Carl André est né en 1935 à Quincy Massachusetts dans une famille qui travaillait dans le domaine de la construction et de la métallurgie. Après un séjour en Europe, André retourne s'installer à New York, en 1957, où il rencontre Frank Stella et partage son atelier ainsi que ses idées sur l´art.
Trois faits principaux dans la vie de Carl André vont marquer le caractère de son art. Pendant son voyage en Angleterre, le site de Stonehenge l´impressionne par la force et la simplicité des formes des mégalithes. Puis, pour des raisons financières il se voit obligé de travailler pour la Pennsylvania Railroad Company, qui lui donne le goût pour les composantes modulaires, l'horizontalité et la linéarité des voies le persuadent que son œuvre devait se poser sur le sol et qu'il devait utiliser des unités assemblables et interchangeables. Enfin, sa connaissance du Tao te Ching, une philosophie orientale basée sur l'importance du rien et du vide, façonne son envie d'aboutir à une sculpture en négatif.
Les principales caractéristiques de son travail sont la planéité des œuvres posées à même le sol, les compositions modulaires à partir de matériaux standardisés, répétitifs et interchangeables sans aucune hiérarchie, détournés de leur fonction première et accessibles à tous, ainsi que la notion d'espace qui réside dans sa pratique de la sculpture post-studio, car les œuvres sont créées pour des espaces spécifique. Le manque apparent d'invention permet au spectateur de se focaliser sur les matériaux.
C'est pourquoi Carl André s'inscrit dans le courant minimaliste des années 1960 et 1970 par son langage des formes et la production sérielle. L'évolution de sa sculpture montre une conception minutieuse de ses œuvres avant leur exécution, qui ne laisse aucune place à l'improvisation pendant la réalisation. Il va concevoir l'espace tridimensionnel comme un espace réel en relation avec l'apparence triviale de ses œuvres. Il aboutit à une perception active du spectateur qui partage le même espace que l'œuvre.
[...] Dans cette œuvre, André s'inscrit dans la tradition sculpturale moderne et partage avec Brancusi la préférence pour la taille directe du bois. Cette œuvre fut refaite en 1970 sous le nom de Cedar Piece (bois de cèdre), en utilisant le bois d'une scierie, avec des encoches faites à la scie et dont les pièces sont imbriquées d'après une technique d'ajustage traditionnel. Carl André dit de l'influence de Stella : Ce ne fut pas fondamentalement l'apparence des tableaux de Stella qui m'influença, mais sa pratique A travers ses premières œuvres, Carl André montre un intérêt pour la tradition sculpturale, celle de Brancusi et des Constructivistes russes Les premières œuvres qu'André découvre de Brancusi sont l'Oiseau et Mlle Pogany. [...]
[...] Preuve que les minimalistes sont entrés dans l'histoire de l'art, le schéma d'André est repris par l'artiste californienne Rachel Lachowicz dans son détournement des modèles de l'histoire de l'art à travers son Homage to Carl André (1991, cire et rouge à lèvre). Elle récupère le plan au sol composé de carrées pour en subvertir le message minimaliste en une critique de l'art masculinisé. L'œuvre de Carl André est un point final d'une nouvelle définition de la sculpture. Les pièces au sol font de la sculpture un lieu et sont le point d'aboutissement du processus. [...]
[...] Bibliographie Ouvrages généraux BATTCOCK G., Minimal art: a critical anthology, Los Angeles, University of California Press BOURDON D., Carl André Sculpture 1959-1977, New York MARZONA D., Art Minimal, Paris, Taschen MEYER J., Minimalisme, Paris, Phaidon PARSY J-P., Art Minimal, Paris, Centre Pompidou Catalogues d'exposition CARL ANDRÉ, Guggenheim Museum de New York Art Minimal II : de la surface au plan, CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux déc. 1986- 22fév Un choix d'art minimal dans la collection Panza, Musée d'art Moderne de la Ville de Paris juillet-4 nov Articles COELLIER S., Brancusi/Carl André, une question d'espace in Les Cahiers du Musée d'art Moderne, Printemps 1994, pp. 79-95, Centre Georges Pompidou, Paris ASSENMAKER M., La sculpture de Carl André et la composition de l'espace de W. Strzeminsky et K. Kobro in Artstudio, pp. [...]
[...] Les calculs du rythme spatio-temporel, ouvrage dans lequel ils abordent la question de la relation entre la sculpture et l'espace. Chez André, la conception de la sculpture sans espace intérieur le distingue de tous ses contemporains. L'absence de frontière permet à la sculpture de se développer à l'infini. Il existe désormais la possibilité de reconstruire et de déplacer la sculpture, ce qui oblige la sculpture à puiser sa règle d'équilibre en elle-même. Cette solution est apportée par André avec les formules arithmétiques qui déterminent la composition de la sculpture et sa mise en place dans l'espace. [...]
[...] André est membre fondateur de la Art Workers Coalition, pour la défense des droits des artistes, créée en 1969. Ils remettent en cause la gestion financière et muséographique du Moma et font une analyse critique du monde de l'art régi par des principes capitalistes. André critique ouvertement le Moma en 1970 dans Art International, face à la critique d'art Jeanne Siegel, qui voit dans ses propos des idées marxistes. Il dénonce le conseil d'administration, formé de fortunés dont le goût dicte les choix d'exposition en fonction de leurs collections privées. [...]
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