Tony Cragg fait partie de la nouvelle école de sculpture anglaise qui s'est imposée dans les années 80. La plupart de ses membres, Richard Deacon, Barry Flanagan, Bill Woodrow sont des élèves d'Anthony Caro, grand maître de la sculpture métallique. C'est la reproduction d'une sculpture/installation/bas-relief en forme de palette d'artiste qui nous est proposée. Le travail de Cragg est principalement orienté vers l'organisation, le tri, le classement, l'organisation de matériaux divers. Il semble souvent revenir à une activité primordiale de l'être humain : classer, combiner (...)
[...] Un vide le sépare des autres fragments. On pense alors à l'art de la mosaïque, mais une mosaïque modernisée, d'un artiste qui connaîtrait le travail de Gaudi, d'Arman et de Spoerri. Les "tesselles" ne sont pas régulières, elles sont fixées directement sur le mur et non pas scellées. On suppose que l'artiste fournit un plan d'accrochage avec l'œuvre lors de son exposition. Les fragments de plastique colorés sont non seulement disposés de façon à représenter le dessin d'une palette classique de peintre mais ils sont aussi rangés et classés par couleur. [...]
[...] celle des matières plastiques! Il faudrait enfin noter que ce n'est pas ici une "palette" mais le signe d'une palette que nous propose l'artiste. Cragg investit ce signe par des fragments à peine reconnaissables, c'est-à-dire par des éléments qui n'ont pas entièrement droit au statut de signes! Cet élément reconnaissable, parfaitement reconnu, qui a droit à notre respect, à notre "reconnaissance", est constitué d'éléments non reconnus, qu'on ne peut reconnaître, par des inconnus!!! * * * Ce qui semblait simpliste est en réalité d'une complexité étonnante. [...]
[...] Le travail de Cragg est principalement orienté vers l'organisation, le tri, le classement, l'organisation de matériaux divers. Il semble souvent revenir à une activité primordiale de l'être humain: classer, combiner. * * * Palette. L'œuvre est imposante, près de 2 m de haut, elle nous fait face, disposée sur un mur. Il ne s'agit pas de sculpture en ronde-bosse mais plutôt de bas-relief mural. En réalité on distingue les éléments discrets qui constituent l'œuvre: fragments de plastiques colorés, pelles, briquets, couvercles de récipients . L'ensemble a une forme reconnaissable de palette de peintre multicolore. [...]
[...] Mais en 1985, date de cette œuvre, les courantes néo-peintures (Peinture-Peinture, Nouvelle Figuration) fleurissent en Occident, produisant des œuvres toniques, légères, enjouées . et humoristiques! C'est peut-être ce qu'il conviendrait de noter ici, la dose d'humour et de bonne humeur des couleurs éclatantes de cette œuvre. Nous sommes loin des collages de Schwitters! Malgré la diversité des éléments composants cette palette un dénominateur commun s'impose: le plastique. Il y a donc une unité, et celle-ci est factice, chimique, éminemment synthétique . [...]
[...] Doit-on appréhender chaque élément isolément ou la totalité des fragments? Est-ce la peinture qui menace d'éclater? On hésite devant cette œuvre à la qualifier de sculpture. En effet l'ensemble des objets ne tient que par une opération de collection, de disposition . C'est peu! On ne peut parler d'assemblage mais plutôt d'opération mentale mise en forme. Le vide ronge l'œuvre comme le chaos menace l'ordre du monde . Et d'ailleurs que fait l'artiste ici sinon de mettre un peu d'ordre dans un chaos d'objets à peine reconnaissables. [...]
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