d'après- guerre pour donner à son tableau une dimension universelle, celle de l'enfer humain sur terre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture