Lefebvre disait écrire pour « convaincre et vaincre », m'a-t-il conduit à penser la ville non pas comme un espace que l'on aménage, mais comme un lieu dont on dispose pour l'exercice de la démocratie ? Lefebvre a travaillé des années 40 ou années 70 sur la sociologie rurale puis urbaine, il a commencé par penser la relation historique de l'urbain et du rural.
Dans "La production de l'espace", il effectue une étude de l'histoire des configurations spatiales, il analyse la manière par laquelle l'espace urbain est un facteur crucial et déterminant des événements, pour lui cet espace est re-déterminé, requalifié, réutilisé dans les luttes. Cette question est notamment évoquée dans deux ouvrages, l'un sur mai 68, l'autre sur la Commune de Paris. Lefebvre est particulièrement attaché aux relations centres-périphéries, pour lui ceux qui sont à la marge cherchent à reconquérir le centre.
L'auteur marxiste crée une analogie entre l'analyse spatiale et l'analyse de la confrontation des classes. « C'est à l'humble niveau du ‘'quotidien'' que se posent avec force et se résolvent, souvent avec violence, les ‘'grands'' problèmes. » Par ce lien corollaire entre ville et politique, la ville devient un espace politique, censé faciliter l'expression de volontés collectives (espace à la fois de solidarité et de conflits).
[...] Si des provinciaux disent à Paris, les gens ne connaissent même pas leurs voisins on se rend vite compte dans la pratique qu'il s'agit d'une question de volonté : à Paris lorsque l'on prend la peine de saluer ces voisins, comme ailleurs, on finit par les connaître. Je ne pense pas que les citadins sont lésés dans leur droit de s'investir dans la ville, je pense que majoritairement ils n'en profitent pas car ils n'en perçoivent ni l'intérêt ni la nécessité. [...]
[...] Pensez-vous comme Henri Lefebvre que les citadins ont droit de s'approprier et transformer la ville selon leurs besoins et leurs désirs ? Lefebvre disait écrire pour convaincre et vaincre m'a-t-il conduit à penser la ville non pas comme un espace que l'on aménage, mais comme un lieu dont on dispose pour l'exercice de la démocratie ? Lefebvre a travaillé des années 40 ou années 70 sur la sociologie rurale puis urbaine, il a commencé par penser la relation historique de l'urbain et du rural. [...]
[...] Cependant en luttant avec sa force et ces moyens, un bricoleur peut aménager son espace, l'améliorer, cette intervention sur le lieu d'habitation relève de l'acte volontaire, de la détermination à s'imposer comme habitant, occupant et donc modeleur de son habitat. Lorsque l'on passe à l'échelle urbaine la question se complexifie, il est alors question de l'investigation, d'abord par l'occupation le droit d'y être de l'espace commun, public. Je considère que le squatte de cages d'escaliers par des groupes de jeunes constitue un acte d'appropriation. Il est ensuite question de la modification, la transformation, un lieu à usage de passage peut alors être transformé en lieu de détente et d'attente. [...]
[...] Je pense que le propos de Lefebvre est plus fin. Les concepts de résidentialisation et de gentrification sont, je pense, aujourd'hui révélateurs des luttes contemporaines autour de l'espace urbain. Il s'agit pour le premier de marquer son territoire, de revendiquer sa légitimité de propriété en marquant des limites. La gentrification est plus proche des concepts de lutte : les classes bourgeoises installées dans les banlieues verdoyantes regagnent la ville, assainie, embellie, aux activités attractives, ce sont elles qui reconquièrent le centre au moyen de leur pouvoir financier. [...]
[...] Dans l'analogie entre espace et politique, je pense comme Lefebvre que les citadins doivent avoir leur place car ils sont les acteurs de leur quotidien et donc de leur devenir, mais je ne pense pas que l'on puisse prendre la ville dans son acceptation première comme un espace appropriable et transformable. Je considère qu'elle peut être investie et modelée par ces usagers dans le cadre de processus lents, expression de consensus. Personnellement, je pense que si chacun à l'opportunité de s'exprimer dans l'espace public, il ne le fera pas forcément pour le bien collectif. [...]
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