J'ai voulu dépasser cette idée de participation qui me semblait floue et parler simplement d'une démocratisation de l'architecture. C'est à dire, comment avec l'aide de l'architecte, le citoyen peut essayer d'avoir un regard critique sur le développement, le fonctionnement de sa ville et sur son architecture ?
Dans un premier temps, il m'a paru essentiel de regarder comment l'individu avait perçu son rapport à la ville depuis l'apparition des grandes concentrations urbaines et tout au long du 20ème siècle. Si l'histoire de la ville peut nourrir une réflexion sur la façon dont elle s'est édifiée, la perception par l'habitant de cette ville et de son rôle à l'intérieur de celle-ci peut être éclairée par le biais de la littérature, de la philosophie, du cinéma. L'art est la toile de fond dans laquelle s'inscrivent des réactions plus concrètes et spontanées des habitants en période de crise. Une critique de cette ville s'est mise en place avec pour moi une récurrence dans le propos : la« réification » de l'individu, l'impression de non-sens, d'absence de but dans cette activité citadine, un manque de prise sur le quotidien.
Il s'agissait également dans ce mémoire de voir comment la ville s'était développée au cours du 20ème siècle. Quels avait été les mécanismes de sa production ? Ou du moins quelle hypothèse pouvait-on émettre sur ces mécanismes ? Quel avait été le rôle de l'architecte et comment avait évolué son métier ? Quelle était aussi la perception du grand public sur l'implication de l'architecte dans ces mutations ?
Ce qui est complexe dans cette démarche, c'est de tenir compte des différentes postures que les architectes ont adoptées pour penser leur rapport à l'habitant et de regarder leur production, tout en n'oubliant pas le contexte dans lequel ils pensent la ville et l'architecture. C'est à dire, les contraintes économiques ou idéologiques qui sont en arrière plan et qui brident fortement la façon d'appréhender l'habitat et la liberté qu'aimerait avoir l'architecte. Après avoir relever différentes manières qu'avaient eu les architectes d'aborder leur rapport à l'habitant et qui me paressaient à l'heure actuelle être des impasses, j'ai essayé de me positionner à mon tour sur le rôle que j'aimerai que tienne l'architecte.
J'ai posé le postulat d'une démocratisation de l'architecture comme étant un des moyens pour l'architecte d'apporter sa vision de la ville et de mettre en place un dialogue qui me semble essentiel entre lui et l'habitant. Pourtant on ne peut ignorer un certain nombre d'obstacles. Force est de constater que l'habitant a une vision faussée du métier d'architecte qui l'incite à se tourner vers un autre type d'habitat dont la promotion est assurée par des gens plus habiles dans la communication mais souvent incompétents en terme de qualité architecturale et d'urbanisme.
Il me semblait que la production des grands ensembles, de la reconstruction à la modernisation, est un des éléments clefs pour comprendre cette perte de crédibilité d'une part et de maîtrise de la production du bâti.
Enfin, j'ai essayé d'ouvrir des pistes d'actions concrètes pour que l'architecte sorte du « ghetto » dans le quel se trouve sa profession et pour qu'il tente de faire profiter à un large public de son expérience et de ses réflexions. Que l'habitant puisse prendre part aux débats qui animent l'architecture. Ce qui permettrait je crois à l'architecte d'influer sur l'évolution de la ville de façon plus conséquente.
[...] Mieux encore, la commission Delmon, dont on a déjà parlé plus haut, propose d'intégrer toute cette énergie dans le cadre des objectifs de la société libérale avancée de stimuler et d'organiser le volontariat et de former des responsables mis à la disposition des associations on passe de la contestation à la concertation. La création d'une communauté ? Les expériences ont apporté un enseignement majeur parce qu'elles ont surtout concerné des groupes défavorisés dont on pense souvent qu'ils ne sont pas demandeurs de participation Le travail avec ces groupes est beaucoup plus long et difficile : problèmes d'expression et de communication, situation précaire dans le domaine de l'emploi . [...]
[...] La place de l'habitat dans l'élaboration de son cadre de vie : quelles sont les questions que soulève l'idée d'une collaboration effective entre l'habitant et l'architecte? Quels sont les obstacles à une réelle démocratisation de l'architecture en France ? LA PLACE DE L'HABITANT DANS L'ELABORATION DE SON CADRE DE VIE : quelles sont les questions que soulève l'idée d'une collaboration effective entre l'habitant et l'architecte? Quels sont les obstacles à une réelle démocratisation de l'architecture en France? INTRODUCTION La mobilisation de la population afin de réclamer plus de droits est une constante dans l'histoire de la ville. [...]
[...] Rudofsky Architectures sans Architectes, Ed du Chène- 1977 Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, Savant, populaire, 15/16, Editions du patrimoine, juillet 2004, Paul CHEMETOV, Op. Cit. Tout homme pense et connaît à travers le langage, quelle que soit sa culture. Selon Chomsky, ceci est un fait génétique, la forme que prend ce langage dépend de la culture et de la langue dans laquelle est fait son apprentissage. Il y a une égalité, par nature, devant la connaissance. Paul CHEMETOV, Ibid. première grosse opération du “quartier des facultés médicales à Woluwé- Bruxelles”(1970 Alexander, C., Ishikawa, S., Silverstein, M., Jacobson, M., Fiksdahl-King, I.,Angel, S. [...]
[...] Dans l'habitat dit non social se produit aussi une intégration à ce système de répression par le biais d'une normalisation et d'une consommation généralisée, notamment dans la consommation de et dans l'habitat plus présente encore pour les pavillonnaires poussés à se conformer à une image publicitaire. Les habitants, par une ruse marketing, sont amenés à croire que ces besoins sont les leurs. Henri Lefebvre dénonce, lui, comme fait majeur de cette répression spatiale, l'appropriation du centre ville par la bourgeoisie et la relégation à la périphérie de ce qui est, à l'époque, le prolétariat. [...]
[...] Pour citer de nouveau Menanteau[25] : les ingénieurs du ministère de la reconstruction, dont le métier initial est de faire des routes, des ponts ou des voies ferrées et pour qui l'urbanisme est une abstraction vont l'utiliser au maximum. Bien souvent, les architectes ne furent que des maillons dans une chaîne de contraintes financières techniques et réglementaires Pour les concours des grands ensembles on valorise l'alliance concepteurs/fabricant. Ce phénomène semble faire écho au partenariat public/ privé (PPP) mis en place en 2003. [...]
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