Etude du tableau "La femme à la guitare" de Georges Braque. Cette oeuvre cubiste fait l'objet d'un décryptage, partie par partie, de l'intérieur de la matière picturale. Cette analyse de différents éléments de la peinture nous amène à saisir les imbrications entre les mots et les figures. Comparaisons ou mise en relation avec d'autres artistes comme Picasso nous permettent de mieux saisir l'originalité du peintre.
[...] Georges Braque, espiègle, se joue de nos certitudes avec les moyens propres à la peinture. Il nous rappelle comme Picasso que la peinture est un langage visuel . Un langage qui s'apprend et dont la syntaxe est toujours à reconstruire. Mais c'est aussi un langage qui laisse au spectateur la possibilité de projeter ses propres images et ces propres interprétations. En superposant fragments de figures et fragments de mots, il nous introduit dans un “espace feuilleté”( pour reprendre l'expression de Paulhan à propos de la peinture cubiste). [...]
[...] Habile hommage à un poète si inventif et irrévérencieux avec le langage . Ce principe permet d'amener un double sens et d'engager le spectateur à son tour dans une réflexion sur la part de ce que l'artiste décide et sur la part d'interprétation qu'il laisse au spectateur. Revenons une nouvelle fois sur les mots dans cette peinture. A droite, l'énigme est forte : on peut lire le mot : SOATE. Dans ce contexte musical difficile de ne pas rajouter un N pour reconstituer le mot SONATE. [...]
[...] Si l'on observe bien le composition du tableau on peut extraire trois parties. A-la partie supérieure B-la partie médiane C-la partie inférieure A-la partie supérieure Au centre de la partie supérieure deux rectangles se superposent. Sur le premier apparaît la forme du visage vu de face. Avec les limites du deuxième se dessine un nez de profil sous lequel des lèvres charnues et sensuelles sont dessinées avec un réalisme inattendu. Les paupières sont baissées (on se demande d'ailleurs si celle de droite est baissée ou ouverte tant elle est recouverte par l'ombre portée du nez) comme si la musicienne voulait garder en elle une impression fugitive ou agréable, un rêve peut-être. [...]
[...] A priori rien de ce que nous connaissons d'une femme ou d'une guitare apparaît clairement. Des lettres ou des fragments de mots apparaissent inscrits sur la partie basse du tableau. Quant à la palette de Braque, elle est essentiellement constituée de camaïeux de gris, d'ocre et de brun. Quelques masses sombres rythment également la composition. décryptage Les mots "femme" et "guitare" devraient évoquer pour nous des images familières liées à la fête au spectacle et à la musique. Pourtant les figures mises en place par le peintre nous maintiennent d'abord à distance. [...]
[...] il y a ici un jeu de courbes en cascade qui conduisent notre regard à la guitare. Point d'orgue du tableau : un aplat de couleur ocre jaune. A l'aide d'une raclette, braque strie la surface pour lui donner la texture du bois. Les cordes et la rosace sont les signes qui nous permettent d'identifier la guitare sans ambiguïté. On reconnaît, en teinte claire sur fond gris bleu, une main dont quatre doigts semblent être posés sur un manche qui n'existe pas. Cette main fait le lien avec la partie inférieure du tableau. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture