L'œuvre étudiée est le diptyque de Melun réalisé par Jean Fouquet vers 1450, et comportant un premier panneau en bois représentant Etienne Chevalier avec Saint-Etienne, mesurant 93*85cm, ainsi qu'un second panneau en bois représentant la Vierge à l'Enfant et mesurant 91*81cm.
Les deux volets sont maintenant séparés: le premier fait partie des collections du musée de Berlin, et le second se trouve au musée d'Anvers.
Le diptyque de Melun est une commande d'Etienne Chevalier, trésorier du roi de France Charles VI, pour sa chapelle funéraire dans la cathédrale de Melun.
Un diptyque est un ensemble de deux panneaux reliés par un cadre de bois à charnières, et qui se trouve en général sur un autel.
Jean Fouquet (1420-1481) vit à Tours au début de sa vie, où il dirige un vaste atelier d'enluminures. Portraitiste dès la fin des années 1440, il effectue entre 1443 et 1447 un voyage en Italie, où il entre en contact direct avec la source de la Renaissance italienne. Il visite alors Rome, Naples et Florence, et entre en contact avec les artistes de la perspective tels que Fra Angelico, Domenico Veneziane, et Pierre della Francesca, et il se documente aussi sur l'Antiquité. En Italie, il réalise deux de ses œuvres majeures que sont le portrait de Charles VII et la Pietà de Nouans inspirés des leçons de Jan Van Eyck, ainsi que le portrait du pape Eugène IV aujourd'hui disparu. Rentré en France, il ouvre à Tours un prospère atelier d'enluminure dont l'œuvre la plus importante reste le Livre d'Heures de 47 enluminures d'Etienne Chevalier vers 1453. Il travaille en 1448 à la Cour de Charles VII (1429-1461) puis de Louis XI (1461-1483) dont il devient le peintre officiel à partir de 1475.
Sur le premier panneau de gauche nous pouvons apercevoir Etienne Chevalier agenouillé sous la protection de son saint patron Saint-Étienne. Sur le second panneau de droite se trouve la Vierge en majesté portant l'Enfant Jésus sur ses genoux, entourée d'un groupe serré d'angelots rouges (séraphins) et turquoises (chérubins).
Comment Jean Fouquet réussit-il à peindre une image pieuse tout en y introduisant, par le biais de nouvelles techniques, des éléments révélateurs de la société du XVème siècle?
Dans une première partie nous expliquerons quels sont les divers apports de l'art européen, puis nous montrerons l'importance de l'image de dévotion de ces panneaux. Enfin, dans une dernière partie, nous décrirons la nouvelle image de la religion au XVème siècle.
[...] Dans une première partie nous expliquerons quels sont les divers apports de l'art européen, puis nous montrerons l'importance de l'image de dévotion de ces panneaux. Enfin, dans une dernière partie, nous décrirons la nouvelle image de la religion au siècle. Les divers apports européens 1-La France : la sculpture et la tapisserie Sur le second panneau, la Vierge présente des formes sculpturales, et son sein nu figure pratiquement une sphère parfaite. Le fond est composé de séraphins (anges du jour) et de chérubins (anges de la nuit).Ceux-ci forment une surface continue pareille à une tapisserie. [...]
[...] De plus, la description précise des détails de la couronne découle directement de la culture figurative nordique. II- L'image de dévotion dans la continuité gothique 1-La piété solennelle Sur le second panneau, nous pouvons constater que les séraphins (anges du jour) situés au-dessus de la Vierge de part et d'autre de sa tête ont le regard baissé dans une attitude de piété. On ne peut pas voir leurs yeux qui semblent quasiment clos. Les chérubins (anges de la nuit) quant à eux, semblent regarder pour certains le visage de la Vierge, et pour d'autres l'Enfant Jésus. [...]
[...] Cette technique de la perspective crée un effet de profondeur dans la peinture. Contrairement aux peintures où la perspective est absente, le regard du spectateur ici parcourt le tableau non seulement d'un bout à l'autre de l'image, mais également du plus près au plus profond. Le contact direct de Fouquet à la source de la Renaissance italienne lui permet d'appréhender les nouvelles formes d'architecture qu'il utilise dans la représentation de ses arrière-plans. Fouquet joue également de la lumière dans la construction de son image picturale. [...]
[...] La représentation de la Vierge est typique du monde médiéval par son hiératisme solennel, conjugué à l'air grave de l'enfant. Cette représentation présente la sévérité d'une icône. En effet, Fouquet insiste sur la solennité du moment, le dépassement de l'instant, qui vise à atteindre la rigueur des images divines. L'Enfant Jésus regarde à sa droite et pointe son index gauche dans la même direction, désignant sûrement l'autre panneau du diptyque. Sur le premier panneau, Etienne Chevalier s'agenouille avec retenue et sobriété devant la Vierge sur le panneau de droite. [...]
[...] Le fait même que la Vierge soit représentée en majesté, qui fait référence aux représentations du Christ adulte en majesté, nous montre l'importance que la religion à l'époque accorde à l'image mariale, et illustre également le fait qu ‘elle est mise sur le même plan divin que le Christ lui-même. De plus, Fouquet livre ici une image de femme montrant un certain érotisme en dévoilant son sein. En effet, l'époque de François Ier a insisté sur une image d'apothéose érotico-religieuse. Le modelé ferme mais plein généralisant les traits et les traduisant en formes simples indiquent une volonté d'idéalisation du visage de la Vierge, peut-être influencée par Piero della Francesca. Fouquet n'idéalise ses personnages que pour figurer le monde divin. [...]
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