Le musée d'Orsay est aujourd'hui un des piliers de notre patrimoine culturel. Il paraît incroyable que la sauvegarde de ce monument ait été mise en question, et qu'il ait bien faillit disparaître. Cependant, la gare d'Orsay, inaugurée en tant que musée le 1er décembre 1986 par le Président de la République François Mitterrand, a connu des épreuves qui ont très sérieusement compromis son avenir.
Il ne s'agit pourtant pas de destructions liées aux guerres, contrairement à ce qu'a connu le Palais d'Orsay, édifié entre 1810 et 1838 par Jean-Charles Bonnard, puis par Jacques Lacornée, et qui fut remplacé par la nouvelle gare, achevée en 1900. En effet, il avait été incendié pendant la Commune de 1871, et ses murs calcinés témoignaient des horreurs de la guerre civile. Dans le cas du second bâtiment construit, il s'agit plutôt d'évolutions sociales et politiques, qui l'ont rendu peu à peu désuet et hors de propos. Avec l'accroissement de la population, et par là même, de la circulation parisienne, la gare a vu ses structures dépassées et sa fonctionnalité remise en question par le métro et le RER. De plus, l'engouement, dès les années soixante pour les constructions massives et sinistres de type soviétique, a remis en question la valeur architecturale du lieu, méprisé par les grands noms de l'époque tels que Le Corbusier.
Il est intéressant de comprendre quels ont été les éléments qui ont décidé du sort de ce bâtiment hors norme, tant par sa monumentalité que par sa situation géographique, en plein cœur de Paris, en face du Louvre et du jardin des Tuileries, et quels ont été les choix politiques et les réactions sociales qui ont conduit au revirement ayant permis la sauvegarde puis la reconversion de la gare en musée.
Ainsi, cette étude, revenant sur les trois étapes ayant immortalisé le Musée d'Orsay, permettra d'illustrer par un exemple précis les nombreuses et incessantes passerelles qui relient le patrimoine, la culture, la politique et le social.
[...] C'est ainsi qu'en 1975, la Direction des Musées de France commande une première étude du programme architectural, et qu'en mars 1978, un décret institue un établissement public chargé d'aménager, d'organiser et de mettre en état de fonctionnement, dans l'ancienne gare d'Orsay à Paris, un musée présentant la production artistique de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières années du XXe siècle En juillet 1978, le gouvernement obtient du Parlement le vote de la loi-programme sur les musées, comportant les moyens financiers nécessaires à la réalisation du musée d'Orsay. Ce phénomène socioculturel imprévu, révélant les passerelles entre politique et architecture ainsi qu'entre société et architecture, permet donc, in extremis, d'immortaliser la gare d'Orsay. En effet, après avoir été oubliée et méprisée pendant des années, elle se voit remise au centre des préoccupations politiques et culturelles, puisque trois présidents de la République vont successivement et très personnellement œuvrer pour la reconvertir en musée. Pareille lutte pour la sauvegarde d'une garde ancienne : du jamais vu dans aucun pays ! [...]
[...] Orsay, entre gare et musée : parcours d'un bâtiment hors-norme Sommaire Introduction I. La gare A. Le contexte B. Le concours C. Les caractéristiques du bâtiment II. La déchéance A. Les difficultés d'adaptation B. Les vicissitudes C. [...]
[...] Projet Gillet-Coulon pour la construction d'un hôtel à l'emplacement de la gare Musée d'Orsay - Fonds Urphot - DR Vue intérieure de la gare d'Orsay Musée d'Orsay - Fonds Urphot - droits réservés La gare d'Orsay en cours de construction Musée d'Orsay - Fonds Urphot - droits réservés Musée d'Orsay vu depuis la rive droite de la Seine Musée d'Orsay Le Grand Hall, de la gare au musée. [...]
[...] Les contraintes liées au site - élégance du quartier, voisinage des palais du Louvre et de la Légion d'Honneur imposent aux concurrents un défi : intégrer la gare dans son élégant cadre urbain. Victor Laloux, qui vient alors d'achever l'Hôtel de Ville de Tours, est le lauréat du concours en 1898, grâce à l'aspect décoratif de son projet, qui répond aux craintes de ses contemporains, de voir s'imposer au milieu de ce quartier aristocratique une gare imposante et peu élégante. [...]
[...] Le projet Act a donc deux objectifs : la conservation de la gare et la création d'un musée à l'intérieur. Concernant la préservation de l'architecture de Laloux, les priorités sont données à la façade et aux toitures, ainsi qu'à la grande voûte et aux salons de l'hôtel. Pour ce faire, la restauration est menée avec grand soin tout en y apportant le savoir-faire technique du XXe siècle. Les armatures métalliques sont alors décapées et traitées avec cette rigueur, et de nouveaux caissons de staff, moulés sur les anciens, permettent l'intégration de résonateurs acoustiques invisibles. [...]
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