Avec Jasper Johns la représentation se fait réflexion sur l'image et sur l'oeuvre d'art en général. Ses images d'une grande banalité apparente s'avèrent être en réalité des mises en question puissantes en phase avec leur époque. Celle-ci est à l'euphorie de la consommation mais peut-être cette oeuvre préfigure-t-elle les violentes remises en question de la fin des années soixante. Johns est à la fois près et loin de la réalité comme l'est à la même époque Rauschenberg "dans l'intervalle qui sépare l'art de la vie" (...)
[...] * * * Avec Jasper Johns la représentation se fait réflexion sur l'image et sur l'œuvre d'art en général. Ses images d'une grande banalité apparente s'avèrent être en réalité des mises en question puissantes en phase avec leur époque. Celle-ci est à l'euphorie de la consommation mais peut-être cette œuvre préfigure-t-elle les violentes remises en question de la fin des années soixante. Johns est à la fois près et loin de la réalité comme l'est à la même époque Rauschenberg "dans l'intervalle qui sépare l'art de la vie". [...]
[...] Il s'agit donc en réalité ici d'une sculpture en bronze, une ronde- bosse, de Jasper Johns qui est le moulage exact d'objets réels, à taille d'origine et dont le tirage en bronze a été peint de façon réaliste suivant l'aspect des éléments d'origine. C'est une sorte de trompe-l'œil en trois dimensions. La référence n'est alors plus les œuvres dadaïstes et l'esprit de Marcel Duchamp mais bien les années soixante et la remise en question généralisée des images de la consommation. Jasper Johns est célèbre pour avoir questionné le statut même des images. Son travail propose des œuvres qui sont à mi- chemin du signe et de l'objet. On pense à ses célèbres Flag, Target ou encore Numbers. [...]
[...] La sculpture se mire en peinture! Ce sont nos certitudes qui sont ébranlées. On pourrait enfin penser à propos de cette œuvre au courant hyperréaliste qui va se déployer à partir des années soixante. Il y a bien ici la reproduction très minutieuse d'un élément de la réalité. Mais si les œuvres hyperréalistes convoquent des images de la consommation c'est souvent pour fonder une nouvelle esthétique. On admire comme une découverte le jeu des reflets complexes sur les chromes des automobiles. [...]
[...] Ou bien s'agit-il tout simplement de Jasper Johns lui-même? A ce point nous pouvons analyser l'œuvre comme un ready-made et se souvenir des œuvres de Duchamp. On n'y trouve cependant pas ce qui faisait l'étrangeté et la force de Fontaine ou de Trébuchet, encore moins celle de En avance sur un bras cassé. Ici le champ de signification semble être réduit à celui de la peinture, donc plus réduit que la mise en question générale opérée par Marcel Duchamp. L'art ne semble pas être remis en question. [...]
[...] Hors contexte, exposée dans un musée, cette œuvre deviendrait "visible". Mais là encore, on pourrait très facilement l'appréhender comme une documentation à propos de l'activité de l'artiste plutôt que comme une œuvre de celui-ci. Sans doute grâce au cartel, appréhenderait-on enfin l'œuvre. Des pinceaux d'artiste peintre, de bonne qualité, principalement des brosses en soies de porc, rondes ou plates, à longs manches et quelques autres, plus trapues, plates, larges, à manches de bois courts trempent dans une vieille boîte de conserve de café américaine. [...]
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