La Catalogne de la fin du XIXe siècle est en pleine expansion industrielle, et son coeur se trouve à Barcelone. Cette évolution parfois brusque touche tous les domaines, de l'agriculture à la politique, l'économie. La production devient industrielle et commerciale et non plus artisanale et agraire. Pourtant, après l'Angleterre qui est le précurseur et connaît la révolution industrielle dès la fin du XVIIIe siècle, la France au début du XIXe, l'Allemagne et les Etats-Unis au milieu de ce même siècle, et même la Russie dans les années 1860, l'Espagne fait figure de retardataire, et la Catalogne est loin d'être la région la plus florissante du pays avant les années 1880.
Rien ne prédestinait cette région d'Espagne à l'explosion qu'elle a connue. Elle n'était pas facilement accessible par la terre, même avec le développement du chemin de fer et de quelques routes, car son terrain est montagneux. Elle ne possédait pas non plus de grand port commercial, donc pas d'accès privilégié à la mer. Aucune ressource minière comme le charbon, ni aucune matière première comme le coton n'étaient disponibles sur place, ce qui imposait une coûteuse importation si l'on voulait les utiliser. De plus, la société de cette région restait de mentalité assez archaïque. En effet, la hiérarchisation sociale y était très forte et les classes si délimitées qu'elles en étaient presque des castes. Une minorité, la bourgeoisie urbaine, possédait le pouvoir de façon exclusive, les paysans et la classe ouvrière constituaient le bas de l'échelle, et la classe moyenne était peu structurée.
Néanmoins, la Catalogne et sa capitale Barcelone vont connaître un grand développement dans les deux dernières décennies du XIXe siècle. Au cours du XIXe siècle, la population en Catalogne augmente fortement, pour atteindre deux millions d'habitants en 1900, dont le quart à Barcelone, à cette époque la région représentera même 74% du PIB de l'Espagne. Auparavant enfermée dans ses murs, la ville est au bord de l'explosion et doit s'étendre. Un plan d'urbanisme, le plan Cerdà, est établi en 1860 et prévoit de repousser les limites de la ville pour créer de nouveaux quartiers d'habitations, organisés en plan hippodamien. Malgré l'aspect révolutionnaire et unique au monde du projet, l'armée et les conservatismes empêchent de réaliser entièrement ce projet.
L'élément déclencheur a été la tenue de l'Exposition Universelle à Barcelone en 1888. Jusque là, les villes organisatrices de cet événement étaient reconnues d'importance internationale : Paris, Londres, New-York, Vienne, Philadelphie, Chicago. Barcelone n'a rien à voir avec elles, bien que surnommée "l'usine de l'Espagne", elle est peu connue dans le monde (...)
[...] L'urbanisme de Gaudi est pragmatique. Ses formes, qui peuvent paraître farfelues, sont en fait des réponses pratiques à des besoins, comme le banc qui est au soleil ou à l'ombre selon qu'on est en hiver ou en été, ou les colonnes inclinées pour le repos du marcheur. La religion est un élément important de la ville idéale de Gaudi et Güell : parmi le peu de bâtiments effectivement construits, figurent une chapelle et un calvaire. Plusieurs éléments, parfois des détails, rappellent au promeneur que les deux hommes étaient également très attachés à la Catalogne, dont ils ont tous deux cherché et profondément aimé les origines, les spécificités, la culture. [...]
[...] A chaque palier, la rampe est décorée sur sa tranche d'une mosaïque. L'escalier se dédouble, l'espace ainsi dégagé entre les deux parties contenant des plantes décoratives. L'une des vasques est recouverte de la fameuse salamandre mosaïquée, qui est devenue de nos jours le symbole du parc Güell. Au palier supérieur, les deux escaliers se regroupent pour permettre la mise en place d'un banc intégré et mosaïqué dans la plateforme de la colonnade. Ce banc a la particularité d'abriter du soleil, qui est haut l'été, et d'être ensoleillé en hiver. [...]
[...] Ils utilise beaucoup les courbes et les contre-courbes, brisées ou renforcées par le motif en damier. La grotte Elle se situe à droite de l'escalier principal. Elle se compose de quatre piliers en façade et d'un pilier central. La décoration des piliers est en pierres quasiment brutes. Encore une fois, on devine un profond respect lors de la conception de la nature et du terrain : Gaudi a par exemple récupéré une pierre trouvée sur le site et l'a insérée en décor d'une des colonnes, cette pierre rappelant le drapeau de la Catalogne. [...]
[...] Maître d'œuvre Antonio Gaudi nait à Reus près de Tarragone dans le sud de la Catalogne en 1852. Il fait ses études en Catalogne, et sort diplômé de l'Escuela provincial de arquitectura de Barcelone en 1878. En parallèle de ses études, il travaille dans plusieurs ateliers d'architecture, et rencontre les architectes barcelonais les plus en vogue de son temps comme Josep Fontseré ou encore Juan Martorell. Il fut très influencé par l'oeuvre de Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) en particulier ses écrits sur l'architecture médiévale gothique. [...]
[...] Car c'est bien à la bourgeoisie que Barcelone doit cette aventure. La tendance politique était à l'exacerbation des sentiments identitaires nationaux et régionaux, et cela valait aussi pour la Catalogne, pour laquelle les bourgeois voulaient faire une vitrine de l'Exposition Universelle. Aucune grande entreprise espagnole n'est attirée par l'événement, mais les industriels français sont nombreux à venir, sentant que le marché catalan est prêt à se développer. Une transformation profonde de l'urbanisme de la ville d'accueil accompagne généralement l'Exposition, et Barcelone ne fut pas une exception. [...]
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