L'équipe de Cardiff est une œuvre de Robert Delaunay (1885-1941), elle fut réalisée en 1913. C'est une peinture à l'huile sur toile mesurant 195 cm sur 132 cm. Elle est conservée au musée d'Art Moderne à Paris.
Les choix chromatiques de l'artiste semblent être liés à un article de Gabriel Mourey sur l'art et le sport mettant en évidence le goût des sportifs pour des couleurs pures. En effet dans cette œuvre Delaunay a opté pour les couleurs franches contre l'intellectualisme de la forme pure. Les couleurs sont très vives, le jaune semble prédominer dans cette œuvre, c'est la principale source de lumière. Ce sont les couleurs qui créent l'espace et la profondeur et surtout le mouvement. Nous avons des aplats de couleurs, les formes ne sont que partiellement déterminées. Nous n'avons pas de réelles formes humaines, mais plutôt une composition géométrique mêlant des personnages à des espaces vides. Cette toile est composée de nombreuses verticales, qui orientent notre regard vers le haut.
[...] Selon Delaunay, la peinture devait être avant tout le domaine de la couleur et se suffire à elle-même la couleur devait y être à l'état pur. Elle devait être tirée du spectre solaire de Chevreul, un scientifique qui travaillait sur la couleur. Il était également très admiratif envers le travail de Seurat, autre artiste s'intéressant au rapport de la lumière sur la couleur. Delaunay étudie le thème de la ville d'après des cartes postales dont il est un grand collectionneur. [...]
[...] Le simultané fut découvert en 1912 dans un poème d'Apollinaire, ce dernier considère le simultané comme le fait que la couleur ait un sens descriptif, c'est la couleur pour la couleur elle serait langage universel. C'est une sorte de vague de mode simultanée montante qui correspond à un désir. Ce désir transcrit par les réclames, les affiches publicitaires. En effet elles seraient indéniablement l'évolution vers la couleur vivante. Le thème de cette œuvre est issu d'une photographie parue le 18 janvier 1913 dans Vie au grand air. Photographie présentant une scène de mêlée lors d'un match opposant deux clubs français. [...]
[...] L'Équipe de Cardiff est une sorte de patchwork coloré, où domine une vision planimétrique. Le groupement des motifs s'effectue autour de l'axe médian vertical animé par une courbe qui traverse la toile. Courbe partant des pieds des joueurs en extension jusqu'au sommet de la Roue. Cette courbe permet le glissement architectonique c'est-à-dire la perte de fondation de la nouvelle architecture. En effet les trois structures (Tour Eiffel, Grande Roue et le biplan) sont arrachées aux lois de la pesanteur. Le choix métaphorique de la firme ASTRA (société de construction d'aéroplanes) confirme l'ouverture du champ de la peinture aux dimensions infinies de l'espace sidéral, à la composition verticale et dynamique ascensionnelle du tableau. [...]
[...] Nous avons aussi la présence de panneaux publicitaires rappelant le milieu urbain de la composition. Ces affiches de publicités ont des proportions qui s'affranchissent de la perspective linéaire de l'œuvre. Dans la partie supérieure de la toile, on peut voir une représentation assez cubiste d'un biplan, ce dernier est composé de trois ensembles rectangulaires et d'un carré. Ce biplan semble suivre le mouvement de la roue. Il est le seul élément qui suit un certain point de fuite au niveau de la perspective. Tous ces éléments sont tirés de divers supports. [...]
[...] En effet cette époque est une époque de gestation, d'effervescence de jeunesse à la recherche d'un art nouveau. L'équipe de Cardiff est la première manifestation de cette tendance orphique. Dans ce tableau, on a une vision plus intérieure, plus populaire, plus poétique de l'univers et de la vie. Cette tendance n'est pas non plus une invention subite, elle est l'évolution lente et logique de l'impressionnisme, du divisionnisme, des écoles fauves et du cubisme. Seul le mot est nouveau (Apollinaire est le premier à l'employer). [...]
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