Le retable Portinari a été commandé à Hugo Van der Goes par Tommaso Portinari (1424?-1501), agent de la banque des Médicis, le plus jeune et le plus entreprenant des deux représentants des Médicis à Bruges. Tommaso Portinari occupa une place de premier plan au sein de la colonie florentine installée en Flandre. Arrivé à Bruges en 1460, il prit la direction du comptoir de la banque des Médicis en 1463. Très intéressé par la peinture flamande, il commanda à Hans Memling une passion du Christ (aujourd hui à la Pinacoteca Sabauda de Turin) et le diptyque où il se fit représenter avec son épouse Margherita Baroncelli (New York, Metropolitan Museum of Art) (...)
[...] Tommaso Portinari occupa une place de premier plan au sein de la colonie florentine installée en Flandre. Arrivé à Bruges en 1460, il prit la direction du comptoir de la banque des Médicis en 1463. Très intéressé par la peinture flamande, il commanda à Hans Memling une passion du Christ (aujourd hui à la Pinacoteca Sabauda de Turin) et le diptyque où il se fit représenter avec son épouse Margherita Baroncelli (New York, Metropolitan Museum of Art). Il aimait la Flandre et ses artistes et bien que les italiens fassent mine de négliger l 'art flamand, que l'historiographie vasarienne néglige l'apport du nord à l'élaboration de la forme moderne de la peinture, les échanges au XVe s se font dans les deux sens et presque plutôt du nord vers le midi. [...]
[...] Hugo Van der Goes produit une peinture et, dans le même temps, une sculpture - ou du moins une imitation de celle-ci. Son talent a un avantage économique : le commanditaire n'a besoin de solliciter qu'un seul artisan pour une œuvre complexe de grandes dimensions. Les usages du carême contribuent également à expliquer l'emploi de la grisaille sur les extérieurs des retables. Dans certaines églises, alors comme aujourd'hui, les images saintes sont couvertes de tissus gris ou blancs pendant les quarante jours de pénitence qui précèdent Pâques. [...]
[...] Le retable arriva à Florence le 28 mai 1483 et y fut installé. Son impact sur les artistes locaux fut considérable: la célèbre adoration des mages peinte par Domenico Ghirlandaio (Florence, Santa Trinita) en est un exemple. Le retable Portinari constitue l'oeuvre la plus importante réalisée par un artiste flamand pour un client italien. Les jours de semaine, c'était généralement l'extérieur du triptyque qui accueillait le spectateur. Au moment où Hugo achève cette œuvre, il est traditionnel dans les Flandres d'y peindre des imitations de sculptures en grisaille. [...]
[...] Le panneau central représente une Adoration des bergers, avec l'Enfant Jésus entouré d'anges richement vêtus, Marie à genoux devant l'Enfant, Joseph se tenant pieusement à l'écart, les bergers accourant, une nature morte très naturaliste au premier plan et des anges flottant au dessus de la crèche. Ce panneau semble refléter les pratiques théâtrales (religieuses) contemporaines. La scène est inclinée vers le haut, en sorte que les participants, lorsqu'ils reculent dans l'espace, ne se masquent pas l'un l'autre et soient habilement disposés sur la surface du panneau. Les anges sont vêtus de diverses robes de prêtre, comme c'était l'usage dans les mystères médiévaux. [...]
[...] La prééminence accordée aux bergers est aussi certainement théâtrale. Il subsiste du reste des pièces entières sur ce thème pastoral, centrées sur la diversité des réactions humaines à la naissance du Christ, incarnées par ces humbles observateurs. Pour Hugo Van der Goes, les bergers sont réalistes car leur attitude reflète leur situation sociale : eux seuls ont la bouche ouverte, les mains crispées et les muscles tendus ; eux seuls rompent avec la dignité et la solennité de tous les autres participants et observateurs. [...]
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