Après avoir débuté avec des oeuvres monochromes, basées sur le "retrait" (cf. le De Kooning effacé : De Kooning erased), Robert Rauschenberg va, à la fin des années 50, s'orienter vers un art d'assemblage qu'il nommera "Combine Paintings". Il effectue la liaison entre l'Action Painting fondé sur le geste et le Pop'Art naissant qui renoue avec l'appropriation des éléments de rebut, telle que la pratiquait Schwitters.
Les Combine Paintings proposent donc deux niveaux de lecture superposés pour créer une originalité plastique qui apportera à Rauschenberg le Grand Prix de la Biennale de Venise en 1964 (...)
[...] C'est sur la valeur d'usage de ces marchandises que joue l'œuvre. Hors d'usage, l'artiste leur confère à nouveau une valeur, esthétique et donc d'échange. C'est la société de consommation des années 60 qui se reflète ici. Rauschenberg réalise l'impensable de cette société: il utilise ce qui doit être jeté. Et pire, ces déchets font irruption dans notre propre espace, dans notre espace propre! L'effet d'irruption est certainement renforcé par la faible profondeur du tableau. En effet, les différences de valeur induisent un effet de profondeur. [...]
[...] L'espace du tableau est presque carré. Une limite horizontale distingue le tiers supérieur sombre de la partie inférieure très claire. Le disque blanc de la partie haute appelle, en écho, les cercles concentriques du pneu posé à même le sol du musée et dans lequel s'engage le tableau. Une planche verticale, elle aussi engagée dans le pneu, assure une meilleure liaison entre les deux éléments, à la fois structurelle et visuelle. Une verticale légèrement oblique, brune, sans doute de tissu collé répond dans l'espace du tableau à celle, bien réelle, de la planche zébrée de noir et blanc. [...]
[...] C'est l'intrusion de l'objet réel dans l'œuvre qui est ici en évidence. Les deux dimensions du tableau sont remises en question par l'introduction d'objets réels ayant trois dimensions. Néanmoins la frontalité picturale est conservée. Une partie de l'œuvre sort de l'espace du tableau pour accéder à notre propre espace. C'est donc un questionnement sur la distinction peinture/sculpture et surtout une remise en cause des limites de l'œuvre. Où s'arrête le tableau? où commence la réalité? L'élément majeur de l'œuvre, le pneu, opère ici de multiples façons. [...]
[...] Analysez cette œuvre de Rauschenberg. Corrigé Après avoir débuté avec des œuvres monochromes, basées sur le "retrait" (cf. le De Kooning effacé : De Kooning erased), Robert Rauschenberg va, à la fin des années 50, s'orienter vers un art d'assemblage qu'il nommera "Combine Paintings". Il effectue la liaison entre l'Action Painting fondé sur le geste et le Pop'Art naissant qui renoue avec l'appropriation des éléments de rebut, telle que la pratiquait Schwitters. Les Combine Paintings proposent donc deux niveaux de lecture superposés pour créer une originalité plastique qui apportera à Rauschenberg le Grand Prix de la Biennale de Venise en 1964. [...]
[...] La frontalité des éléments picturaux et des objets "combinés" les impose immédiatement au spectateur. * * * Avec First Landing Jump Rauschenberg est à la frontière de deux mondes, celui de l'illusion et celui de la réalité. Ces objets qui se tiennent encore "à la limite" vont bientôt envahir les musées et le monde. L'Art Minimaliste et le Land Art vont renouveler la question de l'objet qui traverse tout l'art du XXème siècle depuis le geste inaugural de Marcel Duchamp. [...]
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