Monet, dont la toile Impression, soleil levant exposée en 1874 donne à un critique l'occasion de forger le nom qui va devenir celui de l'école, est un vétéran de l'Impressionnisme.
Il crée de toute pièce son jardin dans sa propriété de Giverny où il résidera de 1883 jusqu'à sa mort en 1926. Il le compose dans l'objectif de le peindre. Monet aime peindre la nature contrôlée. Il fait de ce bassin aux nymphéas son laboratoire esthétique.
Il donne à cette série de tableaux le nom de Nymphéas. Le terme de "nymphéas" est synonyme de "nénuphar" mais bien plus riche en suggestion poétique. Monet voit les fleurs comme une allégorie de la femme. En effet on voit la similitude entre le nénuphar (la plante aquatique) et la nymphe qui désigne la femme, gracieuse et bien faite, qui émerge de l'eau et s'épanouie comme une fleur. On pourrait même y voir un second rapprochement, le terme de "nymphe" désignant également une partie du sexe féminin souvent assimilé à une fleur.
L'image de la nature qu'il propose rompt avec une vision coutumière. Nous allons étudier en quoi l'œuvre de Monet, dans un contexte particulier, va bouleverser les normes de l'espace et de l'illusionnisme?
En effet, l'école picturale de l'Impressionnisme marquera la rupture de l'art moderne avec l'académisme.
[...] Claude Monet, Les Nymphéas, Musée de l'Orangerie, Paris Monet, dont la toile Impression, soleil levant exposée en 1874 donne à un critique l'occasion de forger le nom qui va devenir celui de l'école, est un vétéran de l'Impressionnisme. Il crée de toute pièce son jardin dans sa propriété de Giverny où il résidera de 1883 jusqu'à sa mort en 1926. Il le compose dans l'objectif de le peindre. Monet aime peindre la nature contrôlée. Il fait de ce bassin aux nymphéas son laboratoire esthétique. [...]
[...] Ici il représente une nature morte, mais en comparaison aux peintres de la première moitié du 19ème siècle, Monet et les Impressionnistes en général n'expriment plus les sentiments des sujets qu'ils représentent mais leur état d'esprit personnel. Le regard de Monet est sensible à la secrète poésie du réel. Monet vise à exprimer cette poésie. En effet, il rend sa propre sensibilité à travers son tableau. Les formes imprécises et les contours (crées par les changements de couleurs) flous visent, outre à bouleverser les normes de l'époque, à rendre cette notion de poésie. De plus, vides de tout signe de présence humaine, les Nymphéas renvoient à une nature élémentaire, intemporelle, autre signe poétique. [...]
[...] Car si Monet a peint dehors, la série des "Nymphéas" n'est pas une peinture en "temps réel". Le format des toiles excluait de travailler dehors. Par conséquent Monet a organisé son travail en deux temps. Ces peintures résultent d'un va-et-vient entre des observations directes et des souvenirs. A la belle saison, il peint d'après la nature. Une seule saison est donc représentée, mais on distingue différents moments de la journée dans cette série. Il fait de grandes études de détails de la surface du bassin et de la végétation. [...]
[...] Il reproduit réellement la nature, mais au travers de sa perception personnelle. Et il fera de même pour les couleurs. Alors que dans la peinture académique la couleur se devait à la fois de rendre le mieux possible la réalité et d'avoir une portée symbolique, dans ses Nymphéas Monet s'attache à retranscrire picturalement la lumière. La toile est toute entière lumière, elle n'existe qu'en rapport avec le regard singulier qui l'envisage, et la lumière transforme les couleurs. Par conséquent, dans l'une de ses toiles, sur un tronc d'arbre qui de loin paraît marron on peut observer en s'approchant des touches de rose, d'orange, de bleu, de jaune et de vert. [...]
[...] Pour autant, Monet n'a d'autre ambition que de rendre compte de la nature. Avec ses Nymphéas Monet a une vision panthéiste qui traduit son besoin d'un contact intime avec la nature. Il y a fusion totale entre le peintre et la nature. Mais il peint la réalité telle qu'il la perçoit, telle qu'il la saisit. Le rendu du paysage est tel que le perçoit Monet dans sa sensibilité et non plus une vision objective de la réalité. Donc le sujet n'est plus qu'un prétexte; c'est l'impression que lui confère l'objet, la sensation qu'il fait naître qui importent. [...]
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