Il s'agit pour les auteurs de donner suite à un travail d'atelier mené avec leurs étudiants de l'université de Yale sur l'étude de Las Vegas en 1968. Proposant une autre manière de concevoir l'architecture, les auteurs ont lancé avec cet ouvrage une polémique dans le milieu architectural au début des années 1970. Aujourd'hui, il est considéré comme élément marquant du passage au post-modernisme.
En effet, les auteurs s'affichent en opposition avec la théorie du less is more (« more is not less, less is a bore ») et prônent la richesse plutôt que la clarté, pour mieux répondre à la complexité urbaine. Ils proposent ainsi aux architectes de s'inspirer de l'architecture existante (ici Las Vegas pour son urbanisme le plus dynamique d'Amérique) et notamment des banlieues commerciales américaines qui correspondraient davantage à la culture populaire ; plutôt que de chercher une architecture idéologique qui suppose de repartir à chaque fois de zéro. Ils dénoncent une architecture héroïque et revendiquent une production « ordinaire ».
La conception de la première édition n'ayant pas satisfait les auteurs (notamment au niveau du prix élevé et de la clarté), ils en publient une deuxième très différente en 1977, comme en démontre la seconde préface.
[...] Ils introduisent ainsi leur choix de l'étude de Las Vegas en précisant que les valeurs et la morale ne sont pas les objets de leurs écrits, et qu'ils s'intéressent essentiellement à la méthode de communication architecturale. Selon eux, Las Vegas est un bon exemple pour remettre en question l'autoritarisme de l'architecte. Ils parlent ainsi d'une architecture de communication directe plutôt qu'une architecture d'expression subtile. En comparant Versailles au supermarché, ils cherchent certainement à ouvrir un débat. Cependant, d'un point de vue spatial et paysager, selon eux, les deux offrent un repère, une orientation et une identité à l'espace. [...]
[...] Tout d'abord, la distinction est faite entre l'architecture qui est elle- même symbole (appelée canard et l'architecture ordinaire sur laquelle on plaque des symboles (appelée hangar décoré L'objet de cette étude porte donc bien sur l'image architecturale, et non sur le programme ou la structure, ainsi qu'il est précisé dans l'ouvrage. Pour porter leur argumentation, les auteurs utilisent la comparaison d'un des bâtiments conçus par Venturi et son équipe en 1960-63, la Guild House, et le Crawford Manor de Paul Rudolph, en 1962-66. [...]
[...] Ils invitent ainsi leurs confrères à relativiser leur rôle dans l'histoire et à se mettre plus à l'écoute de leur époque. AVIS PERSONNEL Après sa lecture, on comprend mieux pourquoi cet ouvrage a été l'objet d'une polémique. Il s'agit d'une véritable remise en cause du Mouvement Moderne et de son héritage. Et même au-delà, c'est un véritable questionnement sur la fonction de l'architecte. Il paraît clair que le choix de Las Vegas pour appuyer leur discours est dû à la volonté de frapper les esprits. [...]
[...] Celles-ci s'organiseraient ainsi autour du commerce et du loisir comme à Las Vegas et perdraient leurs particularités qui ont fait leur identité. La question de l'utilisation de l'image devient alors aujourd'hui celle de l'identité des villes, soulevée notamment par Rem Koolhaas avec la notion de ville générique Le travail préalable en atelier avec des étudiants est très bien mis en valeur et rend l'argumentation très parlante. Je me sens alors directement concerné par ce livre et je prends conscience que ces questions soulevées dans les années soixante doivent encore être posées aujourd'hui. [...]
[...] Fiche de lecture : L'enseignement de Las Vegas - Venturi R., Scott Brown D., Izenour S Venturi R., Scott Brown d., Izenour S., L'enseignement de Las Vegas, Bruxelles, Ed. Pierre Mardaga [1re édition en américain en 1972], coll. Architecture et recherches pages. LES AUTEURS : Robert Venturi, né à Philadelphie en 1925, est architecte. Il a collaboré avec Eero Saarinen et Louis Kahn avant d'ouvrir sa propre agence en 1958. En 1964, il s'associe avec John Rauch et quelques années plus tard avec son épouse Denise Scott-Brown. [...]
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