Le jeune taureau - Paulus Potter (1641) - Paulus Potter et les animaux dans la peinture hollandaise au XVIIème siècle

Thèmes abordés

Le jeune taureau, Paulus Potter, XVIIe siècle, peinture hollandaise, animaux, peinture d'animaux, représentation des bovins, Roelant Savery, peinture de paysage, portrait d'animaux, Den Grondt der Edel vrij Schilder-const, Karel Van Mander, guerre de Hollande, Une famille paysanne avec du bétail, Amy Walsh, Les chiens dans un intérieur, Les animaux ont une histoire, Robert Delort, Hendrik Goltzius, L'enlèvement d'Europe, Zeus, Dieu est apparu à Abraham à Sichem, Hollande, Claes Berchem, Portrait d'une vache, Albert Cuyp, Paysage avec des vaches et un jeune berger, Jan Van Eyck, Les Époux Arnolfini, Jan Brueghel le Jeune, L'entrée des animaux dans l'Arche de Noé

Résumé du document

Le jeune taureau est sans doute le tableau le plus connu de Paulus Potter (1625-1654), peintre hollandais qui se spécialise rapidement dans la peinture d'animaux, plus précisément dans la représentation des bovins. Comment expliquer le succès d'une telle oeuvre ? Un taureau comme "sujet principal" de l'oeuvre, observant celui qui regarde la toile. Bien que le flamand Roelant Savery (1576-1639) qui a introduit la peinture d'animaux en Hollande dans les années 1620 aimait les représenter dans des scènes bibliques ou mythologiques, élevant ainsi le rang de ses oeuvres, la plupart des animaux se retrouvaient dans les peintures de paysage. Ce n'est que dans les années 1650 qu'une réelle séparation de genre se crée, et que l'on voit émerger des compositions où le bétail prédomine, ou des sortes de portraits d'animaux, comme peut l'être "Le jeune taureau".

Extraits

[...] Après que Savery commence à travailler à Amsterdam en 1616, puis à Utrecht en 1619, les animaux deviennent de plus en plus présents dans ses œuvres. En choisissant des thèmes bibliques ou mythologiques comme son Orphée charmant les animaux (fig.1), il parvient à la fois à légitimer leur forte présence dans ses œuvres, tout en en représentant le plus de types différents possible au sein d'une seule toile, même les plus exotiques qu'il a pu observer dans les zoos. Ses compositions sont souvent surpeuplées d'animaux en tout genre, et il transmet ce style à son élève Gillis d'Hondecoeter (1575-1638), peintre à Utrecht. [...]

[...] On remarque qu'une attention particulière est donnée au traitement de la vache au premier plan, si on le compare au visage des enfants se tenant près d'Abraham. Ceux-ci semblent peu vraisemblables en comparaison avec la bovine. Il semble que Potter se soit principalement concentré sur deux éléments : Abraham, et la vache. Ce type de représentation de l'animal dans la peinture d'Histoire n'est généralement pas unique, surtout dans les scènes du Jardin d'Éden ou dans celle de l'Arche de Noé où l'on prête effectivement une grande attention à la bonne réalisation des animaux, ainsi qu'une grande place dans la composition (fig. 11). [...]

[...] Cependant, elle ne prend en compte que la taille alors que nous voulons prendre aussi en considération le fait que le taureau soit au premier plan et qu'il soit le sujet principal. Ce qui diverge par rapport à d'autres toiles que nous allons comparer c'est qu'il s'agit d'un bovin et non d'un animal domestique. Malgré le fait que Potter ait peint dans sa carrière de nombreux animaux de ferme, il a tout de même peint des animaux domestiques dans un intérieur, Les chiens dans un intérieur (fig. 8). Cette toile ne peut prétendre à figurer dans le registre des « scènes de genre ». [...]

[...] Puis Potter a rajouté de la toile pour rendre son œuvre plus grande. Certains historiens de l'art comme Amy Walsh penchent pour une commande : faire le portrait d'animaux gagnant des récompenses était monnaie courante au XVII[ème] siècle. Le jeune taureau (fig. est une œuvre singulière, car elle combine de nombreuses caractéristiques que nous allons évoquer dans le chapitre suivant. Cette œuvre pourrait appartenir à de nombreux genres de par sa thématique (paysage), de par son sujet (scène de genre) et de par sa taille (peinture d'Histoire). [...]

[...] Finalement, le format se rapproche de ceux de la peinture d'Histoire. En soi, cette œuvre n'a rien de particulièrement innovant, si ce n'est l'importance donnée à un élément anodin et son traitement plutôt hors du commun. Il représente tout à fait la tendance émergente d'une individualisation de l'animal, de son passage d'élément décoratif à sujet. Mais il se démarque par la mise en valeur d'une simplicité et d'une authenticité dont se réclame héritière le peuple hollandais. Bibliographie Articles CHILVERS, Ian, « Potter, Paulus », The Oxford Dictionary of Art and Artists [en ligne]. [...]