Le mouvement futuriste débute en 1909 avec la publication du « Manifeste futuriste » écrit par Filippo Tommaso Marinetti, poète italien. Ce manifeste fondateur énonce la racine italienne de la nouvelle esthétique: "... nous voulons libérer ce pays de sa gangrène puante de professeurs, archéologues, cicérones et rétrogrades". S'adressant au monde entier, le Futurisme italien se déclare contre le passé bourgeois et le traditionalisme culturel. À l'oppression du passé, le mouvement oppose la glorification du monde moderne et de la ville industrielle.
Il revient à Carlo Carrà d'avoir peint l'une des œuvres incarnant le plus totalement l'idéal originel du futurisme. "Les Funérailles de l'anarchiste Galli" (1911) évoque sans ambiguïté le manifeste de Marinetti qui chantait "le geste destructeur de l'anarchiste". Il est présenté pour la première fois en février 1912 à Paris lors de la première exposition de peintres futuristes, organisée à la galerie Bernheim-Jeune. C'est une des premières œuvres futuristes.
Né en 1881, Carrà est considéré comme l'un des pères fondateurs du mouvement mais la formation de Carrà, qui étudia à l'Académie de Brera, est classique. Autant théoricien que peintre Carrà va jusqu'à publier en 1913 le Manifeste : « La peinture des sons, bruits et odeurs ». Très influencé par le cubisme il recherche l'équivalent plastique d'une sensation ou d'une énergie plutôt que la décomposition du mouvement. La violence se répercute dans la peinture de Carrà et pénètre dans ses solutions esthétiques.
Comment Carrà met en pratique dans ce tableau les volontés et les dogmes futuristes ? Que cherche-t-il à représenter et retranscrire?
[...] Les couleurs sont là pour représenter des sensations. Pour lui les odeurs peuvent à elles seules déterminer dans notre esprit des arabesques de forme et de couleur constituant le thème d'un tableau et justifiant sa raison d'être. Il prend l'exemple d'une chambre totalement noire remplie de fleurs. Notre esprit construit alors des ensembles plastiques très spéciaux qui correspondent parfaitement aux odeurs de la chambre. Par une transformation de notre esprit ces odeurs sont devenues une force ambiance déterminant un état d'âme pour les futuristes. [...]
[...] On est pris dans le tourbillon de la scène. Carrà prend le spectateur à témoin, il l'appelle à l'aide et le met en première ligne face à l'attaque de la cavalerie, parmi les défenseurs du cercueil. Dans cette situation, le corps du spectateur est concerné avant son esprit, son émotivité avant son sens esthétique. Carrà provoque le spectateur il cherche à le faire participer a le scène, il le prend à partie. Le manifestant tout proche, au premier plan, qui nous tourne le dos et qui s'enfonce en diagonale vers le centre de la toile est une sorte de reflet, de double qui veut l'entraîner. [...]
[...] Il veut traduire la transparence et la simultanéité de ses impressions et l'aspect brouillé du tableau correspond à cet objectif. Par une saturation iconographique d'éléments dans le tableau il veut évoquer une saturation de ses sentiments. Il essaye de traduire par des lignes et des tourbillons ses pensées ainsi que toutes celles présentes dans la scène. La pensée vibrante des masses face au monde moderne associé à sa pensée personnelle engendre ce bouillonnement vertigineux de formes et de couleurs« . [...]
[...] Leur art est comme une chronique de leur époque et des nouvelles préoccupations et ils revendiquent la place du spectateur en tant qu'acteur de la toile. L'art du passé est une grande absurdité qui repose sur des principes moraux, religieux et politiques. Ce n'est qu'avec l'art futuriste que l'art naît réellement. Une chronique des préoccupations modernes Le tableau représente la cérémonie funèbre de l'anarchiste Galli en 1904. Contrairement aux tendances modernes, le futurisme ne relègue pas le sujet au second plan. Son lien essentiel au monde physique comme son engagement social et politique réhabilitent l'iconographie. L'Œuvre est porteuse d'une narration. [...]
[...] Mais les futuristes sont aussi attentifs à la dimension de l'inconscient, de l'irrationnel, de l'irréel. Ils fouillent les états d'âme, le degré émotif et le rapport avec la réalité les préoccupent. La simultanéité des événements Le dynamisme, la simultanéité et la synesthésie (c'est-à-dire l'implication simultanée de tous nos sens) sont les caractéristiques dominantes de l'œuvre d'art futuriste. Carra applique la théorie de la simultanéité vue comme un espace psychologique où convergent vision, connaissance et mémoire (Bergson). Cette théorie, également discutée par les cubistes et les orphistes à Paris, consiste en la synchronisation de divers évènements et leur cristallisation dans l'œuvre d'art. [...]
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