Suite à notre projet qui consiste à investir l'axe du Général de Gaulle à la Défense et de le transformer pendant une journée en marché, la notion d'espace(s) public(s) s'est posée comme une problématique essentielle dans notre réflexion. L'espace public comme centre civique ou cœur de ville, reste un thème d'actualité et un enjeu fondamental pour la ville.
[...] Et pourtant, nombreux sont les architectes qui prouvent que des solutions existent: il est possible de mixer les échelles de la ville, de fabriquer dans les bâtiments des espaces publics ou de redonner des usages spécifiques à la rue. On crée des bibliothèques en pleine rue en Allemagne et ainsi on réapprivoise l'espace public. En effet, il faut garder à l'esprit que le traitement des lieux publics a beaucoup évolué depuis 20 ans: nouveaux matériaux, recherche esthétique, l'écoute des habitants, prise en compte de la perception des usagers. La manière dont est vécu l'espace public compte désormais autant que son aménagement. [...]
[...] Avec l'évolution des technologies, l'apparition d'internet et de nouveaux lieux de sociabilité abstraits ou privés, nos espaces publics urbains et physiques sont reniés ou du moins on souhaite les fréquenter en tout anonymat, de manière presque privée. L'espace public ne relève presque plus d'une articulation d'ordre physique. Et paradoxalement, on a jamais eu autant besoin de places, de parcs, d'espaces urbains originaux et spontanés qui incarnent une cohésion sociale forte. De plus, architectes et urbanistes n'ont jamais autant valorisé et investissent l'espace public. L'espace public et les espaces publics sont un véritable paradoxe. [...]
[...] D'autre part, c'est seulement depuis peu que l'on assiste à un renouvellement et à un rafraichissement de nos espaces publics. Trop longtemps organisée par nos soucis de déplacement, la ville avait déployé une conception fonctionnaliste des espaces publics oubliant avant tout que ce sont des lieux de vie. Privé de sens, vécu comme coupure, l'espace public a été perçu comme un vide entre les pleins du bâti, et on avait tendance à le remplir, le combler, et le répéter ici et là, sans vraiment de réflexion globale. [...]
[...] Les espaces publics urbains sont zonés et surprogrammés. On a tendance à assigner des aires précises à des activités précises en oubliant certains usages essentiels: flâner, regarder, déambuler sans but prédéterminé. En programmant l'espace, on segmente des publics en leur attribuant des territoires distincts. On est de plus en plus incapable de créer des lieux agréables autant que de beaux bâtiments. La demande de recomposition des lieux urbains est pourtant immense: on le constate par l'affluence qu'attirent les seuls espaces urbains de qualité. [...]
[...] L'émergence du terme espaces publics autour des années 1980 correspond donc à une période où la ville et la pensée sur la ville sont en crise, au moment du constat des effets négatifs des logiques fonctionnalistes et rationnelles: planification à grande échelle, isolement des banlieues, étalement chaotique des périphéries urbaines. Déjà dans les années 1940-1950, au Congrès international d'Architecture moderne, l'existence du concept de centre civique fait débat. José Luis Sert constatait une crise et un déclin de ces centres civiques: "la dispersion urbaine provoquée par les moyens de transport modernes tend à supprimer les lieux de rencontre à l'échelle de l'homme. Quant aux maisons des périphéries avec radio et télévision, bien qu'elles offrent des commodités jusqu'alors inconnues, elles tendent à séparer les gens plutôt qu'a les réunir". [...]
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