« Qu'un grand commis de l'Etat laisse son nom à un système lorsqu'il a contribué à le mettre en place, commente l'historien et urbaniste François Loyer, est chose courante : en ce sens l'haussmannisme n'échappe pas à la tradition ». Mais dans le cas d'Haussmann, il est remarquable que l'œuvre d'art – Paris – s'identifie aussi solidement à son créateur. En toute logique, « la Transformation de Paris » sous le Second Empire aurait dû être rapportée à son concepteur, Napoléon III, l'homme qui l'avait voulue, orientée et orchestrée personnellement. Ainsi, qu'Haussmann se voit attribuer, la paternité d'une entreprise dont il n'avait cependant été qu'un intermédiaire se révèle tout particulièrement éclairant.
L'haussmannisme est plus qu'un programme, en ce sens qu'il était plus qu'un immense chantier ; une véritable construction de l'esprit, une doctrine cohérente. Si la modernisation de Paris est réalisée sous couvert d'une politique d'embellissement, la transformation de la ville vise à son instrumentalisation : il veut en faire l'outil d'une société industrielle dont les valeurs ne sont ni morales, ni esthétiques – mais financières. Plus encore, ce qui frappe dans le pari haussmannien c'est l'incroyable choc entre un projet aux moyens gigantesques et la forme physique de la ville ; la collision et la violence d'un plan qui fait plus que bouleverser Paris, mais va jusqu'à lui donner une autre forme, à rendre le tissu urbain méconnaissable.
Nous verrons dans une première partie qu'étudier une œuvre aussi considérable que celle réalisée par le baron Haussmann de 1852 à 1870 exige une approche du personnage et de son projet. Personnalité complexe, Haussmann n'accède pas par hasard au poste qui le rendra célèbre. Dans un second temps, nous nous attarderons sur l'œuvre haussmannienne à proprement dite, le chantier gigantesque qu'il nommait lui même « la Transformation de Paris ». Nous nous intéresserons aux différents motifs qui ont dirigé les travaux de la capitale et aux nombreuses critiques auxquelles Haussmann dût faire face dix-sept ans durant. Enfin, nous avons jugé intéressant de nous pencher sur la postérité de l'œuvre haussmannienne. Longtemps décriée, la Transformation de Paris est aujourd'hui reconnue comme un modèle d'urbanisme.
[...] Haussmann aujourd'hui Unes des marques les plus évidentes de l'influence du Second Empire sur l'histoire urbaine de Paris est que tous les courants architecturaux et urbanistiques postérieurs seront forcés de s'y référer, soit pour s'y adapter, soit pour le rejeter, soit encore pour tenter d'en reprendre certains éléments. On peut dater la fin de l'haussmannisme pur aux règlements de 1882 et 1884, qui rompent avec l'uniformité de la rue classique en permettant les saillies et les premières fantaisies au niveau du toit, qui se développeront considérablement après le règlement de 1902. Toutefois il ne s'agit encore que d'un post-haussmannisme qui ne rejette que l'austérité du modèle napoléonien sans remettre en cause l'agencement général des rues et des îlots. [...]
[...] En outre, certains accusent - à tort - Haussmann d'enrichissement personnel, les travaux ayant permis un vaste jeu financier et des spéculations. Jules Ferry qui n'est alors qu'un jeune avocat publie ainsi en 1867 un pamphlet intitulé Les Comptes fantastiques d'Haussmann, par allusion aux Contes fantastiques d'Hoffmann, où il dénonce une gestion des finances qu'il juge incertaine. Appelant les membres de la Commission du corps législatif à sauver le peuple de Paris de la catastrophe à laquelle on (les) conduit tête baissée Jules Ferry dénonce Haussmann qui régente, impose, endette, triture depuis 15 ans sans mesure et sans contrôle Un des chapitres s'intitule même Grands traveaux et grandes bévues témoignant bien de ce refus des transformations considérables de Paris effectuées par Haussmann. [...]
[...] Moderne, la ville l'est résolument et peut s'estimer redevable des deux hommes qui ont précipité sa mue. Car si Haussmann a pu mener à bien son gigantesque projet, c'est bien parce l'empereur, comprenant que le temps était venu pour Paris de se transformer, l'a soutenu dix-sept années durant, dix-sept années qui semblent si courtes au regard de la tâche accomplie. L'œuvre novatrice d'Haussmann a inspiré la transformation du réseau urbain français et exercé une influence considérable non seulement en Europe (Vienne, Berlin, Rome, Anvers . [...]
[...] Haussmann Préfet de la Seine : l'ère haussmanienne et la transformation de Paris en véritable métropole mondiale On peut, en moins de 10 ans, faire de Paris la merveille du monde. ( ) Fasse le ciel qu'il se trouve quelque homme d'assez zelé pour entreprendre de tels projets. Voltaire (1749) Alors qu'au milieu du XIXe siècle, Paris se présente encore à quelques variations près sous le même aspect qu'au Moyen Âge, Napoléon III a l'ambition de transformer la ville en une capitale aussi prestigieuse que son pouvoir. [...]
[...] Haussmann est alors conseiller de préfecture de Gironde. S'il a d'abord servi Louis-Philippe, les dernières années du règne voient Haussmann adopter une sensibilité de plus en plus bonapartiste.La rencontre a lieu à L'Elysée, mais c'est plus avec un Prince qu'un Président que le Sous-Préfet va converser. Ils ont de nombreux points communs : ils appartiennent tous deux à la même génération (un an les sépare) et éprouvent le même dégoût pour les désordres publics. Ils sont tous deux filleuls du Prince-Eugène. [...]
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