Commentaire littéraire (bac +5) de l'oeuvre hyperlittéraire Ecran Total d'Alain Salvatore (pour accéder à l'oeuvre en ligne : http://alain.salvatore.free.fr/).
[...] Un des intérêts du texte littéraire classique est 9 de nous faire rêver, et de nous emmener loin de nous, dans un irréel réaliste. Réel que l'on s'approprie sans doute (que l'on rationalise) mais qui reste un Ailleurs. Ecran Total le permet certes par moments, mais cela ne semble pas être l'objectif primordial de l'auteur. L'"hyperlittérature" requiert du lecteur davantage une mise en danger effective qui peut ne pas être accessible à tout le monde : le lecteur de l'hypertexte n'ai plus la maîtrise narrative du texte, qui lui échappe totalement. [...]
[...] Son contenu explique sa forme interactive. L'Avertissement au lecteur semblait justifier le choix du support hypertextuel: Le texte s'y inscrit dans une origine obscure qui lui confère une once de mystère. Topos littéraire qui donne envie de décrypter le message, que ce texte ne peut que contenir. En fait, cela permet uniquement au lecteur de poursuivre sa lecture. Très vite, celui-ci se rend à l'évidence que le texte contient quelque chose de plus irréductible, et pourquoi pas une pratique théorisée de l'hypertextualité? [...]
[...] Si l'on poursuit le raisonnement de Camus, ce n'est pourtant pas dans l'absurde mais dans la prise de conscience, née de la relation à l'absurde, que peuvent être construits les fondements d'une nouvelle pensée. Dans cette optique, l'hypertextualité pourrait être un moyen de donner à la littérature une aspiration nouvelle, qui réside moins dans l'absence de sens que dans une esthétique focalisée sur la structure fondamentale qu'est la phrase. L'obscurité est féconde. L'absurde ne l'est pas. [...]
[...] Une image de circonstance, un livre, propose de suivre un ordre. Logique? chronologique? On ne sait pas vraiment. Cela permet uniquement, aux lecteurs novices, de ne pas se sentir totalement perdus par l'histoire. Cependant l'auteur ne semble pas préconiser cette lecture : l'icône ne présente pas explicitement la suite du récit et Alain Salvatore s'attache davantage à mettre en relief l'utilisation possible de liens. D'ailleurs certaines pages ne peuvent être appelées qu'ainsi. Écran Total apparaît donc comme une succession de saynètes, certaines pouvant être rapprochées, d'autres s'imposant comme des espaces clos, difficilement interprétables. [...]
[...] D'ailleurs les effets d'échos apparaissent clairement dans l'Avertissement au lecteur comme des "bouées" lancées au lecteur un peu perdu : l'auteur insiste trop sur ces clés, pour qu'il s'agisse réellement d'un jeu de pistes. Salvatore semble deviner que son texte doit plaire pour exister à long terme. Il a donc recours à des ficelles narratives évidentes ; cela permet au lecteur de passer d'une situation de lecture ordinaire, connue et reconnue comme efficace, à une situation dépourvue de tout repère. Seul le principe fondateur reste inchangé. Ainsi la volonté interprétative n'a-t-elle plus lieu d'être, remplacée par le plaisir du flou. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture