John Wayne, Dustin Hofmann, Paul Newman, Robert Redford, Burt Lancaster, Henry Fonda, James Stewart, Dean Martin, Frank Sinatra, Clark Gable, Rober Mitchum, Lauren Bacall, Angie Dickinson, Orson Welles. Voici les noms d'acteurs que nous voyons défiler lors du générique de début. Le casting fait rêver, pourtant, celui-ci est trompeur. Aucun de ces grands noms n'a jamais tourné dans le même film. En 1993, la société de production la "Warner" fête ses soixante-dix ans et offre a Canal + l'autorisation d'utiliser à cette occasion des extraits de films de leurs productions et leur permettre ainsi de créer un film promotionnel. Michel Hazanavicius et Pierre Mézerette se chargent alors cette année-là d'écrire et de réaliser Le Grand Détournement, la Classe Américaine. Pour ce faire, les deux réalisateurs ont repris des extraits de plusieurs films préexistants de la Warner afin de créer un film inédit, hors du commun, en modifiant les dialogues des personnages afin de créer une nouvelle histoire. Cette technique est nommée "détournement". Cela consiste à réemployer dans une nouvelle unité des éléments artistiques préexistants pour créer une nouvelle oeuvre portant un message différent, souvent opposé au message original. Ainsi, les voix des acteurs américains sont redoublées en français par l'équipe travaillant pour Canal + à cette époque (Alain Chabat, Jean-Yves Lafesse, Domnique Farougiat, ...). L'intégrité des archives est donc mis à mal. Seul les images sont intactes. Le son est manipulé. Un nouveau film est alors crée à partir des images des extraits de films de la Warner. Une nouvelle histoire est donc fabriquée grâce au montage. Le Grand Détournement, la Classe Américaine raconte l'histoire de trois journalistes, Steven (Robert Redford), Peter (Dustin Hoffman) et Dave (Paul Newman) qui enquêtent sur les dernières paroles de George Abidbol, détenteur du titre de "l'homme le plus classe du monde" (John Wayne). Le montage, image et sonore, nous donne l'illusion d'être face à un véritable film, avec une véritable narration. Nous allons nous demander dans quelle mesure les différents extraits de films présents dans Le Grand Détournement, la Classe Américaine sont représentés et utilisés. Nous étudierons comment un nouveau récit est produit à partir d'images de films appartenant au passé. Dans un premier temps, nous verrons de quelle manière l'archive peut être détournée à des fins parodiques. Puis, nous montrerons de quelles manières les réalisateurs s'emparent de ces films. Pour finir, nous nous pencherons sur le fait que ce film s'adresse en particulier aux cinéphiles et rend donc hommage au cinéma (...)
[...] La séquence, dans The Artist, où Peppy Miller (Bérénice Béjo) enfile le vêtement de George Valentin (Jean Dujardin) nous renvoie à une séquence similaire du film Seventh Heaven (1927) de Frank Borzage dans l'appartement de durant laquelle Diane (Janet Gaynor) répare la veste de Chico (Charles Farrell) avant de se glisser dans les bras du vêtement. Photogramme du film Phantom of the Paradise. [...]
[...] Dans Les Looney Tunes passent à l'action (Joe Dante, 2002), Bugs bunny parodie le meurtre de Janet Leigh. Dans le film Stop ! Or My Mom Will Shoot (Roger Spottiswoode, 1992) et plusieurs épisodes des Simpsons, Psychose est également utilisé comme référence dans un but comique. Be Kind Rewind (2008 de Michel Gondry) parodie également de nombreux films. Ce film met en scène deux employés d'un vidéo-club qui, après avoir accidentellement effacé les cassettes qu'ils louent, choisissent de réaliser artisanalement des remakes des films[5] pour les remplacer. [...]
[...] L'utilisation des splits screens et la colorisation de l'image dans les films OSS 117 rappelle les films tournés dans les années 1960. Des films comme Sunset Boulevart (1950) de Billy Wilder et Sigin' in the rain (1952) de Stanley Donen et Gene Kelly ont influencé Michel Hazanavicius pour la réalisation de The Artist pour leur évocation du passage du muet au parlant et leur représentation tragi-comique d'un Hollywood disparu. L'histoire, qui évoque le destin croisé d'une star féminine montante et d'un acteur à la notoriété déclinante, fait surtout référence au film A star is born (1954) de William A. [...]
[...] Lev Manovich traite de l'inter-médiation dans le livre Le Langage des nouveaux médias (2010). Scary Movie 1 et 2 furent réalisés par Keenen Ivory Wayans et les 3 et 4 par David Zucker . Une personne qui ne connaît pas les films présents dans Le Grand Détournement, la Classe Américaine ne peut pas comprendre toutes ces références. Dans Le Grand Détournement, la Classe Américaine, au moment où le personnage d'Orson Wells meurt et tombe dans l'eau, il dit Rosebud c'est le dernier mot que le personnage dans Citizen Kane emploie avant de mourir. [...]
[...] Cet effet est renforcé d'autant plus par le fait que ce sont les authentiques comédiens de doublage de l'époque qui s'attribuent les voix des personnages détournés : la voix de Raymond Loyer, la voix française attitrée de John Wayne, et celle de Roger Rudel, la voix nasillarde de Kirk Douglas et Richard Widmark. En cela, la persona des acteurs est touché étant donné que le public reconnaît leur voix française qui leur a été attribué depuis le départ. Le mythe de John Wayne comme westerner intrépide est ici désacralisé car, dans ce film, il nous est présenté comme un homme extrêmement vulgaire avec des mauvaises manières. Les acteurs ont donc bien souvent des rôles à l'antithèse des personnages qu'ils ont l'habitude de jouer. L'effet comique fonctionne donc à merveille. [...]
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