L'image de la ville telle que nous la concevons en occident remonte à l'Antiquité. Plus tard, à la Renaissance, les humanistes s'attachèrent à penser et à dessiner la ville idéale. Mais seuls quelques fragments de cette conception globale ont survécu. En France, aux XVIIème et XVIIIème siècles, l'architecture s'est focalisée sur des projets d'ensembles urbains monumentaux. Les villes sont tracées, rationnelles ; leurs espaces sont dessinés, configurés et vite « fonctionnalisés »…
Des siècles plus tard, la réflexion sur la ville a donné naissance à une nouvelle discipline : l'urbanisme, devenu de nos jours un domaine intermédiaire entre la planification et la construction. La conception d'espaces publics (places, rues et jardins) comme lieux de rencontres traduit la volonté de l'homme de construire pour améliorer la qualité d'un cadre de vie à la mesure de la collectivité.
Aujourd'hui, les villes pourraient entrer dans trois catégories :
-La ville verticale, symbolisée par New-York, faite de gratte-ciel et de tours, d'objets qui rivalisent, s'affrontent et s'élancent d'un même élan vers le ciel. Elle assure des investissements énormes que seules des entreprises multinationales peuvent assurer.
-La ville horizontale se caractérise par une absence de centre, et engendre, par conséquent, des répercutions néfastes sur la population. Complètement dispersée, elle est menacée de ségrégation, de cloisonnement et d'ennui.
-Entre ces deux formes extrêmes se trouve la ville méditerranéenne qui conserve aujourd'hui encore une étonnante modernité. Lieu de rencontres, théâtre urbain, marché, centre d'informations ou centre culturel et financier, elle associe les groupes humains aux activités autour d'un centre vivant. Pourtant, ce modèle doit sans cesse être adapté. Un projet urbain est différent s'il se situe dans le contexte d'un pays industrialisé ou en voie de développement. Cette adaptation ne doit toutefois pas tomber dans une rationalisation excessive : L'urbanisme ne doit pas se réduire à un projet d'ingénieurs.
Pour palier cela, un architecte catalan, Ricardo Bofill ainsi que son équipe établissent d'abord un diagnostic où ils analysent la ville en termes démographiques, sociologiques et économiques. Ce n'est qu'à partir de ce travail préalable que peut naître le projet.
Pour comprendre les enjeux de la monumentalité en ville, nous étudierons un vaste et ambitieux projet urbain, le quartier Antigone réalisé à Montpellier par Ricardo Bofill. Nous verrons pourquoi, dans ce projet, la monumentalité se traduit par un retour des formes antiques et quelles valeurs le style classique ancre dans l'inconscient collectif par rapport à l'architecture contemporaine.
Nous étudierons d'abord le parcours de l'architecte, sa démarche, ses références et ce qui façonne son attirance pour le classicisme ; puis nous analyserons le projet Antigone, l'origine de sa commande, son architecture résolument formelle et les symboles qu'elle transmet.
[...] Collé au mur aveugle du Polygone, l'édifice se lit comme un bâtiment- escaliers Un escalier monumental remonte le long de la façade jusqu'à une terrasse qui jouxte la place de la Comédie. Le bâtiment est distribué en forme de U ; sa façade est ordonnancée horizontalement, avec trois ordres qui se superposent tous les deux niveaux : de la façade simple à la façade aux pilastres en passant par la succession d'axes. Cette configuration autorise différentes lectures à partir du même vocabulaire. Les ailes sont occupées par des bureaux, le centre a une vocation plus commerciale. Le tout est traité en béton architectonique clair. [...]
[...] -Dans une première étape, l'équipe récupère les éléments artisanaux caractéristiques de l'architecture catalane traditionnelle. Par la suite, avec la réalisation du Barrio Gaudi le Taller de Arquitectura élabore une nouvelle combinatoire de groupements de logements. -En se confrontant à d'autres projets de plus grande envergure, l'équipe conçoit une méthodologie de travail basée sur la formation géométrique d'éléments spatiaux, développée au niveau théorique avec le projet La Cité dans l'Espace et concrétisée par la réalisation de Walden 7 1963-1974 : Confrontation à la réalité urbanistique, culturelle et politique française. [...]
[...] L'idée du tracé de colonnades remonte, pour le Taller, au projet réalisé pour la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, près de Paris. Mais il a fallu, bien entendu, l'adapter à la lumière méditerranéenne. Au centre de la colonnade, un jardin, dessiné en relation avec les principes harmoniques du bâtiment, est traversé par un escalier qui descend doucement vers la rivière. Aménagée en plan d'eau, celle-ci porte, à cet endroit, la marque clairement affirmée, par un jet d'eau central, de l'axe du projet. [...]
[...] Cet axe piétonnier destiné à unir le centre et la rivière est une caractéristique d'Antigone : sa perspective permet aux passants de voir les extrémités de l'ensemble architectural. Le projet illustre bien la relation profonde que doivent entretenir urbanisme et architecture : chaque espace doit être à la fois une unité avec son identité propre à l'échelle de la collectivité et un morceau du tout, une parcelle de ville. Antigone est un projet architectural ambitieux qui contraste totalement avec la vieille ville. [...]
[...] A la fois passionné d'histoire, d'urbanisme et d'architecture, Georges Frêche a voulu faire de sa ville un pôle attractif avec un cadre de vie de haute qualité. L'objectif a été atteint : Montpellier est passé du 25e au 8e rang national en terme d'attraction démographique sous son mandat. Parmi les grands projets réalisés, on compte la piétonnisation du centre-ville, la création de la première ligne de tram et la revalorisation de quartiers comme ceux d'Antigone et de Richter. Ses réalisations, bien que coûteuses, ressortent comme très positives pour le développement urbain. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture