Depuis toujours la question de la place de la femme dans le foyer s'est posée. Pendant longtemps, la femme n'avait d'existence et de légitimité que par son mari et ses enfants.
Pourtant, depuis de nombreuses années déjà, on constate que la femme prend de plus en plus son indépendance. Elle n'est plus seulement la mère et l'épouse des années 1960, qui doit s'occuper du foyer, de nourrir enfants et mari, elle devient aussi une femme à part entière, avec des désirs, des attentes, une vie personnelle : elle ne vit plus seulement pour porter à bout de bras le foyer, mais aussi pour elle-même.
Quelles sont alors les conséquences de cette indépendance par rapport à l'espace ? En particulier quelles en sont les conséquences par rapport à l'espace de la cuisine, qui pendant longtemps a été considéré comme siège principal de la soumission féminine ? Comment la réappropriation positive de cet espace se fait-elle ? Comment la cuisine est-elle perçue, comment vit-on dans ce lieu, aujourd'hui, alors que la condition féminine a nettement progressée ? Cependant, ne peut-on pas, dans ces nouveaux modes d'appropriation à l'espace, déceler des comportements, des réactions, des manières d'être qui trahirait les modes de vie antérieurs ?
Il s'agit, par l'observation, de souligner s'il existe des héritages du passé qui expliquent la relation à l'espace, et si, tel est le cas, dans quelle mesure.
Le sujet de mon étude est une femme, âgée d'une quarantaine d'année, active : elle travaille à temps plein, et subvient seule aux besoins financiers de la famille.
[...] La relation à l'espace de la cuisine : analyse La relation à l'espace de la cuisine est loin d'être simple. En effet, derrière des manières d'être, des manières de faire, par rapport à l'espace, se cachent des enjeux familiaux, des enjeux sociaux mais aussi des enjeux personnels. Enjeux familiaux Les enjeux familiaux qui se cachent derrière les différents modes de relations à l'espace sont les plus courants, les plus simples a priori. La réduction du temps domestique des femmes, avec leur place accrue sur le marché du travail, tend à concentrer les moments de partage familial surtout dans la cuisine ; au point que les relations parents-enfants prennent généralement place dans la cuisine et durant les repas. [...]
[...] En effet, les chaises de bar la rendent plus confortable, moins formelle que le salon. Comment qualifierais-tu ta cuisine ? Mignonne, sympa, fonctionnelle. Elle a été agencée par un professionnel. Je dirais que c'est le noyau de la maison. Même si elle n'est pas géographiquement au centre de la maison, je pense qu'elle est au centre de la vie de famille. L'ouverture sur la salle à manger est très importante, cela permet de tout voir depuis la cuisine. Ainsi, la cuisine est en lien avec toutes les pièces du rez-de-chaussée. [...]
[...] On remarque alors un décalage entre le besoin et le désir. En tant que personne, elle aime se retrouver seule dans cet espace, où personne ne la dérange, (il n'y a pas de vis-à-vis par rapport à ses voisins et son fils cadet préfère rester dans sa chambre ou dans le salon) afin de vaquer à ses occupations : compositions florales, faire ses comptes, recevoir des amies La cuisine est en quelque sorte son espace à elle. Elle n'y est pas par obligation mais réellement par choix. [...]
[...] Mais la cuisine n'est pas seulement utilisée pour cuisiner. La femme que j'étudie nous parle de ses usages dans cette pièce : Je fais beaucoup de choses différentes dans ma cuisine, hormis la préparation des repas : nous y mangeons la plupart du temps, je prends le café avec mes amies, j'y fais mes comptes, mes compositions florales, j'aide mon fils de 13 ans à faire ses devoirs. Pour ce qui est de manger, de prendre le café avec mes amies, ou recevoir une voisine, la cuisine a un côté sympa que n'offre pas le salon. [...]
[...] Ce n'est pas du tout négatif, au contraire, c'est plutôt un plaisir ! Il est évident que la semaine le temps me manque pour cuisiner vraiment, donc c'est plutôt des repas vite faits, d'autant plus que nous ne sommes que deux à la maison, (note : elle et son fils cadet) mais le week-end, j'aime prendre le temps de mijoter de bons petits plats. Que fais-tu dans ta cuisine, hormis la cuisine ? J'y fais mes comptes, mes compositions florales, je prends le café avec mes amies, j'aide mon fils de 13 ans à faire ses devoirs. [...]
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