Par ailleurs, la composition de Titien joue sur des contrastes de clair-obscur avec des ombres violentes : la terre, la forêt, le corps de Marsyas à l'inverse de la peau des hommes, pâle et rosée. La photographie diffère de ce jeu de lumière, elle paraît neutre avec cette personne noire devant un fond rouge, dénué d'effets. La peinture possède l'art de rendre, parfois, le geste de l'artiste apparent, dévoilant ses émotions (...)
[...] Sa carrière est indissociable de cette ville, alors à son apogée. Il reçut sa formation dans l'atelier des Bellini, où il s'inspira surtout du plus talentueux des trois fils, Giovanni, qui accorde, dans sa peinture, la primauté à la couleur. Enfin, notre artiste reçoit une dernière influence, celle de Giorgione (mort en 1510), qui établit dans ses œuvres une sorte de synthèse entre les clair-obscur de Vinci et la couleur de Bellini. Quant aux deux autres artistes, Anthony AZIZ et Sammy CUCHER, ils vivent à New-York, collaborent depuis 1991 et réalisent une œuvre questionnant l'évolution des concepts de nature, l'importance des manipulations génétiques et l'influence des technologies modernes dans le monde contemporain. [...]
[...] La peinture possède l'art de rendre, parfois, le geste de l'artiste apparent, dévoilant ses émotions. Ici nous assistons à une grande maîtrise des couleurs mais surtout à un vrai travail de la matière. Les traits paraissent durs, violents comme liés à l'affreuse tragédie de cette scène. LE TITIEN réalisa ce tableau durant ses derniers jours et avait introduit sur la fin un style inachevé en brossant rapidement ses personnages par grosses touches. Nous nous interrogerons plus tard, sur les sentiments de l'artiste mis en jeu dans cette scène. [...]
[...] D'autre part, quels effets provoquent ces œuvres sur le spectateur ? LE TITIEN nous rend tout d'abord témoins, comme ses personnages, de cette atroce scène. Cherche-t-il à nous troubler par un malaise profond, par le dégoût ? Nous faire ressentir ses sentiments ? Libre à nous de choisir à qui nous pourrions nous identifier : ceux passifs, cyniques ? Celui qui est humain devant pareille injustice, chante, clame peut-être sa solidarité mais aussi son impuissance ? L'œuvre n'en reste donc, pas moins expressive, prégnante, déclenchant de multiples émotions d'un spectateur à un autre. [...]
[...] Par ailleurs, nous pouvons constater que le dispositif scénographique de l'oeuvre est symétrique c'est-à-dire qu'il y a trois individus de chaque côté de Marsyas. De plus, les deux bras des bourreaux, celui du satyre et celui d'Apollon semble encercler le jeune homme persécuté. Ces deux éléments, ont-ils été créés pour concentrer l‘attention des spectateurs sur le corps, centré, de la victime ? Arrêtons-nous maintenant sur la photographie d'AZIZ et CUCHER. Un plan frontal nous présente le buste et le visage d'une ou d'un noir. [...]
[...] Au spectateur passif et cynique, au témoin impuissant et révolté d'une telle injustice ? Néanmoins, il tient avant tout à figurer son modèle en pleine action, rendant une œuvre des plus expressives et parfaitement contrôlée. Demandons-nous enfin, si cette violence se dégageant de la scène, n'est pas le reflet d'un artiste, aux derniers jours de sa vie, inquiet vis-à-vis du monde qui l'entoure, angoissé par l'approche de la mort. Sa composition restera considérée comme typique de la dernière période de sa longue carrière de peintre mais aussi comme son testament artistique, inspiré des Métamorphoses d'OVIDE. [...]
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