La maison du peuple se situe à Clichy et a été construite sur le terrain d'un ancien marché entre 1937 et 1939 à l'initiative du maire de Clichy, Charles Auffray. Ses architectes sont Eugène Beaudouin et Marcel Lods qui ont effectué ce programme architectural en collaboration avec le constructeur Jean Prouvé et l'ingénieur Vladimir Bodiansky.
Considérée à l'époque comme une architecture avant-gardiste, on peut dire que ce bâtiment se situe dans un mouvement moderne de l'architecture française d'avant la Seconde Guerre mondiale. En effet, il expérimente des techniques de construction totalement novatrices qui montrent l'intérêt croissant pour les constructions en préfabriqué et industrialisées permettant la polyvalence des espaces.
Le bâtiment avait une vocation sociale et devait accueillir un marché au rez-de-chaussée, une salle des fêtes et de cinéma à l'étage et aussi des locaux pour des associations. Tout cela fonctionnait grâce à un roulement des activités et grâce à un plancher amovible et des toitures escamotables.
La maison du peuple est souvent considérée comme l'œuvre la plus importante jamais réalisée par Prouvé.
[...] Le comble était composé de 2 travées mobiles pour aérer rapidement la totalité du volume et faire des projections de cinéma en plein air les soirs d'été. Les bureaux quant à eux étaient localisés de part et d'autre sur des galeries, dans la partie arrière du bâtiment. Ils avaient un fonctionnement plus classique et lors des spectacles pouvaient servir de loges aux artistes. Ce bâtiment peut donc être qualifié de fonctionnaliste, car il trouve une utilité multiple qui s'étend à diverses activités, où autrement dit une polyvalence totale. [...]
[...] Le loisir est mis en avant comme une récompense au labeur (Léo Lagrange, sous-secrétaire d'État à la jeunesse et aux loisirs). La cinémathèque française est créée en septembre. L'association entre les ingénieurs, les architectes et les industriels apparaît assez nouvelle, on peut aller jusqu'à dire qu'ils sont les pionniers de cette nouvelle démarche vis-à-vis de l'architecture. En Effet, Bodiansky appartient à cette génération récente d'ingénieurs qui collaborent avec les architectes pour créer des éléments légers et rigides. De même, Jean Prouvé apporte une vision industrielle avec de nouveaux matériaux et le concept de mur-rideau, qu'il avait imaginé dès 1934. [...]
[...] En ce sens, la maison du peuple est située dans une artère essentielle de la ville où chaque habitant de Clichy est susceptible de passer. L'espace autour du bâtiment est suffisamment calculé pour que l'on circule autour de celui-ci et il y a même un parvis derrière. En outre, l'architecture de métal entre en contraste avec les bâtiments des alentours de qui met en évidence la maison du peuple. Le succès semble avoir été total après l'inauguration. Le bâtiment est composé deux étages séparés par un plancher mobile. [...]
[...] La seconde phase devait s'attacher à la restitution de la façade du rez-de-chaussée. Depuis 2000, la restauration devait concerner l'intérieur, or elles sont restées en attente. Cette restauration se place dans un débat très actuel au sujet de la préservation du patrimoine moderne en rapport avec la diversité technique, la fragilité des matériaux contemporains et surtout du manque de reconnaissance de ce patrimoine par le grand public. Aujourd'hui elle a perdu ses atouts et sa flexibilité : le plancher coulissant central a été recouvert de béton et l'espace du marché est ponctué de poteau qui supporte la charge de la nouvelle dalle fixe ce qui constitue un manque dans sa valeur unique. [...]
[...] Mais, en France c'est le béton armé qui deviendra plus courant. On voit tout de même que c'est la première fois qu'un édifice montre les possibilités d'une construction totale en métal. On entre dans une nouvelle conception de l'architecture qui est en mouvement et en véritable rupture avec le monumental, l'immobile, le hors temps de toute l'histoire de l'architecture. Cette démarche novatrice, qui sera reprise dans d'autres constructions, marque une volonté d'inachèvement infini et permanent qui apporte au bâtiment une vie, il peut être transformé selon les désirs et les usages que chacun peut en faire. [...]
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