L'architecture militaire à l'époque moderne est en constante évolution, pour contrer les différentes révolutions techniques aux mains des assaillants. En 1645, Michel le Tellier, alors ministre de la guerre de Louis XIV, crée la fonction d'Intendant des fortifications. L'importance des places fortes créant une frontière fixe, dans des guerres marquées par la grande mobilité des armées en présence, est mise en valeur par la création du Commissaire général des fortifications dont le 1er détenteur est Louis Nicolas de Clerville.
Obtenant son brevet d'ingénieur ordinaire en 1655 et placé sous les ordres de Clerville, un « génie de la guerre » va venir marquer de son empreinte l'art des fortifications et de la défense des places.
Sébastien le Prestre, seigneur de Vauban, né dans un milieu modeste, a vécu une ascension militaire rapide. Engagé dès ses 18 ans comme Cadet dans les forces armées du Grand Condé, il manifeste immédiatement un sens de la tactique militaire aiguisé, et ce notamment, appliqué à la prise des places fortes. Fait prisonnier en 1653, lors de la débandade des armées du Grand Condé, ses aptitudes ne passent pas inaperçues.
Au-delà de son ascension dans la hiérarchie militaire, Vauban va être de plus en plus fréquemment demandé dans la prise et la défense des places fortes, notamment en 1768 choisit pour la défense de Lille au détriment de Clerville. Lieutenant général des Armées du Roi en 1688 et maréchal de France en 1703, la légende Vauban va s'enraciner profondément dans les esprits. En des temps, où l'art de faire la guerre est en constante évolution, le génie de Vauban donne toute sa consistance à cette légende.
Dans son traité, De l'attaque des places, en 1705, il expose les différentes codifications qu'il a apportées à la poliorcétique tant dans les tactiques d'attaques, que dans les armements utilisés. Mais s'il n'a pas rédigé lui-même de traité sur la défense des places, c'est bien dans ce domaine en particulier, que sa postérité l'élève au rang de maître.
Notre approche de l'architecture militaire de l'époque moderne se focalisera donc sur le rôle de Vauban dans la mise en place de cette « ceinture de pierre » protégeant le royaume entier.
[...] La place forte de Briançon Briançon, au contraire de Mont-Dauphin, est une ville déjà constituée, dont l'origine remonte à la plus haute antiquité. Mont-Dauphin a vu le jour, suite à l'incursion du Duc de Savoie Victor-Amédée II en 1692, la frontière naturelle n'étant plus suffisante, la place forte crée une nouvelle frontière. En 1714, avec la fin de la guerre de succession d'Espagne, la nouvelle frontière entre le Dauphiné et la Savoie passe par le col du Montgenèvre, et donc c'est Briançon qui va concentrer tous les intérêts défensifs. [...]
[...] Vauban est donc son strict successeur. Pour lui, il faut adapter la fortification au relief du terrain. Trois systèmes de fortification? Vauban applique ces procédés de fortification, dans son "pré carré", une frontière facile à défendre. Il préconise alors d'organiser cette frontière artificielle sur deux lignes de treize places fortes. Cette double ligne de défense face aux voies naturelles d'invasion va préserver ainsi le territoire français du fléau de la guerre jusqu'à la chute de l'Empire. Comme on a pu le constater, Vauban part du front bastionné classique à deux bastions et demi-lune codifiée par Blaise de Pagan pour les terrains plats. [...]
[...] Il est ainsi important de rappeler que, si Vauban contrôle, contresigne et arrête tous les projets de fortification du royaume de 1678 à 1706, il est aidé dans sa tâche par 'autres ingénieurs à la fois collaborateurs et, pour certains, "élèves du maître". Vauban disposait ainsi d'une équipe de près de 280 ingénieurs répartis dans tout le royaume. Sur le projet de Mont-Dauphin ont collaboré Ferry, Richerand, Robert, Paillardel de Villeneuse, La Boissière et Tardif. Le projet Vauban au-delà des fortifications Lorsque l'on parle de place forte militaire, on doit également prendre en compte ce qui se trouve au-delà de cette défense en profondeur constituée de bastions et de demi-lunes. [...]
[...] Le plus important qui ressort de Vauban est bien son adaptation des systèmes de place forte à chaque terrain et milieu concerné. L'exemple de Mont-Dauphin, et celui de Briançon démontre cet aspect, en illustrant l'importance de la morphologie montagnarde des Hautes- Alpes et le rôle géopolitique principal que ces places occupent. En outre, tout était pensé pour faciliter, non seulement la défense de la place, mais également la vie quotidienne des militaires en leur offrant quasiment une ville nouvelle. Le génie de Vauban, et de toute son équipe est récompensé par un aspect assez simple: la France resta inviolée durant tout le règne de Louis XIV (exception faite de la citadelle de Lille), jusqu' à la fin du 18e siècle! [...]
[...] Il planifie la construction de contreforts. C'est ainsi que Briançon acquiert une demi-lune, et de nouveaux fossés. De plus, le front d'attaque est terrassé pour empêcher les attaquants de disposer de refuges, le glacis est rectifié, les vieilles murailles sont réparées, et pour les besoins des garnisons, de nouvelles casernes et de nouvelles citernes sont aménagées. Le second projet de 1697 pour Vauban est l'occasion d'agrandir la ville, il propose donc la construction de nouveaux fronts de défense. Mais les hauteurs restant désertes d'ouvrages défensifs le projet ne se réalise pas. [...]
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