Françoise Choay entame, en 1965, une remise en question de la réponse urbanistique à la production anarchique des métropoles et cités industrielles depuis le début du siècle. Les théories reposent d'abord sur une lecture critique de la ville classique, éclairée par le nouvel ordre économique émergent qu'est le capitalisme et son cortège de mutations sociales et territoriales. Dans un souci permanent de clarté, l'auteure invente une nouvelle méthodologie d'analyse, clairement annoncée dès les premières pages, qui va chercher à la racine les significations des incertitudes qui animent l'aménagement urbain. « L'urbanisme en question » n'est donc pas une nouvelle contribution à la critique de la discipline.
Quelle est la portée politique et politiste de la critique portée à l'urbanisme ? Comment s'articule la remise en question de l'urbanisme, dont les prémices se situent dans la critique des rapports sociaux ?
Si l'on oublie les enseignements de l'apport du pré-urbanisme, cela revient-il à vouloir construire l'organisation de la ville en omettant toute analyse politique du vivre entre soi ?
[...] Péroraison : Le vrai modèle dépolitisé se retrouve-t-il dans la critique au second degré ? Le fondement de la critique de l'urbanisme progressiste consiste à affirmer qu'a été manquée la révolution technologique et industrielle qui devait pourtant servir à asseoir ce modèle. Aussi, la critique s'élève à partir de voix plus proche de la réalité, des techniciens, des architectes, des ingénieurs, qui entendent adapter la ville aux nouveaux besoins propres à l'homme du XXe siècle. Ces besoins sont chiffrables, ils résultent de l'augmentation démographique et du progrès technique. [...]
[...] Certes, l'affrontement est clair et le culturalisme défend l'organicisme, concept facilement compréhensible quand il est brusquement opposé au mécanisme moderne. Comment comprendre la mise en confrontation de la culture face au progrès ? Il semble que la culture, par des besoins spirituels par exemple comme l'auteur le cite, peut être amenée à évoluer dans le modernisme voire à l'influencer, mais pas à s'y soustraire. La culture par l'art et le beau ne peut-elle être proclamée que par un seul courant de pensée ? [...]
[...] Ainsi la ville devient-elle une entité appréhendée, externe, inconnue, voire subie. Ce sont les administrés qui la font mais le tout formé par la multitude des particuliers, les débordements et la transformation physique de la ville marque une distance qui annonce deux nouvelles démarches. La première est descriptive puisque les statistiques se mêlent à la sociologie qui se mêle à la rationalité simpliste de causes à effets, par des lois de croissance urbaine S'y oppose l'approche critique de fait, polémique puisque la ville industrielle se heurte à la critique forte, elle est perçue comme un processus pathologique. [...]
[...] Peut-on concevoir l'urbanisme sans considérer la condition de ses habitants, peut-on prétendre organiser l'espace en ignorant la structure sociale et les rapports de hiérarchie entre les administrés ? 1. L'agencement spatial n'est plus guidé par l'histoire des idées mais par l'arithmétique 1 Le modèle progressiste glisse vers une conception tout à fait réaliste par ailleurs réalisé - de la ville fidèle à une vision corbuséenne. Qu'en est-il du rapport avec le progressisme préurbanistique ? On y retrouve la notion de rationalisme rapporté à l'individu et une conception de l'ère industrielle comme rupture historique radicale. [...]
[...] Certes, les grands idéaux des premiers penseurs, très attachés à une interrogation sur la structure du rapport social, se sont peu à peu effacés. Mais à l'image de ce que Françoise Choay nous rappelle dans son introduction, les motivations fondamentales et pures (et influencées par l'histoire des idées) que les premières réponses ont apportées à la question de l'urbaniste n'ont été effacées que par les sédiments du langage, les rationalisations de l'inconscient et les ruses de l'histoire Aussi, l'influence idéologique est encore très marquée dans la réflexion urbanistique moderne. [...]
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