Edité chez Thames and Hudson, dans la collection « l'Univers de l'art », "Le Langage classique de l'architecture", par John Summerson se pose comme une tentative de familiarisation aux styles architecturaux de (et surtout inspirés de) l'antiquité. John Summerson s'adresse ici à un large publique allant du néophyte à l'initié. Chaque terme technique de l'architecture est expliqué soit directement dans le texte, soit dans un glossaire illustré à la fin du livre. L'attention toute particulière portée à la compréhension du lecteur néophyte montre que l'auteur tient à ce que son texte se présente comme un moyen de démocratiser la capacité de lire un ouvrage architectural classique, ce qui n'est en général que le propre d'une minorité (historiens, archéologues, architectes, etc...). De même, chaque bâtiment pris en exemple est représenté par des photographies ou gravures, toujours en noir et blanc, généralement dans une annexe à la fin de chaque chapitre (on pourra cependant reprocher à ce système de casser la fluidité de la lecture puisqu'on est obligé d'abandonner celle-ci pour pouvoir se reporter aux illustrations nécessaires à sa compréhension quelques pages plus loin. Il en aurait été autrement si les illustrations s'étaient plutôt greffées directement au texte. Il faut tout de même admettre que (...)
[...] Dans ce même chapitre, il définit également la notion même d'architecture classique : il s'agît pour lui d'une conception plutôt abstraite rien de plus classique que la distribution et la proportion des portails de la cathédrale de Chartres, mais rien de plus gothique aussi qui repose plus sur l'habillage que sur les proportions : l'architecture classique proprement dite se reconnaît à ses citations, fussent-elles ténues, des ordres antiques Ce premier chapitre pose donc la problématique et donne au lecteur les outils nécessaires à la lecture des suivants. Mais aussi, est introduit et décrit dans ce chapitre ce qui, pour l'auteur, a été la base du langage architectural de la Renaissance jusqu'au début du XXème siècle : les traités d'architecture, Vitruve en tête. Ainsi, Vitruve et Serlio seront cités dans chaque chapitre du livre sans exception, non pas en tant qu'architectes, mais en tant qu'auteurs des traités d'architecture qui ont été une des principales bases des travaux de tous leurs prédécesseurs. [...]
[...] Par la suite, Summerson aborde chaque mouvement d'architecture (classicisme, maniérisme, baroque, néo-classicisme et modernisme) par ordre chronologique. Il ne s'agît pas là d'une simple concession à l'Histoire, mais on doit surtout y voir la volonté de mettre en évidence la filiation liant un mouvement à l'autre ainsi que la limite toujours très ténue de l'un à l'autre Et le flou de limites autant que l'évidence des liens de parenté entre ces mouvements est toujours due à l'emploi du langage classique. [...]
[...] Il faut tout de même admettre que certains bâtiments sont cités dans plusieurs chapitres différents et qu'il est plus pratique alors de les rechercher dans quelques pages d'illustrations plutôt que d'avoir à feuilleter le livre tout entier). Le livre couvre une longue période allant de l'antiquité à la première moitié du XXème siècle sans passer par le Moyen-Âge (tout de même parfois cité). En dehors de l'explication de la lecture des ouvrages classiques d'architecture, la problématique de John Summerson est de démontrer l'extrême importance qu'a eu (et peut encore avoir) le langage classique dans l'architecture occidentale. Le langage classique est pour l'auteur l'ensemble du vocabulaire et de la grammaire utilisés dans les ouvrages architecturaux antiques. [...]
[...] Et de même que le latin a finalement donné naissance à de nouvelles langues, le langage classique de l'architecture a donné naissance, via Perret et Behrens, entre autres, au modernisme). Ainsi, chaque glissement de sens, chaque transgression chaque référence fidèle est traitée avec soin par Summerson comme étant un élément important de l'évolution de la langue Au final, pour Summerson, le langage classique est rigide dans ses grandes lignes, mais tolère nombre de nuances qui, tout en respectant ces lignes directrices, donnent à l'ensemble une multitude de visages différents C'est un peu des variations autour d'un même thème. [...]
[...] Dès ce chapitre, on peut remarquer la démarche que Summerson a adopté pour le reste de son livre : chaque nouvelle notion abordée se fait par le biais d'un ou plusieurs bâtiments ou par l'analyse de l'œuvre globale d'un ou deux architectes particuliers. Aucune notion abordée dans le livre ne l'est de façon abstraite : elle s'appuie systématiquement sur des exemples concrets, illustrations à l'appui. Dans ce chapitre, en plus de définir le langage architectural de l'antiquité, l'auteur introduit les principaux modèles de l'architecture classique : le temple (essentiellement les temples circulaires), l'amphithéâtre à galeries et l'arc de triomphe. [...]
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