En 1995, le studio Pixar révolutionne le cinéma en créant le tout premier long-métrage réalisé entièrement en images de synthèses : Toy Story. Sept ans après avoir réalisé Tin Toy, le premier court-métrage d'animation engendré uniquement grâce à l'ordinateur, John Lasseter, l'un des fondateurs et actuellement le directeur artistique du studio Pixar, prend le pari audacieux de réaliser un long-métrage fabriqué dans sa totalité par des images de synthèse. Toy Story est alors considéré, en raison de cette prouesse artistique, comme le nouveau Blanche Neige et les sept nains (1937) étant donné que ce film conçu par les mains des dessinateurs de chez Disney fut le premier long-métrage d'animation de l'histoire du cinéma. Pour les animateurs de Pixar, la performance aurait pu s'arrêter là et n'être qu'une simple anecdote dans l'histoire du cinéma. Pourtant, la trilogie Toy Story connaît un véritable succès tant du point de vue des critiques de cinéma que des spectateurs. En effet, en plus d'être parvenu à une telle performance technologique, les réalisateurs de la trilogie Toy Story (John Lasseter, Ash Brannon et Lee Unkrich) ont réussi à conquérir un très large public, tant les enfants que leurs parents. En effet, la majorité des productions du studio de la petite lampe blanche (Ratatouille ; Là-haut ; Wall-E ; etc.) engendrent des bénéfices commerciaux impressionnants. Pixar semble donc avoir trouvé la recette pour réunir dans les salles de cinéma un public hétéroclite. Le dernier volet de la trilogie est d'ailleurs pour le moment le succès commercial le plus important de l'histoire dans le box office pour un film d'animation. Il a également reçu en 2011 l'oscar du meilleur film d'animation.
Les films du studio Pixar donnent une existence à des personnages non humains qui vivent dans une communauté dont les hommes n'ont pas conscience. Nous pouvons citer pour exemples A Bug's Life (1998) qui raconte l'histoire d'une fourmilière ; Finding Nemo (2003) qui nous narre la vie de poissons ; Cars (2006) qui a pour personnages principaux des voitures ou encore Ratatouille (2007) qui s'intéresse à la vie d'un rat souhaitant devenir cuisinier. L'idée du film Toy Story consiste, quant à lui, à donner vie à des jouets quand les humains ont le dos tourné. Cette inspiration n'est pas totalement novatrice, le fait de donner vie à des êtres en toute logique inanimés a déjà été mise à l'oeuvre dans d'autres films. Nous pouvons penser au pantin de bois Pinocchio dont les studios Disney ont réalisé un dessin animé en 1940 ou plus récemment à Tin Toy (1988) de Pixar qui raconte l'histoire de Tinny, un jouet « homme-orchestre » qui essaye d'échapper désespérément à un bébé en couche culotte. La trilogie Toy Story s'inspire d'ailleurs de ce court-métrage pour créer le concept de base du film.
Il est intéressant de s'interroger sur la question de l'identité des jouets dans cette saga car ils coexistent dans le même monde que celui des êtres humains en menant une vie qui leur est propre. Leur rapport au monde est alors différent de celui qu'ont les humains étant donné qu'ils ne vivent pas à la même échelle et n'ont en conséquence pas les mêmes repères. De plus, comme ils ont été créés par la main des hommes, il semble que leur identité soit en partie établie grâce à eux et ne leur appartiennent donc que partiellement. En effet, à la différence des hommes, les jouets sont orphelins de nature, leur existence n'est due qu'à l'imagination des humains et leur identité semble donc être pré-établie. Or, la trilogie va démentir ceci en donnant aux jouets une identité qui varie vis-à-vis de celle pré-conçue. Comme les humains, les jouets vont tenter de donner un sens à leur vie même si leur apparence les cloisonnent, à priori, dans un certain rôle à jouer (...)
[...] Il est intéressant de noter que c'est un des seuls plans en mouvement. La mise en scène nous donnait jusque là des plans fixes sur 2 Au début du film, nous ne savons pas encore que les jouets d'Andy prennent vie quand les humains ont le dos tourné La banque d'Andy est Bayonne, le cochon-tirelire La Bergère sera d'autant plus vue comme une victime dans Toy Story 2 dans la scène où Andy joue avec elle en l'ayant attaché à une ficelle les jouets manipulés par leur propriétaire mais dès lors que Woody apparaît en gros plan, la caméra effectue un léger mouvement vers l'arrière afin de nous dévoiler la totalité du visage du cow boy. [...]
[...] Je ne veux plus jouer avec toi dorénavant. Ensuite, quand il le lâche, la contre-plongée associée à un effet de dézoom donne l'impression que l'arrière-plan s'éloigne de plus en plus de Woody comme s'il n'appartenait plus à ce monde. Puis il fait une chute dans un jeu de cartes uniquement composé d'as de pique qui s'éparpillent de toutes parts une fois qu'il passe au travers. Puis il dégringole seul, comme s'il plongeait dans le néant. Il apparaît sur un fond noir, tout en continuant de tomber pour finalement atterrir dans une poubelle. [...]
[...] Pricklepants La Brosse en version française), le hérisson, est le jouet de Bonnie qui se prend le plus au sérieux vis-à-vis de son rôle de peluche comme personnage à interpréter. Quand Woody tente de l'appréhender, Mr. Pricklepants coupe rapidement la conversation en lui disant qu'il se concentre sur son personnage. De plus, quand il demande aux autres jouets où il se trouve, on lui répond qu'il est soit dans un café à Paris ou au New Jersey. Le dinosaure Trixie lui dit également qu'elle a certainement vu un docteur et que celui-ci va changer sa vie. [...]
[...] Buzz est donc à la fois Indiana Jones, Superman et Anakin Skywalker12. Avec ses multiples références et clins d'oeils, Buzz l'Eclair est alors mis au même rang que tous ses défenseurs de l'humanité. Il a donc une identité multiforme associée à tous ces héros Yannick Dahan, Toy Story Épisode le suicide fantôme Positif, p Notons que Dark Vador est la seule référence d'un personnage maléfique associé à Buzz l'Éclair dans cette séquence. Le système de référence héroïque est donc finalement mis à bas. [...]
[...] Toy Story nous enseigne que notre identité ne nous appartient que partiellement car nous agissons bien souvent en fonction du regard que les autres portent sur nous. Nos faits et gestes sont souvent dus à ce que les gens attentent de nous. En cela, nous adoptons des postures et des comportements selon nos interlocuteurs. Il est assez compliqué de se connaître. En société, il semble difficile de se définir auprès d'un autre individu en ne parlant que de sa personnalité. Afin de se présenter, nous parlons souvent, en premier lieu, de notre profession avant de parler de nos goûts et de nos passions par exemple. [...]
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