L'Egypte a toujours été objet de convoitises ; sa richesse culturelle, ses terres arables prodigues en ont fait un des coeurs rayonnants de la Méditerranée et l'un de ses "greniers à blé".
Après le Nouvel Empire pharaonique, elle a suscité les velléités de tous ses voisins : tour à tour satrapie persique, royaume hellénistique sous les Ptolémée, province de l'empire romain, siège de l'Eglise copte condamnée par l'orthodoxie byzantine et finalement conquise par l'Islam en 639. Mais l'histoire des spécificités égyptiennes ne s'arrêtait pas là : plusieurs fois, l'Egypte a connu des dominations qui s'opposaient au pouvoir califal ; sous les Umayyades, l'usurpation tûlûnide dans la deuxième moitié du IX° siècle. Puis, sous les Abbassides, l'éphémère dynastie indépendante des Ikhchidites (935-969) vite détrônée par les califes fâtimides, qui régnèrent au Maghreb et en Egypte jusqu'au dernier quart du XII° siècle.
Saladin, après avoir rétrocédé l'Egypte au calife de Bagdad, fonde à la mort de ce dernier la dynastie Ayyubide, détrônée en 1250 par celle des Mamâlik (sg. mamlûk), des esclaves turcs employés comme guerriers à la garde des sultans ayyubides.
[...] Exemple de waqf de Muḥammad b. Qalawûn. Un élément appuyant cette idée est en effet la constitution en waqf, c'est-à-dire en bien public perpétuel, de la moitié de la ville antique d'Antioche, achetée en 1359, au profit de sa madrasa du Caire. La ville avait été prise par les armées de Baybars, le premier souverain mamlûk, et le geste de Ḥasan peut aussi, outre l'intention de marquer la continuité, s'interpréter comme une façon de se réapproprier personnellement l'espace sur lequel il est censé régner, en en faisant don à sa propre fondation. [...]
[...] Terre d'enjeux de pouvoirs, mais aussi d'influences multiples et de syncrétismes, carrefour de civilisations diverses tout au long de la période paléochrétienne et du Moyen Age, l'Egypte a produit des architectures à la fois extrêmement variées et puisant leur inspiration aux quatre coins de l'Ancien Monde. C'est au terme de cette histoire mouvementée qu'arrivent au pouvoir les Mamâlik Bahrites (du nom arabe du Nil ,اﻟﺒﺤﺮalbaḥr aux rives duquel se trouvaient leurs campements militaires). Ses sultans les plus connus sont al-Manṣûr Qalâwûn et son fils al-Naṣîr Muḥammad, père du sultan al-Naṣîr Ḥasan, au règne controversé. [...]
[...] Le prédécesseur de son premier règne, en effet, al-Mużaffar Ṣayf al-Dîn, avait dilapidé le trésor du sultanat sans se soucier de la famine au-dehors. Sans avoir d'indications sur les potentielles largesses de Ḥasan, nous pouvons imaginer qu'il était tout à fait dans son intérêt de s'assurer le soutien du peuple face aux émirs. Williams la rejoint d'ailleurs en écrivant : “Presumably the decision to permit a plurality of jamics was arrived at by consideration of maṣlaḥa, the general interest of the Muslim community” trouve un vestibule appelé durqaca, de plan cruciforme qui n'est pas sans rappeler la cour à quatre iwâns au coeur du complexe. [...]
[...] Habal (mort en 855) est considéré comme l'école traditionaliste par excellence. Il continue d'influencer des courants théologiques cette fois tels que le wahhabisme (volonté de ramener l'islam à une "pureté" originelle, refus de coutumes comme le culte des saints) ou le salafisme (même volonté "fondamentaliste", fondée sur un retour à l'islam des salaf, c'est-à-dire Muhammad et ses compagnons, notamment les ḫulâfâ' al-râšidûn). Elle est majoritaire dans la péninsule arabique. Les quatre écoles juridiques sont considérées comme appartenant aux écoles ašcarite ou maturidite, majoritaires en islam à plus de 90%. [...]
[...] C'est effectivement la plus grande madrasa du Moyen Age : 150 par 68 mètres de côté. plus grand jamais construit en Egypte, comme chaque élément du complexe. Il mesure 21 mètres de côté pour un plan carré sous coupole de 30 mètres de haut, un type de plan que l'Egypte connaît depuis les Fâtimides (notamment utilisé pour le mausolée de l'imam ayyubide al-Šâficî à Fustat [à gauche], construit en 1211). Le fait même de construire un mausolée monumental aurait été impensable aux débuts de l'islam et chez les fondamentalistes de tous temps, mais la pratique des mausolées existait au Caire pour les saints chiites et était traditionnelle depuis le XII° siècle. [...]
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