En 1840, au lendemain de la monarchie de Juillet et à l'avènement de la seconde République, naissaient deux immenses acteurs d'un tournant majeur dans les troubles artistiques de l'époque et dans la nouvelle mouvance moderniste. Claude Monet et Auguste Rodin participèrent, en une large mesure, à transiter du néo-classicisme au modernisme. Si Monet se revendiqua impressionniste dès ses débuts, le jeune Rodin est pour sa part un fervent admirateur des antiques et de Michel-Ange. De par ces jeunes tendances tournées vers l'académisme, il fut très vite reconnu comme un maitre sculpteur et, de tous ces contemporains, peu remirent en cause son savoir-faire.
Toutefois, certaines de ses oeuvres firent l'objet de critiques virulentes, comme Le baiser par exemple.
Tiraillé par deux mondes et deux écoles artistiques radicalement différentes, Le baiser de Rodin est un exemple du dualisme de l'artiste, entre classicisme et modernisme.
Bien qu'il soit une belle illustration de l'académisme, Le baiser témoigne d'une évidente rupture. Nous montrerons que c'est sans doute cette dualité qui fait de l'oeuvre une actrice de la continuité artistique dans l'Histoire des arts.
Il y a bien un Rodin académique, celui des années de jeunesse. Et cette éducation à l'art antiquisant est une des causes de sa renommée chez ses contemporains. Dans Le baiser, la technique même est, sous divers aspects, inspirée de la sculpture antique. Rodin use de la taille, il travail main nue, au burin, directement sur un bloc de marbre blanc. Matériau traditionnel depuis les sculpteurs de la Grèce classique (dont Phidias est l'exemple canonique). De plus, l'élément caractéristique de l'art classique étant la quête de l'idéale perfection, on peut dire du Baiser qu'il tend à cette finition parfaite. La pureté de la taille et le rendu lisse et polis des différents ensembles (les poitrines, les visages et les coiffures notamment) de la sculpture approuvent indéniablement du caractère classique de l'artiste (...)
[...] L'auteur semble nous livrer, en plusieurs endroits, un work in progress de son œuvre. Il utilise effectivement son bloc de marbre brut pour ne faire qu'un élément indivisible entre la statue et socle. Le fait même de réaliser un ensemble uni entre ces deux parties, traditionnellement distinctes, est déjà un indice de la rupture qui anime son œuvre. Certaine parties sont creusées de façon très minimaliste comme, par exemple, le contour de la jambe de la jeune fille. Ce traitement nous suppose deux réflexions ; il peut apparaître comme un cadre aux figures elles-mêmes le cadre étant l'égal en peinture du socle en sculpture ou bien, et plus vraisemblablement, comme une volontaire infinition (par opposition au travail de finition des classiques) de la part de l'artiste qui, refusant de livrer une œuvre trop parachevée, laisse une marque, une facture, à l'imagination et à l'impression du spectateur. [...]
[...] De par ces jeunes tendances tournées vers l'académisme, il fut très vite reconnu comme un maitre sculpteur et, de tous ces contemporains, peu remirent en cause son savoir-faire. Toutefois, certaines de ses œuvres firent l'objet de critiques virulentes, comme Le baiser par exemple. Tiraillé par deux mondes et deux écoles artistiques radicalement différentes, Le baiser de Rodin est un exemple du dualisme de l'artiste, entre classicisme et modernisme. Bien qu'il soit une belle illustration de l'académisme, Le baiser témoigne d'une évidente rupture. [...]
[...] Et pourtant, malgré cette imperfection réaliste, le spectateur, pesant la beauté de l'acte et l'irrégularité des corps, est impressionné d'une vision d'un réel beau. De fini à infini, de haut en bas, la technique adoptée ici par Auguste Rodin dans la taille (de plus en plus grossière, de moins en moins évidée depuis le haut des têtes vers les pieds et le socle brut) et le fait de livrer son œuvre ainsi n'est pas sans donner un écho philosophique sur l'art, un écho moderniste : j'affirme que la liberté de l'artiste est à considérer son œuvre comme achevée lorsqu'il atteint son objectif artistique en l'occurrence, l'objectif artistique Rodin dans Le baiser paraît être l'impression générale de nouveauté (esthétique, technique et théorique) dans l'art. [...]
[...] L'histoire de ces deux personnages est importante dans la compréhension du sujet le titre original du Baiser devait être éponyme et du nom de l'héroïne : Francesca de Rimini. Dantès raconte que Francesca et son amant, Paolo Malatesta, lisaient ensemble les amours du chevalier de Lancelot et de la reine Guenièvre lorsqu'ils furent surpris par Gianciotto Malatesta, frère et époux des deux amants, qui, de rage, les assassina. Rodin représente son sujet masculin avec, dans sa main, le livre des exploits de Lancelot. [...]
[...] Et cette éducation à l'art antiquisant est une des causes de sa renommée chez ses contemporains. Dans Le baiser, la technique même est, sous divers aspects, inspirée de la sculpture antique. Rodin use de la taille, il travail main nue, au burin, directement sur un bloc de marbre blanc. Matériau traditionnel depuis les sculpteurs de la Grèce classique (dont Phidias est l'exemple canonique). De plus, l'élément caractéristique de l'art classique étant la quête de l'idéale perfection, on peut dire du Baiser qu'il tend à cette finition parfaite. [...]
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