Bien qu'étant né à Venise, Lorenzo Lotto (1480-1557) développa sa carrière de peintre en dehors de cette ville. En effet, il voyagea énormément tout au long de sa vie entre la Vénétie, Bergame et Les Marches. Il s'agit d'un peintre qui avait Giorgione et Titien comme contemporains et il fut fortement influencé entre autres par Vivarini et Dürer.
L'œuvre de Lorenzo Lotto que nous allons traiter ici est l'Annonciation (Annunciazione) de Récanati. Cette œuvre s'est avérée difficile à dater, du fait du peu d'informations à son sujet, ainsi que du manque de datation de la part de Lotto lui-même sur ses œuvres. C'est pourquoi nous n'avons pas de date exacte: d'après Gianuizzi, ce tableau remonterait à 1526; d'après Borchetto il aurait été réalisé vers 1527, tandis que Berenson situe cette peinture vers 1527-1528. Ces auteurs ont basé leurs datations sur une lettre écrite par Lotto qu'il envoya à Bergame le 12 août 1527, racontant qu'il venait d'expédier deux tableaux d'autel encadrés dans les Marches. Mais d'après un ouvrage plus récent écrit par Peter Humfrey, d'un point de vue stylistique, L'Annonciation de Lotto ressemble peu au retable de Saint Nicolas en gloire qu'il réalisa dans ses années 1527-1529, doté d'une gamme de couleurs particulièrement riche, contrairement à la gamme de couleurs plutôt restreinte de l'Annonciation, qui ressemble davantage aux œuvres de Lotto datant des années 1530, lorsque le peintre travaillait dans les Marches. On peut donc resituer l'œuvre de façon probante aux alentours des années 1534-1535.
[...] Il s'agit là d'un instantané : la Vierge est littéralement prise au dépourvu et semble apeurée par la présence de ce nouveau venu. Le vol de l'ange à peine achevé ainsi qu'un sablier au centre du tableau symbolisent le temps qui passe. Toute la scène se focalise sur l'attitude de la Vierge, qui semble intimidée, voire effrayée, comme on peut le lire dans l'évangile selon St Luc ( 1.29 ) : à cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Ses mains sont jointes comme si elle recherchait une protection et une aide. [...]
[...] Il semble sortir d'un nuage et plonger en direction de Marie. Une lumière surnaturelle baigne alors la chambre de Marie, accentuant ainsi le caractère mystérieux de la scène. Tournée vers le spectateur, la Vierge lui fait partager sa surprise et elle semble prête à s'échapper du tableau. Malgré ce sentiment d'immédiateté, la scène apparaît comme fermée, compressée dans l'architecture de la pièce et les plans ont l'air figés. La gamme de couleur se trouve dans des tons majoritairement froids : l'ange porte un vêtement bleu, et il apporte un certain désordre. [...]
[...] Dans l'ensemble de la production de Lotto on retrouve de nombreux tableaux d'autels. Il a exécuté un grand nombre de retables, comme le retable de Saint Nicolas en gloire, 1527-1529 ou encore le retable de Sainte Lucie une multitude d'œuvres destinées à des églises de Bergame et des Marches mais aussi de nombreux portraits mélancoliques et songeurs pour lesquels Lotto est particulièrement reconnu, comme celui de Maître Marsilio et son épouse. Il réalisa également des fresques et même des cartons de marqueteries. [...]
[...] Par conséquent il est difficile de parler de témoignages. De plus, Lotto a eu une carrière particulièrement itinérante, ce qui explique peut-être le manque de reconnaissance de ses œuvres pourtant extrêmement riches. L'Arétin formula quelques jugements sur l'art de Lotto, en parlant de miracles réalisés par le pinceau de Lotto et faisant son éloge tout en reconnaissant qu'il n'égalait pas Titien. Lodovico Dolce a critiqué les mauvaises couleurs du retable de Saint Nicolas en gloire. Tous étaient à la gloire de Titien, contribuant ainsi à cacher le renom de Lotto. [...]
[...] Mariani Canova Giordana, L'opera completa di Lorenzo Lotto. Collezione Classici dell'Arte, éd. Rizzolo, Milano 128p. Sources Internet www.lorenzo-lotto.it www.conero.it www.marcheworldwide.org http://arttherapie.blogsome.com Une lettre datée du 12 août 1527 mentionne laconiquement deux tableaux d'autel récemment achevés avec leurs cadres qu'il venait d'expédier dans les Marches Mais ces deux œuvres devaient être plus vraisemblablement destinées à Jesi HUMFREY Peter, Lorenzo LOTTO. Traduit de l'anglais par Ann Sautier-Greening et Béatrice de Brimont. Ed. Gallimard 192p. La commande pourrait être mise en relation avec un document daté de juillet 1533 par lequel l'évêque de Récanati autorisa officiellement la confrérie à transférer son oratoire dans un nouveau bâtiment. [...]
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