"Tous les autres s'appellent Ali" : comment Fassbinder traite-t-il la figure de l'étranger ?

Résumé du document

Le film date de 1974. L'action se déroule à Munich, en République Fédérale (RFA)

Durant les Jeux Olympiques de 1972, organisés à Munich, des Palestiniens ont tué deux Israéliens et pris neuf autres en otages, qu'ils ont tués par la suite. La police est intervenue et cinq Palestiniens ainsi qu'un policier ont été tués. Lorsque le public allemand reçoit ce film en 1974, il est sensible aux populations arabes. Le film de Fassbinder n'est pas construit à partir des événements de 1972 mais s'inspire du film Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk.

Problématique : Comment Fassbinder traite-t-il la figure de l'étranger dans ce film ?

Ali, Marocain, est envisagé par sa compagne (Emmi), les voisines, l'épicier, les femmes de ménage ainsi que la famille d'Emmi.

- les voisines :
Elles ont des préjugés sur la couleur de peau d'Ali ; elles disent qu'il est "Noir", que c'est "un nègre". À cette époque, le terme nègre est chargé d'une connotation péjorative. Ali est victime des stéréotypes, des préjugés ; tels que "un marchand de tapis". Emmi est elle aussi la cible des discussions de ses voisines. Elle est blâmée pour son nom de famille (Kurowski), ses voisines disent qu'elle est étrangère et semblent lui en vouloir. Or, il s'agit du nom de famille de son mari défunt, Polonais.

Emmi fait allusion au passé hitlérien de l'Allemagne. On comprend donc que bien qu'en 1974, la société tente depuis des années d'effacer toute trace du régime nazi, les mentalités sont marquées et il est logique que l'on retrouve alors des propos racistes dans la bouche de certains Allemands (...)

Extraits

[...] Problématique : Comment Fassbinder traite-t-il la figure de l'étranger dans ce film ? Ali, Marocain, est envisagé par sa compagne (Emmi), les voisines, l'épicier, les femmes de ménage ainsi que la famille d'Emmi. les voisines : Elles ont des préjugés sur la couleur de peau d'Ali ; elles disent qu'il est Noir que c'est un nègre À cette époque, le terme nègre est chargé d'une connotation péjorative. Ali est victime des stéréotypes, des préjugés ; tels que un marchand de tapis Emmi est elle-aussi la cible des discussions de ses voisines. [...]

[...] analyse des plans cinématographiques des scènes avec les femmes de ménage, dont Emmi : - Emmi est dans le groupe, au milieu des trois autres. - Puis, quand les autres apprennent sa relation avec un étranger, elle est ostracisée ; elle est seule alors que les autres mangent ensemble. - Une nouvelle femme de ménage arrive de Yougoslavie. Elle est exclue et laissée de côté par les autres, y compris Emmi, qui est donc capable également d'agir de façon raciste. [...]

[...] Ils sont attablés dans une ambiance festive et une musique orientale accompagne le repas. Heureuse, Emmi suscite la jalousie de la patronne du bar et d'une amie à elle. Ces deux-dernières parlent d'Emmi comme une vieille putain Elles sont manifestement jalouses. On relève donc la jalousie et l'hostilité de ces femmes sur le plan sentimental. Puis, Emmi danse avec Ali. La danse est une scène récurrente qui intervient trois fois dans le film (au début, à ce moment et à la fin). Au restaurant, Ali et Emmi revêtent leur costume de mariés. [...]

[...] Dès lors qu'elle donne son accord, il s'en va activité proposée Balamissa Mehdi Séquence 6 Bac Français 2012 Dernière scène de l'escalier : Les femmes de ménage accueillent une nouvelle camarade : Yolanda, une Yougoslave. Elle est exclue du groupe. On retrouve la même configuration qu'avec Emmi. On remarque également les mêmes mouvements de caméra et Yolanda a la même position dans l'escalier qu'avait Emmi lorsqu'elle était rejetée par les autres. Elle mange seule. Emmi est donc aussi hostile aux étrangers, ce n'est pas un personnage complètement angélique. Emmi accueille chez elle ses voisines qui semblent admirer Ali : je pensais qu'ils ne se lavaient pas dit une voisine. [...]

[...] Emmi s'insurge donc contre l'homme qui a eu un comportement raciste et inacceptable envers son mari. Les voisines reprochent à Emmi la saleté présente sur le pas de sa porte. Elles suggèrent qu'un locataire de plus, Ali, engendre logiquement plus de poussière. Alors qu'Emmi fait les comptes des gains du couple, elle formule l'envie de s'acheter un coin de paradis avec leurs salaires cumulés. C'est peut-être là la marque d'un désir d'émancipation. Emmi veut s'affranchir des remarques racistes des autres. [...]