A la fin du XIXe siècle, la modernité émerge par la neutralité de l'expression architecturale et la substitution d'une esthétique de détail à une esthétique de l'ornementation traditionnelle. Le minimalisme architectural cherche à atténuer les références historiques et le contexte géographique : il privilégie ainsi les formes géométriques simples, les nouveaux matériaux modernes (béton, verre, métal), en opposition aux matériaux traditionnels. Il dématérialise au maximum les murs (transparence : verre, neutralité des couleurs : blanc, gris (béton), utilise des textures lisses et il crée des espaces libres et nus. Par un travail de la structure, autonome et effacé, s'opère une interpénétration de l'espace intérieur et de l'espace extérieur. Ces
principes se retrouvent dans l‘architecture de Mies, précurseur de ce mouvement. Le mouvement minimaliste peut se résumer en une formule lapidaire : « less is more », mot d'ordre de toute cette génération.
Pendant que Tadao Ando, John Pawson poursuivent aujourd'hui cette logique, Sanaa se détache par son innovation tout en s'affiliant au minimalisme. En effet, comme le dit Toyo Ito : « l'architecture de Sanaa est neuve, sans la moindre continuité historique. Son expression est pure, géométrique, empruntant parfois le vocabulaire moderne, comme le pilotis. Toutefois, jamais cela ne sous-entend une préférence pour le style de Mies Van der Rohe ou Le Corbusier. » C'est en 2006 que les architectes pensèrent le Stadttheater. On y retrouve les concepts phares de Sanaa tels que :
- le plan neutre, permettant une non-hiérarchie des pièces ainsi qu'une interchangeabilité
- l'effacement de la structure, laissant place aux surfaces
- la transparence entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment.
On peut se demander comment la neutralité exceptionnelle des procédés de Sanaa permet de faire du Stadttheater une transition entre la terre et l'eau, pour créer au final un bâtiment remarquable ?
[...] Le Stadttheater synthétise bien cette ambiguïté qui réside entre la terre et la mer aux Pays-Bas. La Hollande est un territoire de faible altitude, dont un quart se trouve au niveau de la mer, voire en dessous de celui-ci. Beaucoup de terres ont été gagnées sur la mer, le polder du Flevoland en étant l'exemple le plus récent. Les hollandais font l'expérience de cette transition pour ainsi dire au quotidien. Une multitude de villes sont bâties le long de la côte et le long de canaux, toute la vie est une transition entre terre et eau. [...]
[...] Le bâtiment se place comme un filtre entre le quai et le lac. Ils participent à cette promenade et cette transition entre intérieur et extérieur, entre terre et eau. La culture Néerlandaise semble beaucoup plus ouverte et beaucoup moins pudique d'en France. Il est courant de voir des baies vitrées donnant sur des pièces privées chez les habitants. Conclusion Il existe un fil conducteur dans la carrière de Sanaa dont l'architecture se caractérise par l'alliance entre modernité et tradition, par la maîtrise technique ainsi que la prise en compte des éléments que sont l'air et la lumière. [...]
[...] Dans le Stadttheater, la plupart des pièces sont en relation visuelle. Grâce aux baies vitrées séparant ces dernières, la vue du promeneur n'est pas arrêtée par les murs mais elle pénètre de pièce en pièce. Le passant est comme guidé vers la lumière et est amené à poursuivre sa visite. Cette architecture ouverte correspond à la culture japonaise de Sanaa mais aussi à la culture Néerlandaise C'est de cette manière que le bâtiment s'adapte à son contexte. Ce bloc de pièces translucides est percé de quelques patios. [...]
[...] En effet, les fonctions peuvent s'intervertir, disparaître, se renouveler, un couloir peut devenir salle, une salle, distribution. Tel l'exemple de la Moriyama House4 : la salle de bain à le même statut que le salon, puisqu'elle bénéficie de grandes baies vitrées et d'une taille conséquente. De plus, elle sert aussi à desservir les chambres : elle devient alors distribution. En effet,dans les plans de Sanaa, on détache des zones et des circulations : _ Des zones : pièces où il s'organise des activités. [...]
[...] Sur le Stadttheater, le programme principal est lisible de l'extérieur. En effet, sur un socle horizontal, trois blocs de tailles différentes émergent ; ce sont les trois théâtres du complexe. Ces trois blocs semblent être un écho à la ville qui borde le bâtiment et opère une transition entre la terre et l'eau. En effet, l'horizontalité de la partie basse du bâtiment forme une continuité avec le lac. Cette continuité est d'autant plus ressentie grâce au reflet de l'horizon sur les façades vitrées,(8) alors que l'émergence des trois blocs rappelle la ville et les immeubles que l'on trouve autour, sur la berge. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture