Analyse sémiologique d'une illustration de Gustave Doré mise en relation avec le texte "Riquet à la houppe" de Charles Perrault. Quelles ressemblances y a-t'il avec le texte de Perrault ? Quelle est la part d'imagination de Gustave Doré ?
[...] Cela dit, certains détails restent encore mystérieux car ils ne répondent pas directement à la citation de Perrault. En effet, Doré ne se limite pas à une simple représentation de l'extrait tiré de Perrault: il y fait des ajouts, des modifications à travers son illustration. Rappelons tout d'abord qu'elle est la seule dans Riquet à la Houppe étant donné que le conte n'était pas des plus en vogue à son époque. La seule citation de Perrault en guise de légende ne peut résumer tout un conte comme Doré semblait vouloir le faire. [...]
[...] En effet, Riquet est chargé d'un double rôle. Il occupe celui du plus apparent de la bande un marmiton qui se charge d'expliquer cette scène et le sien : celui de rappeler à la princesse leur accord. Ceci est implicite à travers de sa posture. A coté de lui la princesse semble exprimer divers sentiments. Peut être, comme Perrault elle est étonnée surprise Cependant, elle apparaît davantage comme intriguée, curieuse avant tout puisqu'elle se penche vers cette cuisine tout en relevant sa robe. [...]
[...] La composition de l'image évoque elle aussi cette addition des éléments du conte : deux lignes courbes traversent la gravure de haut en bas (voir schéma) et semblent former un sablier rappelant le temps qui s'est écoulé entre les deux rencontres dans la foret. Doré nous donne aussi une représentation de la scène comme il l'imagine, comblant les blancs laissés dans la description de Perrault. Ainsi les domestiques sont chargés de toutes sortes d'accessoires qui ne sont pas explicité dans le texte, ils sont vêtus tels des personnages de Breughel comme au Moyen Age. Quant aux habits de Riquet et de la princesse, ils sont imaginés à la mode Renaissance. Outre cela, il modifie le conte de Perrault. [...]
[...] Méphisto pourrait être incarné par Riquet à travers son attitude : il semble entraîner une jeune fille innocente vers les portes de son royaume. Cette vision de la gravure ne serait pas foncièrement incohérente car Doré avait illustré le chant XIII de L'Enfer de Dante. L'ombre du fantastique viendrait - elle planer au-dessus de cette princesse ? Ainsi, Doré retranscrit cette citation selon sa vision du conte et son imagination. L'œuvre de Perrault donne alors lieu à une nouvelle œuvre : celle de Doré. [...]
[...] Le lecteur retrouve le cadre spatial : la forêt où la princesse découvre ce fabuleux spectacle. Les éléments de cette apparition sont repris : la profusion de domestiques est représentée par ce flot sortant de terre qui semble intarissable. Leur nombre approximatif est suggéré par le flou au début et à la fin du cortège. Quant à leur diversité : cuisiniers . marmitons . et officiers de toutes sortes , tous se différencient par leur attitude, leurs accessoires ou leurs mets. [...]
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