"Une nouvelle approche perceptive du réel" : c'est ainsi que Pierre Restany définit la visée du mouvement français des Nouveaux Réalistes. Dans les années soixante, la société de consommation se développe. Les artistes y sont sensibles. Ils vont traduire ce changement dans leurs oeuvres. Deux mouvements majeurs vont alors inventer une nouvelle esthétique en rapport avec cet univers de masse : le Pop-Art (Etats-Unis, Angleterre) et le Nouveau Réalisme (France). Outre Klein, Arman, Tinguely, Spoerri... Martial Raysse participe au mouvement des Nouveaux Réalistes. Il produit en 1964 une oeuvre majeure : Made in Japan - La grande Odalisque, conservée aujourd'hui au Musée national d'art moderne de Paris (...)
[...] Le choix n'est pas innocent et l'on comprendra qu'à travers ces exercices, Raysse rejoue à sa manière la très classique opposition du dessin et de la couleur, assimilés pour le premier à la Raison et pour la seconde aux désordres de la passion . De même, la mouche que l'on aperçoit sur plusieurs des Made in Japan, une de ces mouches de matière plastique qu'on trouve dans les magasins de Farces et Attrapes, sera familière à tous les amateurs de peinture, et le traitement du turban leur rappellera qu'autrefois les peintres imprimaient parfois une véritable étoffe à la surface du tableau pour mieux la représenter . [...]
[...] croquis) Le cadrage intègre les obliques de l'épaule et de la nuque ce qui contribue à créer une légère profondeur dans l'œuvre. On a ainsi la sensation d'un point de fuite principal se situant juste au-dessous de l'oreille. La droite reliant ce point de fuite, l'oreille et la broche, réaffirmant la verticalité de l'œuvre. (cf. croquis). Le foulard, comportant notamment du vert et du rouge, réalise la liaison plastique entre le fond rouge et le vert du personnage. Martial Raysse met souvent l'accent sur le jeu entre image et objets réels (Portrait de Madame V. d K., Peinture haute-tension). [...]
[...] L'autre partie visible des cheveux, la plus éloignée de nous, est repeinte dans une teinte très sombre, presque noire. On aperçoit les traces de pinceau. Enfin c'est cette teinte brune qui va être utilisée par Raysse pour souligner la paupière supérieure de l'œil grand ouvert de l'odalisque qui nous regarde. Le blanc de l'œil est aussi repeint et accentué de façon grossière par un aplat de blanc très couvrant. La pupille, c'est-à-dire le regard de l'odalisque est obtenu par une zone en réserve. [...]
[...] On peut tenter d'en faire la liste : l'œuvre est déjà une œuvre, c'est une reproduction d'un original, c'est un fragment d'une totalité, c'est une photographie mais aussi de la peinture, la représentation est réaliste mais aussi irréaliste, c'est une image mais qui comporte des éléments réels ! . Enfin, tout ce système de composition en tensions, oppositions et contradictions, culmine dans cet œil qui nous "dévisage" ! Le jeu des contrastes colorés semble s'équilibrer. Seul l'œil, traité en noir, blanc et sépia, subsiste, par opposition, comme un élément autonome. Raysse extrait l'œil de l'image. [...]
[...] Elle résiste cependant et de son œil unique semble nous engager à la plus grande vigilance. Notice extraite du catalogue des œuvres de Beaubourg, Collection (1986- 1996) Martial Raysse (1936- ) Martial Raysse a été associé très jeune au mouvement des Nouveaux Réalistes, et à ce titre lié au courant européen du Pop Art, dont il apparaît souvent comme le représentant français le plus prestigieux : sa participation à Dylaby au Stedelijk Museum en 1962, ses expositions à la Dwan Gallery à Los Angeles et à la galerie Iolas à New-York, ses décors pour les ballets de Roland Petit lui assureront rapidement une grande renommée internationale. [...]
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