Ma recherche porte sur le rôle joué par les élites politiques et artistiques dans la circulation des idées et des projets esthétiques en Europe dans la première moitié du XIXe siècle, notamment à travers les échanges franco-brésiliens. L'une des pistes fondamentales de l'investigation est liée au soutien de la franc-maçonnerie française à l'indépendance du Brésil en 1822 et, par conséquent, aux modalités de recrutement des artistes et des intellectuels français avec l'objectif de former une nouvelle élite pour la Maison impériale brésilienne.
[...] Il est né en 1754 à Ponte de Lima, Portugal, et descendait de la noblesse portugaise. À l'âge de 11 ans, il est à Porto, où il apprend le français, l'anglais, l'italien, le latin et le grec. Voulant poursuivre une formation humaniste, il s'inscrit en philosophie à l'Université de Coimbra qui venait d'être reformée par le Marquis de Pombal. L'enseignement jadis basé sur la rhétorique, la poétique, l'hébreu, la grammaire latine et la langue grecque, devenait, à partir de 1772, une référence en matière de philosophie et de mathématiques. [...]
[...] J'y ai notamment, développé une comparaison des modalités de recrutement des architectes permettant de donner une explication sociologique à leurs différences stylistiques. Grandjean de Montigny s'inscrit dans un projet institutionnel, inspiré par une volonté de mimétisme de l'élite portugaise installée à Rio de Janeiro, à travers la création de l'Académie des Beaux-Arts sur le modèle de celle de Paris. En revanche, Pezerat se montre plus soucieux de répondre aux exigences privées de la nouvelle aristocratie brésilienne, en transposant la symbolique de la Cour royale française de Versailles en l'adaptant à la Cour impériale du Brésil. [...]
[...] Cette attirance aurait pu être perçue comme une influence française, mais avait des objectifs propres : d'une part, les projets de développement agricole du Brésil, et d'autre part, l'installation d'une sidérurgie, puisque l'extraction d'or dans la région de Minas Gerais était en déclin. Il réalise des voyages d'études, notamment à Hambourg. Sa carrière diplomatique commence en 1787. Il devient ministre à La Haie. En 1789, poursuit sa mission à Bristol, Oxford et Londres. Au moment de la Révolution française, il séjourne à Paris jusqu'à juillet 1790. Il assiste aux assemblées révolutionnaires et rencontre les scientifiques comme Lavoisier et Fourcroy (qui deviendront ultérieurement professeurs de José Bonifacio). [...]
[...] [Jusqu'alors la formation de José Bonifacio à Coimbra suivait le parcours obligé des membres de l'élite brésilienne, dont l'objectif était l'occupation des postes réservés aux hauts fonctionnaires, compte tenu de l'absence d'université au Brésil sous la période coloniale] A son arrivée, il retrouve une université qui venait de passer par les profondes transformations instituées par le Marquis de Pombal, et qu'avait connues Antonio Araujo une décennie auparavant: il s'agissait d'instaurer un rajeunissement dans l'État bureaucratique portugais, par l'introduction des cours de philosophie, lié à la biologie, la chimie et la physique, et des mathématiques. Ce système permettait de former des futurs fonctionnaires aux pensées scientifiques. José Bonifacio profite ainsi de ces nouvelles formations. Ces lectures de base comprenaient les œuvres de Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Descartes, ainsi que Newton. [...]
[...] Cela explique également le contexte historique de l'expression architecturale stylistique de Pezerat, qui était en grande partie inspirée de l'Ancien Régime français et non des avant-gardes révolutionnaires [question traitée à la 3è partie de l'article de la Revue Histoire de L'art]. En conclusion, il est important de souligner que la présence des deux architectes français, Grandjean de Montigny et Pezerat, au Brésil, dans la première moitié du XIXème siècle, ne doit pas être traitée uniquement comme des épisodes artistiques isolés de l'histoire de l'art. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture