Cette analyse comparative autour de l'oeuvre in situ, compare une oeuvre de Masaccio à Ernest Pignon Ernest. Elle dépasse bien évidemment la simple description pour revenir avec Masaccio, le "mal vêtu", aux sources de la fresque et des oeuvres commanditées. Le rapport entre l'oeuvre et le lieu est ici essentiel et donc mis en valeur. Idéal pour réviser la technique de confrontation de deux oeuvres autour d'une problématique ou encore approfondir ses connaissances sur les deux artistes.
[...] L'oeuvre d'Ernest Pignon-Ernest est presque instantanée, vive et accrocheuse alors que la réalisation de Masaccio vise au recueillement devant des scènes bibliques. Masaccio, rappelons le, est un des premiers à utiliser la perspective et un modelé souligné du corps avec l'utilisation d'ombres portées (Adam et Eve chassés du Paradis terrestre), comme Ernest Pignon-Ernest, il mise sur ses qualités artistiques pour inclure le spectateur dans son œuvre. L'art dans les lieux religieux à la Renaissance avait pour but un rôle instructif car tous ne savaient pas lire et pouvaient ainsi, tout de même, comprendre la Bible. [...]
[...] Le lieu chez Masaccio est, donc, investit totalement par la peinture qui se veut traductrice de la pensée religieuse. Elle est le complément du lieu à l'opposé de l'oeuvre d'Ernest Pignon-Ernest où elle est un intrus, voulant dénoncer un fait de société. Les lieux servent tous de support aux réalisations qui conservent une certaine planéité mais œuvrant dans un but très différent. On opposera le caractère de l'oeuvre structuré de l'italien à l'inclusion forcée de ses œuvres par Ernest Pignon-Ernest. [...]
[...] Analyse comparative de deux œuvres: fresques de la chapelle Brancacci de Masaccio (1425) et Expulsions de Ernest Pignon-Ernest (1977) Nous sommes face à deux œuvres de périodes artistiques différentes. Le premier artiste Masaccio étant un peintre de la Renaissance (1425-1520) et Ernest Pignon-Ernest un artiste contemporain . cinq siècles les séparant mais il est pourtant possible de trouver une base commune: le rapport qu'elles entretiennent avec l'architecture, lieu et support de l'oeuvre. Masaccio, artiste italien nommé ainsi car il était mal vêtu, peignit cette fresque dans et pour une chapelle, un lieu ce qui nous laisse supposer que sa peinture l'est tout autant. [...]
[...] au contraire, Ernest Pignon-Ernest inclut son travail dans un univers quotidien, la façade d'un taudis délabré. Les œuvres ne recouvrent plus l'architecture mais se font, en quelque sorte, l'écho de ce qu'elle symbolise. L'artiste fond ses personnages dans la masse. Ils font parti de notre quotidien et nous ne les remarquons même plus. Les œuvres de Pignon- Ernest ne sont en aucun cas ostentatoires et se placent comme une seconde peau sur le bâtiment devenu support mais qui conserve malgré tout son statut de lieu. Lieu dans lequel l'oeuvre surgit soudainement. [...]
[...] Techniquement, Ernest Pignon-Ernest utilise des affiches qu'il colle à même le mur . Œuvres éphémères pouvant être détruites,, déchirées, arrachées . malgré cette technique très moderne de l'oeuvre intrus en ce lieu et non pas commande officielle comme celle de Masaccio, l'artiste se sert d'un dessin fidèle et académique qui, réaliste de par sa facture, ne minimise pas la réalité de ce qu'il dénonce. On ne peut pas réellement parler de performance ou installation car son œuvre passe presque inaperçue, métaphore de ces êtres fantomatiques, les sans-papiers et sans domicile fixe (“Expulsions”) qui ne font pas parti de notre monde, qui errent sans que personne ne se soucie de leur sort. [...]
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